
Je garde un bon souvenir de Mary et Max, précédent film de Adam Elliot, mais j'ai beau avoir acheté à l'époque de sa sortie l'édition BR, je n'ai jamais trouvé le mood de le déplastifier pour le revoir. Faut dire qu'il est nécessaire d'être dans une certaine configuration mentale et émotionnelle pour se plonger dans l'univers déprimant de ce réalisateur. Il en va de même pour Mémoires d'un escargot, récit d'une existence jonchée de tragédies et de malheurs, mais dont la pulsion de vie n'est jamais totalement absente. L'humanité brille en effet dans tous les personnages, certes à divers degrés (la famille de fondamentalistes chrétiens et vénérateurs de la Pomme est particulièrement corsée), avec une claire appétence pour les plus excentriques. Elliot nous invite ainsi à traverser des océans de larmes dans une foi aveugle et sincère en un futur plus heureux, pour peu que l'on parvienne à s'extirper de nos prisons intérieures.À la mort de son père, la vie heureuse de Grace Pudel, collectionneuse d'escargots et passionnée de lecture, vole en éclats. Arrachée à son frère jumeau Gilbert, elle atterrit dans une famille d'accueil à l'autre bout de l'Australie.
Mémoires d'un escargot bénéfice d'une belle technique d'animation par stop motion, que je me suis surpris à oublier en cours de route tant elle est fluide. Pour ce faire, le film évite de verser dans l'action sensationnelle, se centrant vraiment à hauteur de ses personnages plutôt statiques. Et quelle galerie de trognes d'arrière-plan ! Marrant également de voir l'animation dans l'animation, l'héroïne se rêvant réalisatrice dans ce domaine, jusqu'à tenter de mettre en scène son propre parcours de vie. La résilience par l'expression artistique, un des cœurs de l'œuvre d'Elliot.