L'histoire :
"Un jeune medecin vient de s'installer dans la région, il s'aperçoit vite que tout ne tourne pas toujours très rond et que nombre de ses patients consultent apres avoir ete victimes de morsures. Il apprend que, pour se proteger des agressions nocturnes, les habitants ont achete des chiens de garde."
Film assez curieux mais très intéressant que ces "Chiens". Un film assez typique d'une certaine frange du cinéma français des années 70. Un cinéma engagé, dénonciateur des travers de notre société, de ses dérives actuelles, des germes des éventuelles futures à travers une certaine anticipation, voire même un grossissement des traits. Un cinéma souvent juste, même si pas toujours assez fin, et il faut le reconnaitre 30 ans après, souvent visionnaire.
"Les chiens" abordent donc le thème de l'auto-défense, des différentes réactions que peuvent aborder une société face à l'insécurité. Des termes que l'on entend plus que jamais dans nos médias et qui permettent de voir le film sous un autre jour en 2006.
Ici la délinquance, ce sont comme souvent "les autres". Au début les noirs, puis quand ils se calment les jeunes. Puis tous les autres qui ne pensent pas pareil en fait.
Face à cela, deux façons de réagir, personnifiées par les deux personnages centraux, celui du docteur sage et raisonnable, joué par Victor Lanoux, et celui du maitre chien, repondant à la violence par la violence, en se servant de ses bêtes, joué par un excellent Depardieu. Mais l'interet du film ne se limite pas dans la peinture de ces deux figures, elles même déjà très riches et complexes. Les seconds roles sont tous très soignés, nous montrant tour à tour des gens retournant leur veste, indécis, pret à suivre le premier mouvement venu, à croire en tout et n'importe quoi pour sauver leur petit confort personnel, bref, une peinture guère reluisante mais terriblement bien croquée.
Ce qui permet au film d'avoir la force qui est la sienne tient également beaucoup au climat qu'a réussi à créer Jessua tout au long du film. Dès le début, on sent que quelque chose cloche. Cela parait anodin, puis prend une place de plus en plus importante. Le malaise grandit, les personnages se montrent sous leur vrai nature, et tout cela va crescendo jusqu'au final (final certes réussi mais qui aurait pu être à mon avis beaucoup plus "musclé", aller bien plus loin dans la folie des hommes vu ce qui précède). En tout cas on baigne sans cesse dans une ambiance assez malsaine, parfois à la limite du fantastique quand on voit ces hordes (bon c un grand mot "horde" pour le film qd meme !) de citoyens débouler en rang serré, leur chien à la main.
Au final, un film très réussi donc, on peut lui reprocher un manque de finesse dans certaines scènes où, à l'image d'un Boisset, on ne risque pas de ne pas comprendre le message ! ou bien le fait que la violence soit peut-être un peu soft pour le sujet. Mais il en reste une oeuvre assez visionnaire, troublante et qui pousse à la reflexion. Premier pas pour ma part dans l'univers d'Alain Jessua, je vais m'empresser d'aller voir plus loin ! (surtout qu'il y a deux Delon à bonne reput !

