Fellini's Casanova (1976) de Federico Fellini

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Jeremie
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Fellini's Casanova (1976) de Federico Fellini

Message par Jeremie » mar. févr. 28, 2006 8:09 pm

Il Casanova di Federico Fellini

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Après l'exploration de ses souvenirs et de ses passions (les Clowns, Rome, son enfance), Fellini revient au film historique, un genre qu'il n'a plus touché depuis son furieux Satyricon. C'est un grand mythe italien auquel il s'attaque, à savoir Casanova, et je dis bien "attaquer"...

Casanova est loin d'être "beau" : c'est un homme cultivé, charmant avec les demoiselles, distingué, constamment paré de ses plus beaux atouts mais se révélera comme un être brisé...en grande partie par les femmes.
A chaque de ses ébats, un petit oiseau d'or emerge de sa boite et se met à bouger frenetiquement sur une petite musique obsédante. Même si les compagnes du Sir semblent s'amuser, les scènes d'amour sont filmées de manière totalement anti-érotique, de manière totalement grotesques, comme une activité physique écrasante et douloureuse pour Casanova.
Même s'il n'atteint pas la crasse et la mechanceté de la Rome Antique qu'il a autrefois depeint dans Satyricon, Fellini filme un 18e siècle bruyant et assomant, rythmé par fêtes et orgies, et pourtant si sinistre et incommodant.
Les gens sont laids, enervants, crispants; les femmes sont blafardes et grimaçantes, mis à part quelques exeptions. Casanova perdra ses amours, et ne trouvera jamais réellement le bonheur, même dans le sexe. Fellini en fait un être livide et terne, solitaire, comme l'indique cette belle scène ou l'Opéra ou il se trouve s'eteint et perd ses couleurs en quelques instants. Son petit tour de l'Europe (Venise, Allemagne, France, Angleterre) sera jalonné d'ébats et de rencontres étranges, de personnages hystériques (mention spécial à Daniel Emifork, futur Kronk de La cité des enfants perdus), qui le transformeront en un homme deçu et pathétique.

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Regal esthétique de tous les instants (le carnaval avec cette statue emergeant de l'eau, le jardin embrumé, le ventre de la baleine et les esquisses de Topor, la mer...), imprégné bien evidemment d'une folie toute Felliniene (le passage chez les Allemands, la joute de baises, la partouze dans l'auberge, l'ébat délirant avec la religieuse, la table séparant des Français exubérants et des Espagnols sinistres...), le film devient même touchant dans cette relation entre Casanova et cet automate féminin et cette magnifique fin, dernier songe d'un Casanova esseulé et vieux, mais aussi rêveur.

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Imdb indique une durée de 166 minutes (outre deux autres durées) et pourtant le film fait 148 minutes sur le dvd Carlotta (et sur la copie diffusée sur F3 l'autre jour je crois). Alors erreur ou existe t-il une version plus longue ?? (je crois qu'une scène a été coupée ou Casanova s'adonnait à l'homosexualité, non ?).

Manolito
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Message par Manolito » mar. févr. 28, 2006 8:22 pm

Je n'avais pas DU TOUT apprécié ce Fellini, qui reflète pour moi tout ce qu'il peut y avoir d'écoeurant, de gavant dans son cinéma. Fellini méprise son personnage principal, peut-être à raison, et en fait un pantin crispant, perdu dans un monde de marionnettes grimaçantes où règnet l'artifice. Casanova est vaniteux, se croit expert dans tous les arts, mais, incapable d'aimer autre chose que lui-même, il rate finalement sa vie et meurt solitaire...

Le début à Venise, avec l'extraction de la statue est effectivement très belle, mais la suite m'a beaucoup moins plu. A part le passage avec la baleine, le seul que j'ai vraiment trouvé joli. Le reste, c'est de lagrimace de la laideur, des hurlements, et sur une très longue durée...

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DPG
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Message par DPG » mar. févr. 28, 2006 11:06 pm

J'en garde pas un super souvenir non plus, et les qques minutes que j'ai vu dimanche soir en zappant ne m'ont pas franchement donné envie d'y replonger de sitot... Donald Sutherland qui se tape une poupée en bois, j'avoue que j'attendais mieux d'un Casanova par Fellini....
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Message par tanger » mer. mars 01, 2006 7:49 pm

Il n'y a qu'une version.Celle de 148 mn.La durée de 166 mn donnée par Imdb est erronée comme beaucoup d'autres infos-durées sur ce site.
Il faut aussi prendre en compte la vitesse de projection qui différe entre les US et l'Europe due à la différence de format vidéo-NTSC/US et Secam/Europe,format sur lequel se base Imdb pour indiquer les durées de films.
N'importe quel film d'une durée de 90 mn indiquée par Imdb correspond à 86 mn environ chez nous.C'est facilement vérifiable sur n'importe quel DVD Zone 2 de cette durée en le comparant à la durée Zone 1.
Imdb aurait donc du indiquer 155 mn.Ce qui correspond pour nous à 148 mn.
Maintenant il peut exister une scéne manquante qui tire le film jusqu'à 166 mn mais vu qu'elle n'a jamais été incorporée à aucune copie du film à sa sortie ou depuis cela m'étonnerait qu'elle soit parvenue outre-atlantique.On vérifiera avec la version director's cut si elle sort un jour.
Je suis d'accord avec toi Jeremie.A mon avis c'est le meilleur film de Fellini avec le Satyricon.

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infernalia
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Message par infernalia » jeu. oct. 23, 2008 12:27 pm

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Vive le fantastique italien....
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Re: Fellini's Casanova (1976) de Federico Fellini

Message par eric draven » lun. déc. 01, 2008 11:01 pm

Enfin découvert ce film de Fellini via Arte, le DVD étant d'un prix inaccessible... De qui se moque t'on!! :twisted:

Fellini s'attaque ici à un mythe, celui de Casanova, ce grand seducteur, mais cette fois Fellini le detruit faisant de cet homme un être décadent face à sa propre déchéance qu'il doit en partie aux femmes, créatures infernales.
Loin de son image flamboyante, il est ici un homme déchu, laid et vaniteux mais qui auto-proclamé expert et orné de ses parures les plus belles butine de fleurs en fleurs afin de se livrer au plaisir du sexe, un sexe qu'il veut sale et sinistre où jamais il ne trouvera son bonheur.
Voila un univers typiquement fellinien: il nous offre sa propre illustration, s'approprie le mythe- d'ou le titre- et étale de facon flamboyante son 18eme siecle assommant rempli de femelles laides et blafardes, matronnes felliniennes, agrementé d'orgies et de fetes carnavalesques.. ou pourtant casanova finira seul et vieux, homme sans vie, automate.
Ne fera t'il pas d'ailleurs avec une automate à l'aube de sa mort.. poupée mecanique entre poupée mécanique

Casanova est un être deshumanisé, comme sorti du néant, un être vide et abject a l'image de cette société décadente de salon. Ce vide que Fellini symbolise par ce masque facial outrancier que porte Casanova, dénué de toute expression.
Tout dans le film, chacun des décors, des masques symbolise ce personnage ou y trouve écho.
Contrairement a Comencini avec son Casanova un adolescent à venise ou Kubrick avec barry Lindon qui de leur coté tentaient une approche critique, fellini se contente d'imager et décrire son personnage et son néant.
On peut se demander alors l'interet du film.. qui réside avant tout dans ces superbes decors baroques, démesurés, la richesse de l'image et de la symbolique.. la grandiloquence et la crasse de son Italie décadente et la chute du mythe... accompagné de séquences absolumment flamboyantes même dans leur artifice ( la mer de plastique...) ou leur hysterie et méchanceté (la joute de baise, l'orgie dans l'auberge, l'ébat délirant avec la religieuse...)

Donald Sutherland est excellent dans la peau poudrée du mythe déchu..

Fellini retrouve ici toute la demesure historique, la décadence et la laideur du satyricon.. un film certes sans grand interet mais dont l'essentiel est son flamboyant baroque.
Voila qui a beaucoup plus a Eric, 2eme apres le satyricon dans mon Top fellinien!!!
Je pourrais vous tuer mille fois jusqu'aux limites de l'éternité si l'éternité possédait des limites.

MES FILMS: http://sd-1.archive-host.com/membres/up ... lms_56.rtf

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dog
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Re: Fellini's Casanova (1976) de Federico Fellini

Message par dog » mar. déc. 02, 2008 8:36 pm

J'adore ce film, comme tous les Fellini que j'ai pu voir, mais c'est vrai que sa vision de Casanova est celle du mépris. Pas seulement du mépris d'ailleurs, il en fait un être monolithique, qui baise à tout va et pontifie, mais le Casanova décrit par lui-même dans ses mémoires est quand même plus complexe, plus étrange. Son goût du gibier faisandé qui rejoint celui des femmes aux odeurs fortes, son interrogation devant l'inceste qu'il a vécu, sa totale liberté d'expression (question cul il y a quand même quelques scènes "gore" quand il baise son ex femme et leur fille par exemple) et même de penser. Casanova est un escroc, un libertin, , il est bisexuel à l'occasion, incestueux (donc) et il est aussi très intéressé par l'alchimie (dont il se sert pour arnaquer mais en laquelle il croit) bref on ne peut pas le résumer à une "légende" de noceur qui fini par terminer seul (à la fin Casanova était ruiné et avait perdu ses illusions certes mais ses mémoires ne sont pas amère) or Fellini s'arrête à la légende pour faire un portrait de la décadence de son époque. S'il voulait détruire le mythe, c'est raté, à sa manière il l'alimente en n'en livrant que la version fellinenne sans interroger le personnage . Le même monolithe en version différente existe ailleurs.
Se faire traiter de con par des imbéciles est un plaisir de gourmet.

"Les anglais sont timides, charmants et monotones. Un peu comme du veau de choix dans une assiette à fleurs."
Alexandre Vialatte

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Re: Fellini's Casanova (1976) de Federico Fellini

Message par Shinji » mar. nov. 08, 2011 3:30 pm

Une superbe reprise de "O Venezia" par Mondo Cane (Mike Patton) :
http://youtu.be/G7e2nMSLbxQ

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