A very English Scandal - Stephen Frears (2018)

[Superwonderscope]

Retour très réussi à la TV pour Frears. Avec cette fois-ci un scénario de Russell T. davies d'après le scandale Jeremy Thorpe dans les années 70. Thorpe (ici Hugh Grant, positivement extraordinaire!) était le patron du parti travailliste, qui avait quelques écarts avec des jeunes hommes. Dont Norman Scott (Ben Wishaw), qu'il hébergea en 1962 pendant quelques temps, via la promesse de sa carte d'assuré maladie car suivant un traitement assez cher. Thorpe ne fit rien et se débarrassa du jeune homme. celui-ci essaya de revenir à la charge, dénonçant Thorpe à la police (alors que l'homosexualité était passible de prison). Pendant près de 15 ans, leurs chemins se croisèrent, jusqu'à ce qu'une tentative d'assassinat sur Scott fit tomber Thorpe. Procès retentissant en 1979, qui blanchit cependant Thorpe.

3 "pisodes produits par la BBC qui se révèlent passionnants. On sent l'écriture sèche et directe de Davies, tout comme l'humour à froid et les changements de tons brutaux de Frears. Hugh Grant arrive enfin à changer de registre pour une transformation physique et l'interprétation complexe q'un homme qu'on adore détester. Complexe, à la fois à la pointe des combats sociaux, mais tout aussi retors en privé. Avec un 3e épisode qui éclaire aussi sur son quotidien de gay dans le placard, obligé de se marier à deux reprises dans un Royaume Uni qui fait tout pour protéger ses politiques.

Ben Wishaw est lui aussi admirable, tout en ambigité. Car bien que victime de cette affaire, son portrait n'est pas tout gentil-gentil non plus. Il a ses zones d'ombres et ses fautes à porter. C'est en substance l'une des qualités de cette mini-série. en dehors de la reconstitution fidèle, de la ressemblance assez frappante des protagonistes (look, accent) avec les personnages de la vie réelle, c'est de faire des 2 intervenants des rouages d'un système vicié. qui ont eux même pris part à l'ensemble. pas de héros ou d'anti-héros, des humains avec beaucoup de faiblesses et de tentatives de profiter du système en place. Mention à Hugh Grant qui parvient à être parfaitement odieux tout en maintenant une prestance et une humanité presque degueuasse, mais qu'on ne peut s'empêcher d'admirer. La tenue du procès est un modèle du genre.

Il existe aussi un documentaire quel BBC avait ordonné en 1979 suite au procès, couvrant justement l'ensemble du scandale. mais les pressions politiques avaient enterré le film. Il vient de ressortir sur la BBC, sauvé sur un VHS et agrémenté des derniers développements.
En effet, Norman Scott, 77 ans, vient à nouveau de porter plainte en mai 2018, car de nouveaux éléments viennent de faire surface il y a peu, indiquant que le tueur à gages qui s'est dénoncé n'était peut être pas le bon. t donc révèle que la police et la pouvoir politique ont caché encore plus de choses que celles connues jusque là.