ALIEN : j'ai toujours trouvé le film mou, soporifique... La photo est superbe, le suspense bien géré, le design de Giger -mêlant sexe et mort- complètement révolutionnaire, certaines images restent gravées à vie dans la mémoire (l'extra-terrestre géant fossilisé), et le genre du "film de monstre" alors ringardisé s'en est trouvé révolutionné, mais il n'empêche...
La faute peut-être due aux personnages, auxquels j'ai du mal à m'attacher, et à mon manque d'intérêt pour les histoires où on assiste à l'extermination de tous les acteurs, sans qu'on ne s'en soucie vraiment.
BLADE RUNNER n'est pas un film, c'est une expérience. Un spectacle dont on ne ressort pas le même. Une expérience sensitive d'abord, par sa drôle d'ambiance mélancolique dans un cadre rétrofuturiste avec ses immeubles déserts, son absence de soleil, sa technologie rouillée, cette musique envoutante... Mais aussi une expérience intellectuelle par ses questionnements sur l'identité : qu'est-ce qui fait que nous existons ? Le nom du Blade Runner, Deckard, un nom pas très éloigné de celui de Descartes, auteur du fameux "
Je pense donc je suis", apporte un semblant de réponse à cette question...
LEGEND : très impressioné par le look du personnage diabolique, je n'ai jamais vraiment accroché. D'ailleurs, je me souviens à peine du film, si ce n'est des apparitions de ce personnage.
BLACK RAIN : thriller urbain sans prétention, mais la touche Ridley Scott fonctionne toujours. On sent le film fait pour gagner des points auprès des producteurs, Scott revoie ses ambitions à la baisse, et au final ça nous donne une bonne petite série B nerveuse et efficace basée sur le choc des cultures américaines et japonaises. Photo superbe, comme d'habitude.
GI JANE : mais qu'est-ce qui lui a pris ? Scott tente le brulot féministe, et on se retrouve avec Demi Moore le crâne rasé embrigadé dans la Delta Force à gueuler "Suce-moi la bite !" à son sergent instructeur !
Je cherche encore à comprendre... Peut-être la poursuite du thème développé dans THELMA ET LOUISE...
GLADIATOR : le grand Scott revient avec un sujet qui lui sied au poil : un villageois, devenu général, devenu esclave, devenu gladiateur... Il nous raconte sa vie ! Avec tout son talent au service de l'histoire et de l'image, et un Russel Crowe charismatique à souhait, le charme opère. C'était risqué, un péplum au 21ème siècle, mais la force des personnages et des images a dépoussiéré le genre.
HANNIBAL : Scott nous la joue Grand Guignol. Chose rare : il nous livre un film visuellement moche. Moins rare : un film chiant. Il essaye de retrouver l'ambiance malsaine du livre, mais on sent que ça n'est pas trop son truc, à Scott, le crado.
Il va quand même au bout de son idée en assumant la dernière scène, à base de cervelle à la coque assez écoeurante. Dérangeant, mais pas fait pour Scott.
LA CHUTE DU FAUCON NOIR : sujet à controverse sur le fond, Scott livre un excellent film de guerre, palpitant bien comme il faut sur la forme. Le film relate assez bien le désastre qu'a été l'opération américaine, mais en provoquant parfois un léger malaise dans son parti-pris. Superbe réalisation en tout cas.
KINGDOM OF HEAVEN : Scott revient aux grands sujets, à ses grandes ambitions : rien de moins que de filmer un épisode des croisades à une heure de relation tendue entre chrétiens, juifs et musulmans (je parle d'aujourd'hui). La première version diffusée en salle s'avère charcutée -mais il commence à avoir l'habitude- jusqu'à froler l'incompréhensible.
Heureusement, le DVD existe, et Scott nous sort de son chapeau la version qu'il avait en tête, et celle qu'on rêvait de voir. Résultat : un chef-d'oeuvre épique, à la fois simple et complexe, un autre regard sur les croisades (et oui, chrétiens, juifs et musulmans ont vécu en paix à Jérusalem), à travers les yeux d'un personnage comme on les aime : un jeune forgeron catapulté chevalier (joué parfaitement par Orlando Bloom).