Liste des episodes:
Episode 1: They made a Tonic - Darnell Martin
Au 19eme siecle, dans une petite ville de la Nouvelle Angleterre, mis en presence de la tuberculose, les habitants essayent d’enrayer la progression de la maladie en s’assurant que les morts…sont bien morts…
Une ouverture en animation, sympathique et burtonienne dans son atmosphère, mais malheureusement complètement plombée par…la narration…
L’animation donne un cote “cheap” a l’episode (i.e. on remplace du “live” par de l’animation par soucie d’économie). La partie “live” quant a elle parait elle aussi plutôt cheap pour cause d’absence de decors et d’ampleur.
Un episode sur des croyances ancestrales et peu ragoûtantes, mais rien qui vaille la peine de se lever la nuit.
Episode 2: Echoes - Thomas J. Wright
Le docteur Water Freeman offre au monde de la deuxième moitié du XXeme siecle, monde dépasse par les maladies mentales une solution simple, rapide et économique: la lobotomie a coups de pic a glace(!)
.
Une histoire verdicte donc, mais qui met TRES mal a l’aise quant a idées “scientifiques” qui ont eu cours dans un passe…pas si lointain.
Si comme a l’instar du premier episode, se dégage un cote “cheap” au niveau de la production (i.e. decors peu nombreux, utilisation d’images d’archives, etc), les atrocités médicales sont tout bonnement hallucinantes
. Pour ceux qui trouvaient que Quincy M.E. TV (1976) passait trop a cote de son…”sujet” (enfin, rendait le travail du hero plus que “supportable” au telespectateur).
Cote “narration”, le deuxieme episode passe mieux, mais bon, on reste TRES loin d’un Rod Serling sur le meme creneau
.
Un episode sur la barbarie médicale et ses errements. Assez dur a encaisser et très bon au final.
Episode 3: Black Stockings - Thomas J. Wright
Dans l’Irlande du XIXeme siècle, un homme se convainc que son épouse a été échangée par des creatures du royaume de Fairie et est l’une des leurs; une “Changeling”.
Comme le premier episode, la série passe un peu du coq a l’ane a sauter du Syndrome de Capgras ou de Fregoli aux légendes du Changeling, mais cette fois l’interpretation est excellente et le récit tendance psychodrame passe comme une fleur. A noter aussi une excellente animation, ce qui ne gâche rien.
Le message en filigrane quant a la soumission des femmes dans une société patriarchique est amené avec brio. Excellent.
Episode 4: Passing Notes - Nick Copus
L’Amerique du Nord au XIXeme siècle. Un reverend, veuf et remarie, voit sa vie de famille mise sans dessus-dessous par des phénomènes surnaturels qu’il pense lies a la mort de sa premiere épouse. Il va essayer de contacter celle-ci au-dela de la mort et de la vie…
Un excellent episode domine par un Robert Patrick tiraille entre l’amour pour sa premier femme et ses convictions religieuses alors que le mouvement spiritualiste cherche—et propose—des solutions allant dans une direction radicalement différente…
A l’excellente interpretation vient se greffer une non moins excellente réalisation pour ce qui est le premier episode a vraiment jouer la carte du surnaturel ou paranormal.
Un episode très sobre et ambiguë dans son message, sorte de Poltergeist (1982) situe une centaine d’années plus tot. Excellent, meme si le concept de la série évente d’office la conclusion.
Episode 5: The Beast within - Darnell Martin
En l’an de grace 1589, un village allemand vit dans la peur du loup-garou.
Un episode au budget un cran plus solide (i.e. avec scenes dans un village moyennageux), mais très bien réalise et place sous le signe de la lycanthrophie, de lycanthropie clinique matinee d’hypertrichose, de Bête du Gevaudan et de serial-killers (plus ou moins “modernes”), mais avec la partie Gevaudan est “delocalisee”(!) a Bedburg en Allemagne.
Realisation et interpretation solide, le tout tissant des liens liens plutôt pertinents entre folklore, légendes, rumeurs, medecine et psychologie. En fait, on a un peu l’impression de voir un reboot du premier episode qui visait en diagonal
, mais en plus maitrise.
Un peu “hammerien” dans son atmosphère (et son animation) et dans certains de ses visuels et le lien avec les tueurs en série et leur traitement post-arrestation TRES bien vu, car démontrant qu’au final que nous sommes tous des monstres. Excellent.
Episode 6: Unboxed - Michael E. Satrazemis
Lorsqu’un enfant solitaire se voit offrir une poupée avec laquelle il partage son nom comme ami, sa famille ignore qu’elle vient d’inviter une creature indésirable en leur foyer…
Dans le fantastique et son bestiaire, les poupées (frequemment associee a leur propriétaire via l’art du ventroloquisme) ne sont pas rare et forme une sorte de sous-genre plutôt “niche”, l’episode parvient assez facilement a sortir du simple show-business représente par Edgar Bergen, et ce, via les poupées Reborn, le cas d'Anatoly Moskvin, le phénomène de l’Uncanny Valley qui indispose jusque dans la réalité virtuelle et touche meme aux reconstitutions forensics de Frances Glessner lee pour brosser un tableau au final passablement flippant de notre relation avec nos “semblables” artificiels.
Un episode ou la trame en elle-meme (hyper-classique) est sans probleme surclassee par le fond. Excellent.
En conclusion et apres visionnage, il est difficile a cet humble fourreur de ne PAS considérer Lore comme une série “bancale” (comme d’ailleurs beaucoup de series anthologique)
.
Pourquoi? Parce qu’elle s’attache a des événements traites ailleurs via une approche TRES sensationnaliste. (Bibi avait deja rencontre la plupart des elements sur internet, mais de facon non-liee et sujette a une interpretation TRES partiale.
)
Ainsi, ces événements ont deja été traite ailleurs, jouant a fond la corde du surnaturel et de l’étrange, tout en gardant l’événement en question soigneusement sépare d’autres phénomènes adjacents ou limitrophes qui, mis ensemble, permettraient de brosser un tableau plus complet et donc, plus interessant, mais qui—justement—demysthifierait l’evenement en question pour le rationaliser.
Ainsi, si en surface, la serie semble consacrée au surnaturel, elle s’en eloigne(!) et s’attache aux superstitions, aux époques (pas si lointaines) et lieux (pas si eloignes) ou la science était TRES loin des acquis de nos jours, et parfois aux errements de—justement—la science.
Les réalisations varient, les jeux d’acteurs aussi, mais si on fait abstraction du premier episode, l’ensemble est solide, avec comme seule faiblesse une narration qui, meme si elle a des choses a dire, plombe quand meme l’atmosphere, sans compter qu’elle n’est au final qu’un résidu du concept original (i.e. le podcast du créateur du concept original).
La serie risque au final d’être bancale, tant auprès des amateurs de fantastique, car déboulonnant passablement ce dernier, qu’auprès des rationalistes qui, tout en appréciant la vision d’ensemble donnée (pertinente, donc), passe quand meme par une case initiale de…sensationalisme, d’ou: problème de quadrature du cercle…
Reste donc une série qui fait furieusement penser aux Histoires Vraies de Pierre Bellemare, mais sans la voix qui aille avec. A voir peut-être, mais en sachant a quoi s’attendre pour pouvoir lui donner une chance. (Bibi y allait avec une idee de "pur" fantastique en tete, d'ou une certaine deception, matinee de satisfaction "rationaliste"...
)
Lore: 3.75 / 5 (une sorte de docudrama bien vu et pertinent, meme si souffrant de n’être…que JUSTEMENT un docudrama. Avis aux amateurs (eclaires), donc).
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.