Ah mais je suis d'accord, on dirait l'un de mes speechs d'insurgé !
Sauf sur qcqs détails :
- La première est que son insuccès n'est pas garante d'un propos ou d'une vision originales. Dire que "ça ne marche pas donc il ne me semble pas que Mathieu Kassovitz enfonce des portes ouvertes", je vois pas trop le rapport. Le cinéma n'ets pas une science aussi exacte que cela. Enfin, à mon sens.
- La seconde, c'est que déjà, à l'époque, les réactions sur cette sombre affaire avaient été carrément anémiques. 30 ans après, je ne vois pas comment on peut intéresser le public avec un fait qui déjà, à l'époque, surtout pour son importance, avait laissé relativement indifférent. (je dis pas que c'est bien ou mal, c'est hélas comme ça).
- Après quand je lis le synopsis du film, avant même d'y aller, on se tape la morale du film en pleine poire : "...
Mais en pleine période d'élection présidentielle, lorsque les enjeux sont politiques, l’ordre n’est pas toujours dicté par la morale... ".
Mouais. Pas emballant tout ça. D'autant que ce qu'il convient de penser est déjà pré-mâché.
- Ensuite, égard à l'efficacité dont sait faire preuve le réalisateur, j'y vais tout de même... et là, consternation : Le film est à l'image de son slogan, c'est juste une succession d'aphorismes, de sentences expéditives, de manichéisme à deux balles, dans un film qui se prétend faire oeuvre historique. Je n'en dis pas plus, pas envie d'être méchant, Kassovitz a fait le film qu'il voulait faire, c'est bien. je ne vois pas en quoi ce devrait être forcément un succès. Franchement, vu ce que j'ai pu en dire autour de moi, je suppose que ça n'a pas donné envie à mes proches de s'y déplacer. A mon avis, le bouche à oreille du film, en plus de son côté "tous des pourris / ou tout est pourri" a des aspects bien éventés, surtout pour prétendre rameuter les spectateurs dans une salle. D'où à mon avis un bouche à oreille qui doit être assez tiède et n'aidera pas au succès du film à cours ou moyen terme.
après quand tu dis que "4 ans des démagogie et de cynisme Sarkozyste aient définitivement anesthésié ce pays !" ... ben, je pense que ce doux pays qui est le notre est anesthésié depuis bien plus que 4 ans.
Cite moi les gros succès populaires du cinéma français à travers les décennies, tu ne trouveras pas ce genre de projet dedans ( à moins qu'il y ait Louis de Funès à l'affiche ! ).
Le cinéma n'est pas seulement anémié par une politique dégueulasse assise doublée d'une acceptation massive, non, le cinéma est également contaminé par une envie de distraction (fichtre, quel scandale !
), d'autant que ce genre d'affaires, on en tape chaque jour dans le monde pour peu qu'on s'intéresse à ce qu'il s"y passe. Perso, me taper une caricature à ce point (parce que pour moi, c'en est une, il ne convaincra que les convaincus, et encore ! à moins que le film canalise en même temps toutes les frustrations sociopolitiques du moment, mais faut pas rêver), un film d'un schématisme ridicule, unilatéral, caricatural, franchement, bof. J'ai pas envie de le conseiller.
Après tout, personne ne s'insurge lorsqu'un Philippe Noyce se ramasse avec "Le Chemin de la liberté", par exemple. Et c'est pourtant une page d'histoire au moins aussi édifiante que celle-ci !
Bref, perso, je trouve ça bien déjà que Kassovitz ait pu monter le projet qu'il voulait, qu'il puisse le mener à son terme. C'est le plus important. Après les succès et les échecs, c'est autre chose. On a l'impression que le film DOIT a à tout prix marcher sinon quoi, c'est
anormal et les gens sont cons. Je reste persuadé que le film serait tourné par un illustre inconnu que personne n'aurait manifesté son mécontentement face à son échec en salle.
Finalement un peu à l'instar de la réalisatrice qui traite les gens d'antisémites parce que les gens ne vont pas voir ou n'aiment son film (médiocre) sur La rafle du vel' d'hiv'.
Je trouve déjà le cinéma de Gavras trop schématique et grossier, celui de Boisset aussi, mais celui de Kassovitz les dépasse tous les deux de façon aveugle, comme une jeune chien fou qui croirait avoir inventer la justice et l'indignation. Dommage car cette page d'histoire peu reluisante méritait d'être illustrée de façon plus subtile. Sa charge n'en aurait été que plus efficace. Là, désolé, c'est juste un pétard mouillé.