Coup de torchon de Bertrand Tavernier (1981)

[Dragonball]

Lucien Cordier, unique policier d'une petite bourgade africaine, est un etre faible. Sa femme le trompe, les proxenetes le provoquent ouvertement, le representant de l'ordre est la risee du village. Rabroue par son superieur, Lucien entre dans une folie meurtriere.

Source : Allociné.

Découvert il y a peu et franchement amusé par cette histoire d'un homme humilié qui va soudain se transformer en une sorte d'ange exterminateur !

Ce pitch de base aurait pu être celui de n'importe quel film d'exploitation mais celui ci va tendre, au fur et à mesure du métrage, à se compléxifier de plus en plus, le personnage de Philippe Noiret passant peu à peu du stade brave type pétant les plombs à celui des manipulateur rusé pour carrément finir en monstre froid.

Un monstre sur lequel on ne peux cependant pas s'empécher de porter un regard plutôt bienveillant, tant son univers semble être le terrain de jeu de personnages plus ou moins dingues, entre sa femme, une salope de première (Mais comment Tarvernier a t-il pu rendre Stéphane Audran aussi laide ? ), son amant limite débile (Eddy Mitchell, excellent), les maqueureaux arrongants, le chef de la police qui le prend pour un débile, sans oublié évidement une gentille fille un peu nymphomane sur les bords interprété par une Isabelle Huppert plus excitante que jamais !

Le tout sur fond d'Afrique coloniale et de seconde guerre mondiale imminente.

Le film est donc excellent, drole et cruel à la fois et remplit de personnages hauts en couleurs baignant dans une ambiance parfosi à la limite du fantastique, ce qui permet aux réalisateur certaines audaces qui aurait normalement paru un rien saugrenues ! (Le coup du jumeaux ! )

A découvrir.

[Manolito]

Un classique du Film Noir à la française, portrait grinçant d'une société coloniale composée de ratés ayant échoué au fin fond d'une Afrique où ils n'ont rien à faire et recomposent une comédie humaine basée sur l'égoïsme et la malveillance. Ce microcosme médiocre et hypocrite, le trop brave Lucien va l'essuyer d'un "coup de torchon" sec et efficace, écrasant ses ennemis comme des insectes, en jouant sur leurs faiblesses... Il ne méritent de toutes façons pas mieux. Le meilleur Tavernier, un des meilleurs rôles de Noiret, un classique du cinéma français clairement, qui mérite largement sa réputation...

[riton]

Un classique du Film Noir à la française, portrait grinçant d'une société coloniale composée de ratés ayant échoué au fin fond d'une Afrique où ils n'ont rien à faire et recomposent une comédie humaine basée sur l'égoïsme et la malveillance.

L'ironie, c'est que c'est tiré de 1275 âmes de Thompson, donc un grand classique du roman noir américain (le numéro 1000 de la collection Série Noire, ainsi qu'indiqué sur l'affiche).
A part le lieu de l'action, le film tire ses éléments et thématiques du bouquin, mais dans le registre de l'adaptation stricto sensu le choix des acteurs (ou de leur direction) laisse à désirer, surtout Noiret qui est un peu trop jovial. Globalement la noirceur de l'oeuvre originale a donc été un peu atténuée.

[mallox]

Je me souviens de ce film à sa sortie, et je me souviens m'être dit qu'il était strictement impossible de livrer un mauvais film avec un tel roman. Je le pense encore aujourd'hui. D'ailleurs je ne vois aucune adaptation de Thompson, ratée. Maintenant force est d'admettre que tavernier pour le coup, l'a plutôt bien adapté en le transposant en Afrique coloniale.

#Quelques joyeusetés du roman qu'on retrouve plus ou moins dans le film (si ce n'est littéral, l'esprit en tout cas n'est pas trop mal conservé) :

-Et j’ai décidé que je ne savais foutre pas ce que je pourrais bien faire.

-Comme elle est couchée sur le ventre je ne vois pas sa figure, et ça vaut beaucoup mieux, croyez-moi.

-Y a guère de ressemblance entre Lennie et ta femme. A moins qu’on vous le dise on ne devinerait jamais qu’ils sont frère et sœur…

-Tout ce qu’un type aurait le droit de faire sans risquer d’être expédié au violon, c’était de boire de la limonade et peut-être d’embrasser sa femme. Ce qui ne leur disait pas grand-chose aux gars. A leurs femmes non plus d’ailleurs.

-Amy renifle un coup et se met à rire :

" Oh, Nick ! Je ne connais vraiment personne dans ton genre !

J’espère bien ! Sinon, le monde serait bougrement mal parti ! "

-Ce que je pensais, c’est qu’elle devait avoir des fourmis dans le pantalon ou des démangeaisons dans le calcif ou enfin ce qu’on dit en pareil cas.

-C’est clair comme de l’eau de roche : Oncle John a tué Tom, après quoi Tom tout mort qu’il était a trucidé Oncle John. Ou le contraire.

-C’est pas une raison parce que je mets la tentation à la portée des gens qu’ils doivent forcément se laisser tenter.

-C’est Amy Mason, hein ! Tu te débarrasses de tout le monde pour pouvoir te marier avec elle !

-Je crains que de l’épouser, ça nuise à mon travail. Parce qu’il faut que j’y pense à mon travail.

Un maître le Jim Thompson !

[celia0]

Il faut voir le dvd criterion rien que pour entendre notre Tata national s'exprimer en anglais sur ce film.
"hello, my name is beuuurtrand taveurnier, i'm the director of clean slate"

Interessant, Tavernir raconte comment il a eu l'idée de transposer la nouvelle de Thomson en Afrique grâce au livre de Celine "voyage au bout de la nuit"

[rusty james]

C'est quand même pas super drôle
Il est vraiment pathétique Noiret dedans je trouve, et s'il y a certaines situations cocasses et un haut degrés de nihilisme, on est loin d'une réelle ironie.
Je me souviens qu'en voyant les extraits quand j'étais gamin (l'engueulade du début quand Mitchell vire Noiret par exemple) et étant donné les acteurs en présence (Marielle est - forcément - doublement excellent au passage !) je m'attendais plutôt à une comédie (bein oui je connaissais pas Jim Thomson à l'époque). Que neni ! c'est quand même sacrément poisseux et sordide (l'Afrique rendant bien çà effectivement avec son climat chaud et humide, la transpiration, tout çà... un joli contrepoint au thriller à la seven donc) !

[celia0]

Honnêtement j'ai regardé la moitié du film et j'ai pas eu envie de voir la suite. Rien ne m'a captivé, la steadycam de Pierre william Glenn est jolie mais aucune scène ne m'a marqué et les personnages sont pathétiques sans être mémorables. Je m'attendais à plus fort et plus nerveux.
La seul violence est juste dans le message du film "les français qui vivent en Afrique sont des profiteurs et des racistes"
Faudrait que Spike Lee voit le film.

[rusty james]

Bein c'est plus du Tavernier qu'autre chose (comme tout auteur qui se respecte, il s'approprie la matière première pour la façonner à sa sauce), perso. j'ai été bercé au "tata" ou au "chacha" donc y'a pas trop de quoi être vraiment surpris...

[haxandreyer]

En une semaine, je me suis enfilé tous les DVDs du coffret Noiret/Tavernier.
Ne les ayant jamais vus à la télé, je m'étais dit que je pourrais découvrir ces films tranquillement... et bien, de façon inattendue, ce fut la claque !

Je ne connaissais que L627 de Tavernier, et là je dois bien avouer qu'il est (fut ?) l'un des plus talentueux metteurs en scène français, alliant ancienne et nouvelle générations.

Coup de torchon bénéficie de dialogues savoureux servis par des interprètes habités. Glenn fait comme toujours des merveilles. Alors que le langage cinématographique utilisé me saute toujours aux yeux dans un film, dans les Tavernier/Noiret/Glenn, je ne vois rien. La mise en scène est tellement forte qu'elle est invisible.

Cette scène entre Marielle bis et Noiret est juste extraordinaire. Et sans en avoir l'air, celles avec cet odieux Guy Marchand sont d'une violence et d'une beauté

Bref tout ce que j'aime dans le cinéma français est dans Coup de Torchon: des vraies situations, des personnages forts (même si secondaires), des dialogues ciselés,... et de l'esprit.

A mes yeux, le fils de Tavernier s'appelle Guillaume Nicloux.