The Quatermass Conclusion TV (1979) – Piers Haggard

[bluesoul]

Dans un vingtieme siècle en pleine deliquescence morale et sociale, ou domine la violence urbaine, un Quatermass “retraite” se lance a la recherche de sa petite-fille, alors que d’inquietants (et menacants) phenomenes spatiaux se manifestent en peripherie de la terre, et que sur terre des groupes de jeunes entiers disparaissent lors d’etranges ceremonies…

“Noir c’est noir!”; jamais ces mots n’auront ete aussi vrai dans l’univers de Bernard Quatermass. Chaos social, violences urbaines, meurtres, folie religieuse, decadence generale, le monde de Quatermass est un monde qui a vecu. Plus que dans une “impasse”, il fait face a sa propre tombe…

Quelque part, TQC (aussi appelle parfois “Quatermass IV”) se situe dans la continuite du dernier volet (Quatermass and the Pit (1967) ), qui narrait déjà une humanite a qui l’on avait arrache—justement—son “humanite”, ses certitudes, son passé, et donc son avenir.

La television des annees 70s en Grande Bretagne etait une television qui ne reculait devant pas grand chose. La television refletait plus que jamais l’epoque prise entre terrorisme (detournements d’avions, gue-guerre entre extreme-gauche ou droite, regimes “forts” en Afrique et Amerique du Sud. L’on y trouvait donc de l’action (voire de la violence) via des series tels The Professionals TV (1977) ou The Sweeney TV (1975), la science-fiction non plus n’etait pas en reste et refletait les inquietudes de l’epoque dans des series tels The Guardians TV (1971) consacree a une Grande-Bretagne fasciste (et ce, une decennie avant la bande-dessinee V for Vendetta de Gibbson / Moore), Blake’s 7 TV (1978) avait certes des relents “adulte” de la Guerre des Etoiles (1977) mais presentait un “empire” terrestre totalitaire, The Survivors TV (1975) abordait la thematique de la guerre bacteriologique avant que le concept meme de celle-ci ne soit reellement comprise du public.

TQC se situe resolument dans cet etat d’esprit et invoque les demons pour mieux les conjurer, matinant le tout d’une solide histoire de science-fiction et proposant une mise en image en avance sur de nombreux “classiques” a venir; autoroutes de la mort de Mad Max (1979), humanite sans avenir, car sans enfants de The Children of Men (2006), villes livrees au chaos urbain et social (Soylent Green (1973) ) ou depassement du carcan de la guerre froide dans l’unification contre un ennemi commun tel Meteor (1979). Et le tout, dans le cadre (limite) d’une serie TV…

Le projet fut initialise en 1973 par la BBC, mais abandonne, pour etre repris 6 annees plus tard par l’ITV concurrente. Peut-etre que le projet etait encore un peu trop en avance, voire trop difficile a concevoir visuellement ou d’un point de vue production. Quoiqu’il en soit, il est indeniable que l’on se trouve en face d’une serie marquante et ayant beneficie des meilleurs elements.

A la realisation, Piers Haggard (Blood on Satan’s Claw (1971), Venom (1981) ) gere tous ses effets sans abuser et donnant a sa serie la dimension d’un film a spectacle “consequent”.

Devant la camera Sir John Mills (War and Peace (1956), Operation Crossbow (1965), Ryan’s Daughter (1970) ) campe avec justesse un scientifique mis au rancart / ayant tourne le dos a ses institutions—mais non ses convictions, acariatre, et au final seulement rattache sa petite-fille, dernier vestige qui lui reste de sa famille decedee. A noter aussi, l’interpretation tres juste de Simon MacCorkindale (Juggernaut (1974), I, Claudius (1976), Jaws 3-D (1983) ) dans le role d’un scientifique, pendant plus optimiste (et heureux!) que Quatermass, mais qui perdra ses illusions face a la dimension personnelle et globale du desastre qui se profile.

TQC represente ainsi une serie marquante, tant dans son propos personnel que global, et visionnaire dans son imagerie.

A voir absolument, pour les limites repoussees du media et comme un superbe point final—enfin, jusqu’a la resurrection du personnage sous l’egide de la BBC en 2005—a la “carriere” d’un personnage charismatique.

The Quatermass Conclusion: 4.75 / 5

[Superwonderscope]

En pleine vision de la série TV sur le très bon blu ray UK. (je précise donc que je ne regarde pas le remontage cinéma).

Bon sang que c'est déprimant Pas vraiment de lueur d'espoir, entre une secte avalant les jeunes vers un soi-disant avoir meilleur sur une autre planète, une catastrophe spatiale et un monde en proie au chaos, avec des gangs rançonnant et tuant quiconque passe devant eux. Malgré des moyens limités, l'ensemble fonctionne plutôt bien. Ce rebouche sur des éléments antérieurs (un cercle de pierre de style Stonhenge), un peu comme le faisait Quatermass and the Pit.
Des sfx modestes, parcimonieux mais malgré tout efficaces. un bon choix de décors extérieurs qui apportent une valeur classico-science-fictionnelle curieuse.
Kneale part du principe de l'effondrement de la civilisation pur y aller de son commentaire sur la nature humaine. Déviante, fatalement, et assez peu rédemptrice au final. Des relents nihilistes et violents qui, au fond, ne sont pas si éloignés de ce que nous vivons actuellement...
Pas encore vu le dernier épisode à ce jour, mais une belle découverte.

[bluesoul]

Bon sang que c'est déprimant Pas vraiment de lueur d'espoir, entre une secte avalant les jeunes vers un soi-disant avoir meilleur sur une autre planète, une catastrophe spatiale et un monde en proie au chaos, avec des gangs rançonnant et tuant quiconque passe devant eux. Malgré des moyens limités, l'ensemble fonctionne plutôt bien....

...Des relents nihilistes et violents qui, au fond, ne sont pas si éloignés de ce que nous vivons actuellement...

Pour ma part, je reste parfois (encore de nos jours) bouchee bee devant ce que nos amis britanniques ont pu faire...

Dans le meme genre, je "recommande" Noah’s Castle TV (1980) – Colin Nutley (j'ai cree un thread dans la categorie series).

[fiend41]

un remontage cinéma ?!

vous m'avez bien donné envie. et en fait en revoyant ces 4heures, j'avais failli oublier, découvert y'a une 15aine d'années. clairement le genre de scénario dont j'apprécierais un remake modernisé avec plus de tension encore. (le début à un ton intéressant à l'urgence qu'il faut retransmettre aux survivants façon "Dawn of the dead").

dans la décadence générale, le sursaut de la scène de music-hall alien est too much. le clan et l'organisation des vieux c'est sympa aussi.

le propos est très bon mais visuellement ça fait un peu daté quand même et l'aspect TV se ressent, je trouve que ça s'enlise qq peu avec le focus sur les jeunes sectaires et la famille de Mr manimal/mc corkindale. ça m'a rappelé aussi le genre de scénar étrange jusqu'auboutiste d'un film DTV dont il faudrait que je retrouve trace (l'humanité quasi anéantie infiltrée et les derniers résistants tentent de voler des codes de missiles nucléaires pour les lancer sur leurs ennemis). y'a eu des épisodes de "the outer limits 90's" dans ce ton là aussi.