PIFFF 2018

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Romain
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Re: PIFFF 2018

Message par Romain » mer. déc. 05, 2018 7:07 pm

Une forme moyenne mais un sacré pavé quand même. ça faisait longtemps que j'avais pas lu un post aussi long!!! :wink:
Visitez le site www.jaws-3d.com !

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Re: PIFFF 2018

Message par Manolito » mer. déc. 05, 2018 7:42 pm

Merci à vous les potos pour les bandes annonces et les encourqgements...☺ Pas de retour demain je pense, car les séances commencent tôt, mais le prochain sera sans doute vendredi matin... :)

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Re: PIFFF 2018

Message par bluesoul » jeu. déc. 06, 2018 7:35 am

"On n'a qu'une vie" certes, mais aussi qu'une sante.

Entre la vie pro qui peut etre parfois (souvent?) hardcore(j'en connais un bout sur le sujet), inutile d'en rajouter une couche de hardcore dans la vie privee. Ce qui est un plaisir devrait le rester. :wink:

O-daijini (porte-toi bien). Au plaisir d'une prochaine lecture.
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.

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Re: PIFFF 2018

Message par Manolito » jeu. déc. 06, 2018 9:10 am

Rassurez-vous les gars, je suis quand même en bonne santé, voire très bonne santé en général.

C'est juste que j'ai commencé le festival en ayant un peu la tête dans le cul, et que ça ne devrait pas s'améliorer d'ici la fin de la semaine. Ajoutons à cela le déficit de vitamines D du mec qui n'aura pas vu le soleil jour pendant 5 jours... :D

Heureusement, j'ai prévu une journée de battement lundi pour une bonne cure de dodo et un retour au boulot avec une fraîcheur correcte... :)

Je précise aussi que j'ai un boulot loin d'être surmenant... :)

C'est juste que si j'avais eu plus la patate, comme je l'avais l'année dernière, je profiterais encore mieux du festival.

Mais le cinéma étant au fond mon seul vice, il ne manquerait plus que je me freine dessus... :-D

Saluons au passage l'ami Cyril qui nous lit ici, peut-être à tout à l'heure si on se recroise ! :wink:

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Re: PIFFF 2018

Message par Manolito » ven. déc. 07, 2018 10:26 am

Journée 2 mercredi donc... :-D

Bon, on commence avec "Piercing" de Nicolas Pesce, basé sur un roman de Ryû Murakami dont l'oeuvre a déjà inspiré "Audition".

Ici, un jeune homme, père pour la première fois, se découvre des pulsions de serial killer. Il décide de se rendre dans un hôtel et de recourir à une prostituée spécialisée dans le sadomasochisme pour en faire sa proie.

Second film de son jeune réalisateur après "The Eyes of my Mother", "Piercing" met notamment en scène Mia Wasikowska, plus dans sa veine "Stoker" qu'"Alice au pays des merveilles" ! Effectivement, on pense à "Audition" pour un érotisme bizarre, malsain, et une proie qui n'est pas si claire que ça, pour des rapports qui paraissent au départ limpides, mais s'avèrent en fait de plus en plus ambigus.

Pesce applique un soin tout à fait méticuleux à sa mise en scène, ses cadrages ; malgré des limites financières évidentes (le film n'est tourné que dans une poignée de décors), il y a une vraie application dans l'image, on a des scènes dès le départ réussis, comme la répétition du meurtre. Saluons aussi les deux acteurs principaux, qui portent le film sur leurs épaules avec une implication et un talent certains !

Et pourtant, "Piercing" ne fonctionne pas, laisse sur une impression de frustration.

Bon, déjà, la bande originale composée de musiques de Giallos et autres compositions de Stelvio Cipriani et Bruno Nicolai, ça commence à devenir gavant : déjà qu'"Assassination Nation" nous a fait le coup la veille avec la musique de "L'oiseau au plumage de cristal" ; mais là c'est carrément toute la musique du métrage qui n'est que du recyclage de musique du cinéma italien des 70s ! Le procédé commence à faire sérieusement usé, et quand il sert ici à resservir en plus deux titres hyper connus ("Les frissons de l'angoisse" pour une séquence en split screen bien gratuite, et "Ténèbres" pour le générique de fin, complètement plaquée), rien ne va plus ! Merci de nous faire partager vos discothèques, mais là, l'effet est contre-productif, cela enlève plus au film que cela ne lui apporte.

Mais le vrai gros souci de "Piercing" est surtout un souci d'écriture, une manière de vouloir jouer sur l'ambiguité qui aboutit à un film ne semblant jamais vraiment démarrer, qui paraît ressasser du déjà vu (la victime finalement plus dangereuse que le bourreau, comme dans "Hard Candy"). Bref, un réalisateur avec du potentiel, des acteurs qui se donnent vraiment du mal, mais un résultat frustrant ! 4/10

Vient ensuite "Halloween 3", sur lequel je ne vais pas trop m'étendre car il est bien connu par ici. Je l'avais d'ailleurs défendu assez énergiquement lorsque j'avais testé son dvd sur le site (de devildead, je précise...:)).

Bon j'ai été un peu déçu à la revoyure, "Halloween 3" met quand même un peu trop de temps à démarrer, la sauce ne commence à prendre vraiment qu'à l'arrivée à l'usine. L'écriture est étrange, il faut être bonne patte pour trouver convaincante cette histoire de robots animés par l'énergie de sacrifices humains. Cela dit, "Halloween 3" a quelques beaux atouts, en particulier une photo de Dean Cundey en forme, avec des ambiances nocturnes dont il a le secret, un emploi savant du cinémascope pour créer des atmosphères cinéma à partir d'un petit budget, pour découper et animer des plans... On a aussi de beaux maquillages, des effets optiques vintage réussis et pleins de charme, et un Dan O'Herlihy très savoureux en méchant fabricant de jouet, pivot de ce drôle de conte de fée macabre, pourvu d'une fin sacrément réussie !

La copie numérique était acceptable, mais pas géniale, la faute pour moi à un traitement numérique parfois sensible, avec des halos de edge enhancement (légers, mais visibles sur un écran de 20 mètres !), des plans sombres parfois enterrés, etc... Ca passe peut-être bien en bluray, mais au quatrième rang du Max Linder, on peut repérer ces trucs qui clochent. Cela dit, c'est quand même une belle occasion de redécouvrir ce film en salles, dans des conditions globalement acceptables, alors qu'il s'agit d'un titre rarissime sur grand écran. 6/10

Troisième film, le français "Tous les dieux du ciel". Dans ce premier long métrage de Quarxx, Simon, un ouvrier, vit seul dans sa maison familiale, avec sa soeur, paralysée et immobilisée suite à un grave accident dans son enfance. Malgré toutes les difficultés du quotidien, Simon est convaincu que des extraterrestres vont venir les chercher et les emporter vers une vie meilleure...

Un film de genre français, oui, mais qui prend le contre-pied de celui des années 2000, qui était à fond branché sur des influences américaines et souffrait presque systématiquement d'une écriture maigrichonne.

Ici, nous avons d'une part un certain Film Noir bien de chez nous (difficile de ne pas penser aux "Démons de Jésus" quand on croise Thierry Frémond dans sa casse de voitures !), avec son humour désespéré, son sens de l'observation sociale, ses dialogues ciselés et parfois drôles, ses acteurs qui jouent bien (Hé oui, c'est possible dans un "film de genre" français !)... Et puis, d'autre part un fantastique personnel, réfléchi, inattendu, là aussi assez différent. J'ai pour ma part pensé à "Simple mortel", en particulier pour sa manière de jouer sur l'ambiguité, jusqu'à son plan final ultime. Alors, il y a quand même des choses qui clochent un peu, "Tous les Dieux du Ciel" donne une impression de tourner en rond au bout d'un moment, sa fin ne convainc pas totalement après deux très bons premiers actes.

Mais c'est quand même un plaisir de voir un film ambitieux, qui louche vers les souvenirs de "Baxter" et "C'est arrivé près de chez vous" (humour parfois trash et dur, comme la scène avec le gigolo !) : une approche du cinéma fantastique français qui fait plaisir, avec quelques scènes réellement très émouvantes (entre Zoé et Estelle en particulier) ! 6/10

Enfin, quatrième film du jour, "The Blood of Wolves" de Kazuya Shiraishi, film de yakuzas ultra-violent, décrivant une guerre des gangs à Hiroshima, qu'un policier aux méthodes plus que louches tente de canaliser.

Humiliations (le fin du fin consistant à faire avaler des excréments porcins à ses ennemis !), règlements de compte sanglants et autres découpages rituels de phalanges sont donc de rigueur, le tout gravitant autour du policier ripoux Ogami, joué par un Kôji Yakusho gouleyant, qui donne tout son allant au métrage. Production Toei plutôt fastueuse, nous avons un film de gangster classique, qui trouve un bon équilibre entre sa capacité à ne pas se prendre trop au sérieux, à ne pas être dupe du grotesque de ses situations, et une ampleur quand même assez forte, qui permet à "Blood of Wolves" de finir par prendre de la hauteur et ne pas être qu'une grosse blague ou une comédie trash. Bref, un solide divertissement, classique dans son genre, mais efficace ! 7/10

Et là, je rebondis avec ce titre, un peu hors-sujet pour un festival de film "fantastique" au sens le plus strict, pour saluer à nouveau l'ami Cyril, toujours aux petits soins avec chacun de ses festivaliers, et avec qui j'ai déjà eu quelques discussions passionnées et passionnants sur la programmation de cette année, le pourquoi, le comment, en particulier sur ce sujet du "fantastique"/"pas fantastique" dans un tel événement, suite à mon petit commentaire grognon de mercredi matin.

C'est vraiment un bonheur de se replonger dans cette ambiance du PIFFF qui respire la passion de la part de ses bénévoles, de ses organisateurs, de ses animateurs et programmateurs ; une passion dont je me suis moi-même écarté avec les années, je m'en rends compte, la faute à la vie, mais une passion qu'il est vraiment rafraîchissant et très positif de venir à nouveau partager !

Et on va le redire, même si c'est une évidence : le Max Linder est vraiment LE cinéma idéal pour accueillir un festival comme le PIFFF : qu'est-ce qu'on y est bien !

A SUIVRE...

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Re: PIFFF 2018

Message par Manolito » ven. déc. 07, 2018 12:41 pm

Journée 3 avec le jeudi ! Marathon de 5 films au programme !

Levée aux aurores pour la séance "scolaire" du PIFFF, avec "L'homme qui rétrécit" de Jack Arnold à 9h30 du matin. L'orchestre ayant été envahi par des hordes de gremlins collégiens, je vais, une fois n'est pas coutume, à la mezzanine ! Public collégien qui m'a d'ailleurs paru assez sage... Copie 1.85 très correcte, avec certes un grain parfois pâteux, ce n'est pas une restauration ultime ; mais il faut prendre en compte l'âge du film, ces nombreux trucages, etc... En tout cas, une copie numérique tout à fait digne d'une exploitation en salles. A la revoyure, "L'homme qui rétrécit" commence de manière un peu kitsch, avec ses situations un peu farfelues, son interprétation pas toujours subtile.

Mais à partir de la maison de poupée, on arrive vraiment dans de la grande série B, dans la partie du métrage qui lui a fait gagner à ses galons de classique du cinéma fantastique. Arnold multiplie les astuces, les trucages, exploite avec ingéniosité les jeux de cadrages et de profondeur pour créer un moment d'aventures et de fantastique définitivement au-delà du réel et, comme l'a souligné Fausto lors de la présentation, qui trouve sa vraie valeur sur grand écran : on fait moins le malin devant un chat de 8 mètres de haut ! 7/10

Puis, "Await further instructions" de l'anglais Johnny Kevorkian. Lors des fêtes de Noël, une famille pas très soudée se retrouve pour tenter de passer le réveillon ensemble. Dans la nuit, la télévision se met à leur envoyer des messages étranges et toutes les issues de la maison sont mystérieusement bouchées par une étrange substance noire...

Bon, une petite production british, qui refait le coup classique du petit groupe qui se retrouve mystérieusement coincé dans un lieu clos, et qui doit s'organiser pour survivre face à une menace (?) mystérieuse. Un sujet quand même rabattu, de la "Quatrième dimension" (j'ai pensé à "Five Characters in Search of an Exit" par exemple) à "Saw" en passant par "My Little Eye", etc... Dans le genre, "Await Further Instructions" est plutôt bien fait, bien joué, filmé proprement, avec un petit côté série B à l'anglaise vraiment pas désagréable, à défaut d'être originale.

Le dénouement embraie sur du cinéma de SF horrifique, une petite ambiance british à la "Xtro" (pour la scène de l'accouchement), quelques maquillages et ambiances sympathiquement artisanaux... Mais le dénouement manque à mon sens de clarté et de cohérence (franchement, pourquoi les envahisseurs se sont donnés tant de mal ?) et laisse sur un résultat pas très convaincant...5/10

Vient ensuite "Next of Kin" de Tony Williams sur grand écran ; là aussi un titre connu sur lequel je ne vais pas épiloguer (dario carpenter s'en chargeant régulièrement sur le thread de ce film... :D )... La copie numérique était à mon sens très, très bien, supportant parfaitement la projection sur très grand écran, avec un grain hyper fin, un rendu très naturel d'un film 35mm tourné dans des conditions de série B. Quelques pétouilles négligeables par ci, par là, mais franchement du très, très beau travail dans l'ensemble.

"Next of Kin" reste ce qu'il est, et j'avoue que ce n'est pas le film qui m'a le plus convaincu dans la vague du cinéma fantastique australien, la faute à une mise en place quand même lente, qui raconte son histoire de façon carrée, mais sans trop se presser - cf. les scènes de follatrage compagnard avec Barney. "Next of Kin" n'a pas le propos fort et original de titres comme "Pique-nique à Hanging Rock", "Long Weekend" et autres "Harlequin", c'est une histoire très classique, qui aurait pu être mise en images dans un Film Noir hollywoodien des années 40 par exemple, du genre "Rebecca".

Mais "Next of Kin", c'est surtout une réussite de mise en scène, de technique, d'ambiance, avec une réalisation parfaitement maîtrisée du début à la fin, une belle photo, un vrai sens de l'étrange, une tension qui, quand elle monte, monte haut, une musique très présente de Klaus Schulze qui fait sourdre l'étrange de manière diffuse... Et puis la scène des sucres sur très grand écran, très, très forte l'air de rien ! :D 7/10

Puis, vient "Terrified" de l'argentin Demián Rugna. Dans un ensemble de maisons, des incidents étranges attirent l'attention de la police et de chercheurs spécialisés dans le paranormal...

Il n'est pas difficile de voir où Demián Rugna a été cherché l'inspiration pour son long métrage, qui louche ostensiblement vers les histoires fantomatiques et paranormales de James Wan, avec une musique ponctuée des stridences d'"Insidious", ses chercheurs spécialisés dans la chasse aux spectres, ici des esprits très frappeurs qui ne font pas de cadeaux aux vivants. Après un début démonstratif, mais un peu froid, "Terrified" trouve son rythme et passe notamment grâce à son énergie, que ce soit dans sa mise en scène, dans sa musique énervée (signée par le réalisateur), son travail explosif sur le son (poussé bien fort durant cette projection), qui emporte le spectateur dans des péripéties horrifiques, jusqu'à un dénouement peut-être un peu abrupt. "Terrified" est un film qui ne révolutionne et n'invente rien, mais qui le fait avec une efficacité certaine, de manière ludique et divertissante, parsemée d'images fantastiques fortes. 6/10

Puis arrive "In Fabric" de Peter Strickland, le réalisateur de "Berberian Sound Studio" et "The Duke of Burgondy".

Il raconte (au début en tout cas), l'histoire d'une femme célibataire qui, pour se rendre à un rendez-vous sentimental acquière une étrange robe rouge dans un magasin non moins bizarre...

J'y allais sans y croire, m'étant fort ennuyé devant "Berberian Sound Studio", et j'avoue avoir souri intérieurement à la présentation ultra enthousiaste de Fausto. Je m'attendais à un remake prétentieux et sans intérêt de "I'm dangerous tonight" de Tobe Hooper...

Et pourtant...

"In fabric" s'avère en fait une réussite que je n'attendais pas du tout. Strickland signe un espèce de croisement entre Bunuel et le Monty Python Flying Circus (les dialogues !), entre Throbbing Gristle et un catalogue de la Redoute années 80, injectant une bonne dose de dérision et d'humour dans son spectacle surréaliste +++++, qui se permet tout sans jamais devenir n'importe quoi ! Hyper soigné dans la forme, dans la musique, son côté rétro-kitsch pourrait agacer, mais c'est tellement maîtrisé, astucieux, surprenant, qu'on ne peut que se laisser emporter par cette oeuvre définitivement amusante, peaufinée dans son moindre détail artistique, où on sent, derrière une certaine volonté de ne pas se prendre au sérieux, une implication maniaque dans le le moindre élément du film. Un peu long peut-être... mais vraiment bien ! 7/10

A SUIVRE

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Re: PIFFF 2018

Message par bluesoul » ven. déc. 07, 2018 2:41 pm

Piercing Trailer


Tous les Dieux du Ciel Trailer


The Blood of Wolves (Koro no Chi) Trailer


Await further Instructions Trailer


Terrified (Aterrados) Trailer


In Fabric (extrait, pas trouve de trailer :( )
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.

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Re: PIFFF 2018

Message par Manolito » ven. déc. 07, 2018 2:52 pm

Encore merci pour les BA, bluesoul, c'est vraiment sympa de ta part...☺

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Re: PIFFF 2018

Message par bluesoul » ven. déc. 07, 2018 3:23 pm

On se motiiiiiive et on fourni l'effoooooooort. :wink:
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.

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Re: PIFFF 2018

Message par Manolito » sam. déc. 08, 2018 12:40 pm

Jour 3 ce vendredi...

Qui commence avec "The Unthinkable", long métrage du collectif suédois Crazy Pictures. La Suède y est la proie d'une invasion étrangère, sournoise dans un premier temps, plus directe par la suite...

Financé en partie sur kickstarter, réalisé par un collectif de 5 jeunes réalisateurs, "The Unthinkable" se veut une réponse suédoise aux blockbusters américains, recourant notamment à des effets spéciaux et des cascades, ce qui n'est pas vraiment la spécialité du pays de Bergman...

Je plaçais pas mal d'espoirs dans ce film, et il faut dire qu'ils ont été bien douchés. A priori, avec un tel sujet, je m'attendais à un métrage dans le genre un peu de "La honte" de Bergman (qui avait pratiquement le même sujet) ou "This war of Mine" de Kevin MacDonald, et c'est en partie ce vers quoi le film s'oriente, en mettant fortement l'accent sur l'écriture des personnages.

Sauf que "The Unthinkable" est tellement mal écrit que ça en devient un vrai supplice, avec en particulier un personnage principal pénible et un conflit père-fils d'une lourdeur absolument éléphantesque, étiré au-delà de l'imaginable avec un pathos insupportable de cliché. Car un des gros souci de ce métrage est sans doute sa durée complètement inappropriée de plus de deux heures, l'invasion ne commençant réellement qu'au bout d'une heure. Le remplissage est franchement abondant. Car il faut bien comprendre que les fameux effets spéciaux (bien faits et bien intégrés, il faut le dire) doivent durer environ 2 à 3 minutes, tout cumulé, juste de quoi ficeler une bande-annonce alléchante. Le côté fauché cherche à peine à se cacher en fait : du gouvernement, on ne voit qu'un ministre ; de l'armée suédoise, on ne voit que 5 militaires ; de l'armée d'invasion, on ne voit que 3 soldats ; un embouteillage monstre c'est 6 voitures, etc...

Mais vraiment, le gros, gros souci de ce métrage, c'est vraiment son écriture pitoyable, mélo dans le mauvais sens du terme, pesante, alliée à une longueur totalement injustifiée. L'idée d'utiliser comme toile de fond du métrage une famille totalement éclatée, un personnage qui est passé à côté de sa vie, est plutôt bonne, et échappe aux conventions du spectacle hollywoodien... Mais quel ennui... Mal écrit, partant dans tous les sens, malgré sa technique convaincante (photo impeccable notamment), un ratage pour moi... 3/10

Séance rétro ensuite avec "Vorace" d'Antonia Bird, film que je crois n'avoir vu qu'une fois, "à l'époque", en VHS je pense ? On commence par le petit aparté technique, le film nous ayant été présenté en copie 35mm, je pense une copie d'exploitation d'époque, en très bon état, à part deux ou trois passages un peu abimé.

C'est intéressant de voir une telle projection car elle permet de constater que la projection numérique a fait de sacrés progrès. Et aussi de nous rappeler que si le 35mm peut potentiellement faire des copies superbes, celles qu'on recevait dans nos cinémas, après être passées par un certain nombre d'étapes (interpositifs et internégatifs), tirées à la chaînes, n'étaient pas forcément des copies de compétition. Ici, la copie avait clairement une résolution en deça des films qui nous ont été projetés ces derniers jours en numérique, avec une légère impression de flou en particulier. Evidemment, on apprécie le naturel des couleurs, des contrastes, spécifiques à l'argentique, mais quand on compare à une restauration numérique haut de gamme comme celle de "Next of Kin" ou ce qu'on a vu hier de la bande-annonce de "Maniac", le numérique l'emporte haut la main. La qualité imbattable du numérique étant que la création des copies et la diffusion du métrage ne crée aucune dégradation de l'image par rapport à la source originale.

"Vorace" reste un bon film, un western bizarroïde, réalisé en Tchécoslovaquie par une anglaise, avec deux vedettes britannique et australienne, servi par une musique (géniale) signée là-aussi par deux anglais iconoclastes, pour un résultat qui ne ressemble à aucun autre métrage ! J'avoue que ma préférence va à la première partie, en particulier la traque dans la montagne, la caverne, qui sont des scènes avec des ambiances vraiment incroyables (en particulier sur grand écran !). Les parties dans le fort sont bien aussi, avec toujours cette ambiance déglinguée particulière, mais on tombe au fond dans une histoire de vampirisme plus quelconque. Un film singulier, unique, en tout cas, qui traverse les années avec succès. 7/10

Dans "Girls with Balls" d'Olivier Alfonso, vétéran du maquillage spécial en France, une équipe de volleyeuses pas très futées s'égare en montage et arrive dans une auberge de chasseurs très spéciaux, qui vont faire d'elles leurs proies de choix.

Dans le cinéma de genre français, le Survival a été tellement ressassé sous toutes ses formes depuis "Haute tension" il y a quinze ans, comme dans "Revenge" l'année dernière, qu'il ne reste plus rien à en tirer depuis un moment, à part justement une parodie. "Girls With Balls" est donc le moment potache du festival, pour un résultat que j'ai trouvé franchement minable.

Humour pipi caca foufoune, pauvreté cinématographique affligeante, interprétation braillée, rarement articulée (sans les sous-titres anglais, je n'aurais pas capté la moitié des dialogues), scènes répétitives, prévisibles. On a les références d'usage (les trophées humains des "Chasses du comte Zaroff", le détour arrangé de "2000 maniacs"...), mais ça ne sauve pas un métrage qui ne fait vraiment pas beaucoup d'effort. Alors certes, c'est un film "de festival" qui vise à faire passer un moment "pas prise de tête", mais ça n'a jamais empêché de tels films d'être vraiment bien faits (comme un "Bad Taste" - ou même un "Terrified" diffusé hier), avec des idées de cinéma. Là, je pense que l'équipe a dû s'amuser à faire son film, mais pour le reste, à part quelques répliques vaguement amusantes, c'est quand même le néant... Même pas très gore en plus, il y a pas mal de détails qui sont hors champs si on fait attention (la mort du chien par exemple).. Cela dit, "Girls with Balls" a le mérite d'être court.. 3/10

Et on finit avec le troisième et dernier film japonais du festival avec "Punk Samourai Slash Down" de Gakuryû Ishii, qui comme son titre l'indique est une version assez délirante du genre chambara.

Un samouraï errant tue par erreur un vagabond en croyant qu'il appartient à la secte nocive des Bellyshakers, groupuscule qui sème l'anarchie dans diverses régions du pays. Sauf que ce samouraï crétin s'est trompé puisque cette secte n'existe plus ! Il va s'en suivre tout un concours de circonstances de plus en plus bizarre et délirant, qui va plonger le pays dans le chaos !

"Punk Samourai Slash Down" est un film bizarre à souhait, mettant en scène une secte d'allumés, convaincus que l'état d'existence correspond à vivre sans le savoir dans l'estomac d'un ver solitaire, et que l'illumination nirvanique ne peut être atteinte par l'individu que lorsque celui-ci sera déféqué par ce ténia cosmique !

Les samourais doivent recourir à l'aide d'une armée de singes infiniment plus sages qu'eux, nous croisons un gourou albinos qui parlent à travers la bouche de deux jumeaux masqués. Bref, du bizarre, du très bizarre, tout ça sur fond de musique pyschobilly, un métrage à l'humour pince sans rire, sans doute concocté sous l'influence de quantités de drogues impressionnantes.

Bon, plus de deux heures, c'est un peu déraisonnable, ça ne plaira définitivement pas à tout le monde, mais j'ai pour ma part bien accroché à ce délire psychédélico-punkoïde, imprégné de ce sens du bizarre dont nos amis du pays du soleil levant ont le secret ! 7/10

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Re: PIFFF 2018

Message par bluesoul » sam. déc. 08, 2018 1:32 pm

The Unthinkable Trailer



Punk Samurai Slash Down Trailer


(Puree, c'etait la Toei?? Les parrains de la Toei ont fume la moquette sur le coup! :shock: )

GIrls with Balls, a part un truc hachement suspect venant de Tchecoslovakie, j'ai poah trouve... :(
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Re: PIFFF 2018

Message par Manolito » sam. déc. 08, 2018 2:53 pm

Je passe devant le Grand Rex il y a une demi heure, des mecs au look de zadistes sont en train de faire des barricades à base de poubelles et de vélos ; j'arrive au niveau du Max Linder, des camions de crs à perte de vue et les portes du ciné fermées... :o Je repasse un peu après, ouf, le ciné est (entr) ouvert et les séances prévues aujourd hui ont bien lieu...😊😊😊 On vous attend tous !

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Allan Theo
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Re: PIFFF 2018

Message par Allan Theo » sam. déc. 08, 2018 11:58 pm

C'est marrant Manu, je me suis fait la même remarque que toi sur le 35mm.
Autant je le sacralisait avant, autant maintenant j'en viens à regretter de voir des films dans ce support (à part de rares exceptions)
"Comme disait mon ami Richard Nixon, mieux vaut une petite tâche sur la conscience qu'une grosse sur l'honneur. Allez en vous remerciant bonsoir."

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Re: PIFFF 2018

Message par Manolito » lun. déc. 10, 2018 3:22 pm

Bon, j'ai relu les textes précédents et ajusté quelques notes ; et je termine ici le compte-rendu avec les films du weekend, en allant plus vite quand même je préviens.. :) Je précise que j'ai séché les courts-métrages, genre que je n'aime pas trop à la base...

Le samedi a donc commencé pour moi par "Freaks" de Zach Lipovsky et Adam B. Stein, avec un casting haut de gamme, puisque regroupant Emile Hirsch et Bruce Dern. Une petite fille vit cloîtrée dans une maison en compagnie de son père, qui l'empêche totalement de sortir et de communiquer avec l'extérieur. Elle échappe un jour à sa vigilance et part en vadrouille en compagnie d'un étrange marchand de glace stationné dans leur quartier...

Très difficile d'en dire plus sans spoiler à mort ce film : disons juste qu'il met en jeu divers pouvoirs surnaturels dans un monde bien moins normal qu'il n'en a l'air. Difficile donc d'épiloguer sans faire trop de révélations qui gâcheraient le plaisir du spectateur. On se contentera donc d'écrire que "Freaks" est vraiment très bien écrit, avec un récit qui se révèle avec beaucoup d'intelligence, créant lentement mais sûrement un univers de SF riche de nuances, construisant un suspens très habile. Et puis, c'est supérieurement joué, avec un trio d'acteurs absolument remarquable, des effets spéciaux très acceptables malgré un petit budget, une mise en scène pleine d'idées. Bref, un film plein de qualités, certes un peu modeste au vu de contraintes de moyens, mais néanmoins très prometteur pour ses auteurs. Il a raflé tous les prix du festival haut la main, mais il faut dire qu'il dépassait toute la concurrence d'une bonne tête. 7/10

Je sèche les questions/réponses habituellement car les plannings sont serrés, mais je suis resté pour celles-ci, une séance très sympathique, avec des réalisateurs et une petite actrice très sympathiques et humbles, et un public bienveillant qui a tout de suite adopté ce trio et leur film.

"Freaks" n'a pas de distributeur en France pour le moment, souhaitons lui d'en trouver un rapidement, et de ne pas finir comme le gagnant de l'année dernière, "Tigers are not Afraid", toujours injustement inédit dans nos contrées... :(

Puis vient "Achoura" de Talal Selhami, le réalisateur de "Mirages", film franco-marocain. Un groupe d'enfants vit un drame dans leur enfance en visitant une étrange maison hantée. Devenus adultes, alors qu'ils sont chacun partis de leur côté dans la vie, le mal qu'ils ont côtoyé se réveille et revient les hanter...

"Hommage" à Stephen King, ou repompage servile de "Ca" ? A vous de voir, moi, j'ai plutôt opté pour la seconde solution, ayant trouvé cet "Achoura" totalement raté. J'avais pourtant de la sympathie pour ce projet venu d'Afrique (c'est tellement rare !), mais il cumule les tares du film de genre français mal fichu : photo triste, musique stéréotypé et envahissante, infédoation au cinéma américain qu'on copie bêtement (mêmes plans vus mille fois, mêmes clichés), mixage approximatif, écriture bordélique, et surtout, surtout, une interprétation totalement aux fraises, ça joue hyper, hyper mal. Après "Freaks", on sent un gouffre qualitatif qui fait très mal ! Bref, un film mal fichu, moche, sans intérêt, qui a une tête à finir vite fait sur le câble et autres services de SVOD.

En terme de séance, j'ai revécu un peu la même chose que pour "Girls with Balls" : une case horaire très favorable, une séance remplie en partie par l'équipe du film et leurs invités, qui s'offraient une jolie première au Max Linder, s'auto-applaudissent, s'auto-ovationnent... Le réalisateur et ses collaborateurs, sans doute très sympas, sont contents d'être là ; mais le public qui vient pour le PIFFF et qui est dans l'attente d'une programmation de qualité au moins correcte se fait refourguer le pire du cinéma de genre français et a un peu l'impression de servir de figuration captive... En tout cas, moi, je l'ai ressenti comme ça... "Tous les dieux du ciel" était un peu dans la même configuration, mais au moins le film méritait d'être défendu. Bref, "Achoura, c'est 3/10 - et je note large !

Heureusement, le reste de la soirée sera plus satisfaisante avec "Lords of Chaos" notamment, de Jonas Åkerlund, adaptation du fameux livre de Michael Moynihan, musicien lui-même bien agité du ciboulot (il a fait son dernier disque avec un membre de la Manson Family emprisonné à vie !).

Ce film chronique la série de faits divers associés à la scène black metal scandinave dans les années 90 (incendies d'église et meurtres en particulier). Des faits divers super glauques d'ailleurs, mais dont le film se distancie en adoptant notamment un certain humour noir, une certaine ironie, refusant de prendre au sérieux les prétentions idéologiques et paganistes de Varg et compagnie. Euronymous, le leader du groupe Mayhem, est décrit comme un habile baratineur, qui se lance par bêtise dans une surenchère de négativité où il se verra suivi par d'authentiques malades qu'il pense pouvoir contrôler, alors qu'il en est incapable, et qu'il encourage même quelque part, de façon irresponsable, jusqu'à ce qui ça lui revienne à la figure.

Nous avons donc un fait divers où des jeunes gens sont entraînés dans une spirale de célébrité, de facilité, puis de de paranoïa, de jalousie et de narcissisme. J'ai aussi un peu pensé au "Star 80" de Bob Fosse pour la manière comparable de décrire les meurtres de façon très violente, très détaillée, qui ne fait pas de cadeau au spectateur - et en même temps, n'est ce pas ce que dernier est venu chercher ?

Bien joué, notamment par Rory Culkin (frère de), bien filmé, intelligent, trouvant le ton et la distance justes pour traiter son histoire, "Lords of Chaos" n'échappe pas à certains relents de sensationnalisme ou à quelques fautes de goût ("The Host of Seraphim" de Dead Can Dance : encore !). Mais certainement un bon film ! 7/10

Puis séance de minuit très attendue de "Puppet Master: The Littlest Reich" de Sonny Laguna et Tommy Wiklund, sur un scénario de S. Craig Zahler. Une convention de collectionneurs des marionnettes d'André Toulon se réunit dans un hôtel. A la nuit tombée, la mort se déchaîne.

Le film idéal pour une séance de minuit dans un tel festival, bien photographié en scope, avec pleins d'effets gore garantie 100% live et sans ajout de CGI transgénique. La palme du mauvais goût allant au meurtre de la femme enceinte, à une décapitation dans des toilettes peu ragoutantes, ou au jouet bébé Hitler ! Le film tente une petite déclamation sur l'actualité des "Hate Crimes", mais on est quand même loin de la lourdeur revendicative d'un 'Assassination Nation". Quelques vedettes chers à nos coeurs sont présentes, comme Udo Kier, Michael Paré et Barbara Crampton. Cela étant dit, "Puppet Master: The Littlest Reich" est avant tout une succession, amusante et bien faite, de scènes gore mettant en scène les poupées tueuses : il ne faut pas chercher beaucoup plus loin, mais il se regarde sans ennui et le film a été confectionné avec bien plus de soin que la plupart des bâclages fauchés de Charles Band. Nous n'en demandions pas plus.6/10.

Après une courte nuit (j'ai dormi 4 heures...), on recommence le dimanche avec le film indien "The Man Who Feels No Pain" de Vasan Bala. Suite à un accident dans son enfance, un garçon est affligé d'une maladie neurologique qui l'empêche de ressentir la douleur. Orphelin de sa mère, il est élevé en grande partie par son grand-père qui le gave de vidéos de films de karaté en tout genre...

Un film idéal pour commencer la journée dans la bonne humeur, avec cette histoire de jeune homme qui se prend pour un justicier (ce qu'il a du mal à être quand même), qui se déroule dans un cadre urbain réaliste. Ici, on est loin d'un Bollywood hyper glamour, le point de vue sur la famille - et notamment la place des jeunes femmes - est loin d'être conservateur. Le film est familial, amusant, mais il est aussi astucieux et réfléchi, sachant marier un regard intelligent et cinéphile à quelques moments de délire cinématographique (la dernière demi-heure bastonne sec quand même !). Un peu chaotique, mais réussi ! 7/10

L'après-midi commence avec le thriller horrifique "What Keeps Us Alive" de Colin Minihan. Un couple de femmes mariées se rendent pour un séjour idyllique dans une maison familiale au bord d'un superbe lac isolé. Mais lorsque l'une d'elle pousse l'autre dans le vide du haut d'une falaise, l'ambiance change de ton !

"What Keeps Us Alive" est donc un thriller alternant huis-clos et survival, tourné dans de superbes décors canadiens, soigneusement mis en scène, bien filmé, excellemment photographié (superbe au Max !), avec des actrices convaincantes. Il arpente toutefois un sujet un brin rabaché (le jeu du chat et de la souris entre un psychopathe et sa proie), le fait d'avoir affaire à un couple de femmes mariées ne changeant en fait pas tant que ça la donne. Je m'attendais un peu à une version horreur de la vie de couple, façon "La guerre des Rose", mais le récit est en fait plus classique
Spoiler : :
une des deux n'ayant jamais vraiment aimé l'autre, l'ayant épousé par intérêt, on ne peut pas vraiment dire que ce soit un film sur les dérapages de la vie de couple.
Et puis, pour ce genre de thriller qui sollicite une attention très serrée du spectateur, le métrage laisse quand même passer un certain nombre d'invraisemblances et de soucis d'écriture. On apprécie quand même des idées (la bagarre filmée par l'étage d'en dessous), une belle fin avec l'ours, renversement du rôle du psychopathe - mais au final, un film quand même un peu bateau, malgré des qualités... 5/10

Ayant fait quelques séances en compagnie de l'ami Savoy1 samedi et dimanche, j'ai séché "Maniac" (que j'ai déjà vu, évidemment) pour aller boire un pot avec lui à côté, pour des discussions comme toujours passionnées ! :)

Puis, nous avons été voir "We" de Rene Eller, film hollandais mettant en scène un groupe d'adolescents s'ennuyant ferme au pays du nudisme et du vélo. Après s'être livrés à divers jeux érotiques, ils tombent dans la prostitution et autres dérives malsaines.

Alors là, Cyril l'a présenté d'emblée comme n'ayant aucun rapport avec le fantastique et c'est vrai que même de loin, c'est un métrage qui n'a vraiment rien à faire dans un festival de films "fantastic". Tout au plus peut-on le relier au thème du psychopathe, à travers le portrait du chef de ce petit groupe. C'est bien joué, bien filmé (sans aucune personnalité cela dit) : mais, devant cet enchaînement de scènes trash en tous genres, on a quand même l'impression de se taper un Zone Interdite salé sur les "dérives" des ados d'aujourd'hui. "We" manque complètement de point de vue, d'un vrai regard, il présente des personnages complètement idiots, tous dénués d'empathie et de sens critique sur ce qu'ils font.

La scène où le groupe découvre l'article sur l'accident de voiture (avec sa musique dark "attention, c'est le mal !") est symptomatique de l'échec de ce film : sur tout le groupe, il n'y en a qu'une seule qui émet un vague regret, tous les autres trouvent ça tordants. Une de leurs amies meure, ils ont tous l'air de s'en foutre, y compris celui qui était amoureux d'elle ; ils ne pensent qu'à sauver leurs fesses et continuer leur business ; ils ne s'intéressent à rien à part au cul et à la limite à l'argent ; les filles se prostituent, ils font du chantage, il n'y en a aucun qui a l'air d'être marqué ne serait-ce que de manière subconsciente par ce qu'ils font, d'être ne serait-ce qu'un peu perturbé, etc... Ou alors vraiment à la marge...

D'ailleurs, on ne comprend pas très bien : certains personnages sont censés "quitter" le groupe, mais restent quand même avec leurs amis durant tout le film... Des personnages sans morale (passe encore), mais surtout sans aucune sensibilité ni intelligence, juste des pantins. Bref, des personnages d'ados vides, amorphes (sauf leur chef démoniaque), vus sans aucune empathie par le film, et donc par le spectateur, ce qui laisse sur l'impression d'un métrage surtout racoleur, vide, sans aucun recul, regard ou réflexion pertinente sur son sujet (tout le contraire de "Lords of Chaos" donc, qui à sa manière parle aussi de jeunes gens à la dérive) ; un catalogue de scènes trash au fond sans réel fil conducteur... Bref, je ne suis pas loin d'avoir franchement détesté ! 2/10

Enfin, film de clôture avec "Sorry to Bother You" de Boots Riley, film indépendant américain à la croisée de Michel Gondry, Terry Gilliam, Spike Lee et même Martin Ritt ("Norma Rae" étant cité explicitement). Dans une proche futur indéfini, un jeune homme travaille comme télévendeur dans un centre d'appels. Sa technique de vente consistant à se faire passer pour un Blanc (alors qu'il est noir : il prend une "voix de blanc") lui réussit si bien qu'il est promu et monte dans les hautes sphères de la société...

Si au départ, "Sorry to Bother You" semble être une comédie sur le monde du travail dans un univers un peu à la "Brazil", il dérape complètement dans un délire SF assez en roue libre dans son dernier tiers. La force de Boots Riley est de proposer un métrage aux thématiques inattendues, au point de départ tordu (un Noir américain qui réussit dans la vie en devenant marchands d'esclaves). Comme "Assassination Nation", nous avons un film américain qui se veut revendicatif dans le cadre des années Trump (un peu trop d'ailleurs, même si c'est moins lourd que le film de Sam Levinson). Il y a un côté bricolé sympathique, des vraies surprises, des gags qui tapent juste (le rap !), un ton amusant, les acteurs sont sympathiques aussi. Cela dit, la forme cinéma n'est pas très soignée, plutôt brinquebalante et inégale, on est loin du style coup de poing hyper maîtrisé et cinématographique d'un Spike Lee des grandes années, et c'est sans doute ce qui fait la fragilité de ce long métrage, amusant et riche en idées, cependant... 6/10

Bon, je ne vais pas mentir, après le quasi-sans faute de l'année dernière (à part "Leatherface"), la programmation de cette année m'a moins convaincu, plus inégale, moins homogène, avec au moins deux films complètement HS et quand même quelques films objectivement franchement mauvais (je pense en particulier à un "Girls With Balls" pas très éloigné d'un "Sheitan" pour moi, "Achoura" et "The Unthinkable"). Mais il y avait aussi des bons films intéressants, de l'exotisme bon esprit (comme "Ne coupez pas" ou "The man who feels no pain"), et deux films largement au dessus de la mêlée, que je n'attendais pas, avec "In Fabric" et "Freaks"...

En terme d'organisation et d'accueil, le PIFFF et le Max Linder étaient à nouveau totalement au top, avec une équipe toujours souriante, disponible, irréprochable de gentillesse, pour des séances qui s'enchaînaient sans aucun stress, avec un Cyril très en forme cette année, semblant être partout à la fois. Et avec une gestion remarquable de la journée de samedi, pourtant très chaude dans la rue, le quartier ayant été un de plus agités de Paris en terme de casse : cela a été vraiment remarquablement géré, toutes les séances ont eu lieu à l'heure, avec fluidité, l'organisation ayant été tenue sans que jamais on ait eu l'impression que la sécurité des spectateurs ait été négligée.

Donc, à l'année prochaine, peut-être... :)

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Allan Theo
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Re: PIFFF 2018

Message par Allan Theo » lun. déc. 10, 2018 4:19 pm

Rohhh comment ça peut-être ? :(
Merci en tout cas de tout tes comptes rendus, ça fait super plaisir à lire :-D

Et faut qu'on essaye de ce voir un peu plus souvent Manu !!
"Comme disait mon ami Richard Nixon, mieux vaut une petite tâche sur la conscience qu'une grosse sur l'honneur. Allez en vous remerciant bonsoir."

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