American Psycho - Mary Harron - 2000
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American Psycho - Mary Harron - 2000
American Psycho ou le Dorian Gray moderne
Dehors, Patrick Bateman a tout : un emploi stable et bien rémunéré, la beauté et le charme, la richesse facile, la "conscience" professionnelle… Seulement quand on ouvre son crâne, on découvre rien de bien rassurant. Narcissique, maniaque, jaloux et envieux, célibataire qui ne suit sa libido qu’en se payant quelques prostituées d’un soir... Et peut-être que ce type nous ressemble plus qu'on ne le croît.
La modernité, celle qui comble nos journées à travailler, pour la plupart, dans une entreprise et rencontrer des collègues, c'est cette modernité là qui surplombe cette oeuvre que j'ai trouvée fascinante. Cette tension si particulière qui consiste à s'adapter à la vie quotidienne est parfaitement retransmise dans ce personnage qu'est Bateman joué par un Bale qui correspond exactement à ce caractère de fou, de parano, mais c'est un personnage que l'on comprend malgré tout... un peu comme on comprendrait un certain Alex Le Large. Ce film, c'est une sorte d'Orange Mécanique révisé, un joli brûlot, une satire génialement mise en scène par Mary Harron.
Mais ce qui est terrifiant, au-delà des scènes qui m'avaient impressionné quand le film est sorti - quand Bateman tue sa victime en lui faisant l’amour, les coups de hache etc. - ce sont les mécanismes qui génèrent la folie de Bateman. Parce que Bateman n'est pas né fou, il le devient. Voilà la Nuance qu'a comprise la réalisatrice qui pour les mauvaises langues ne respectaient pas le roman (donc on va lui mettre une sale note car la réalisatrice a été méchante !). Sauf que le roman est... mal écrit ? Sauf que le roman insiste sur des effets qui auraient rendu ce film touffu. Et Harron respecte l'esprit du film : c'est une farce et la chute est hallucinante, seul le visage de Bateman suffit pour m'avoir convaincu là-dessus. L'esthétique du meurtre confine à une jouissance presque sadique : on met la blouse, du Phil Collins, on prend une hache, et en avant la musique !
Bateman devient fou à cause d'une société basée sur le progrès aiguillé par ce sens du "toujours plus", le regard des autres évidemment, cette soif inassouvie d'être le plus fort, le meilleur etc., ainsi d'écarter toute concurrence, sexuelle, politique, financière. C'est pourquoi ce film ne se contente pas de nous verser de la violence ou de l'érotisme gratuit - Bateman, comble du narcissisme, se filmant en pleine ébauche. Ce film est une belle farce grinçante et Bale est décidément un grand acteur.
On notera le style maîtrisé du film avec la mise en avant de cette voix froide et intérieure qui résonne, comme si c’était à nous qu’elle parlait. Il finit par concrétiser ses pulsions intérieures et les limites de la morale, du civilisé, s’effacent. Les acteurs et Bale en tête sont excellents et accompagnent parfaitement bien l'humour noir et décalé tendance Tarantino. Le film jongle même avec ses personnages secondaires. Cette oeuvre est un mélange de thriller déjanté salé par quelques effets d'horreur psycho. J'ai pris un pied fou en regardant ce film qui se joue du sérieux, de l'artifice. Le syndrome Bateman est désormais une philosophie de vie.
15,5/20
Dehors, Patrick Bateman a tout : un emploi stable et bien rémunéré, la beauté et le charme, la richesse facile, la "conscience" professionnelle… Seulement quand on ouvre son crâne, on découvre rien de bien rassurant. Narcissique, maniaque, jaloux et envieux, célibataire qui ne suit sa libido qu’en se payant quelques prostituées d’un soir... Et peut-être que ce type nous ressemble plus qu'on ne le croît.
La modernité, celle qui comble nos journées à travailler, pour la plupart, dans une entreprise et rencontrer des collègues, c'est cette modernité là qui surplombe cette oeuvre que j'ai trouvée fascinante. Cette tension si particulière qui consiste à s'adapter à la vie quotidienne est parfaitement retransmise dans ce personnage qu'est Bateman joué par un Bale qui correspond exactement à ce caractère de fou, de parano, mais c'est un personnage que l'on comprend malgré tout... un peu comme on comprendrait un certain Alex Le Large. Ce film, c'est une sorte d'Orange Mécanique révisé, un joli brûlot, une satire génialement mise en scène par Mary Harron.
Mais ce qui est terrifiant, au-delà des scènes qui m'avaient impressionné quand le film est sorti - quand Bateman tue sa victime en lui faisant l’amour, les coups de hache etc. - ce sont les mécanismes qui génèrent la folie de Bateman. Parce que Bateman n'est pas né fou, il le devient. Voilà la Nuance qu'a comprise la réalisatrice qui pour les mauvaises langues ne respectaient pas le roman (donc on va lui mettre une sale note car la réalisatrice a été méchante !). Sauf que le roman est... mal écrit ? Sauf que le roman insiste sur des effets qui auraient rendu ce film touffu. Et Harron respecte l'esprit du film : c'est une farce et la chute est hallucinante, seul le visage de Bateman suffit pour m'avoir convaincu là-dessus. L'esthétique du meurtre confine à une jouissance presque sadique : on met la blouse, du Phil Collins, on prend une hache, et en avant la musique !
Bateman devient fou à cause d'une société basée sur le progrès aiguillé par ce sens du "toujours plus", le regard des autres évidemment, cette soif inassouvie d'être le plus fort, le meilleur etc., ainsi d'écarter toute concurrence, sexuelle, politique, financière. C'est pourquoi ce film ne se contente pas de nous verser de la violence ou de l'érotisme gratuit - Bateman, comble du narcissisme, se filmant en pleine ébauche. Ce film est une belle farce grinçante et Bale est décidément un grand acteur.
On notera le style maîtrisé du film avec la mise en avant de cette voix froide et intérieure qui résonne, comme si c’était à nous qu’elle parlait. Il finit par concrétiser ses pulsions intérieures et les limites de la morale, du civilisé, s’effacent. Les acteurs et Bale en tête sont excellents et accompagnent parfaitement bien l'humour noir et décalé tendance Tarantino. Le film jongle même avec ses personnages secondaires. Cette oeuvre est un mélange de thriller déjanté salé par quelques effets d'horreur psycho. J'ai pris un pied fou en regardant ce film qui se joue du sérieux, de l'artifice. Le syndrome Bateman est désormais une philosophie de vie.
15,5/20
Dernière modification par Otis le ven. oct. 27, 2006 12:35 pm, modifié 2 fois.
- F-des-Bois
- Messages : 845
- Inscription : ven. avr. 30, 2004 8:56 am
Sympa ton texte et j'y adhère bien volontiers, American Psychoaurait évidemment pu être encore plus percutant dans les mains d'un cinéaste confirmé mais Marry Harron s'en sort pas trop mal et Christian Bale (incroyablement gaulé ) est fabuleux. Sans être un grand film, c'est plutôt classieux et assez drôle.
Wishmaster, tout comme "The Relic", n'est pas le film du siècle.
Pour la lisibilité du forum et le bon fonctionnement du moteur de son moteur de recherche, merci de respecter la rédaction des titres des thread telle qu'indiqué dans dans la charte du forum, en particulier pour le nom du réalisateur, merci d'avance !!!!!!
viewtopic.php?t=15082
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Dernière modification par Anonymous le ven. oct. 27, 2006 12:18 pm, modifié 1 fois.
- F-des-Bois
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Exactement, cette scène est exquise, j'adore la voix "froide" qui est en fond sonore : on pénètre littéralement dans son subconscient. J'aime le procédé.
La scène du repas et les rapports avec sa "fiancée" m'ont aussi charmé, tout comme sa maniaquerie hallucinante. Et les scènes de meurtre évidemment
La scène du repas et les rapports avec sa "fiancée" m'ont aussi charmé, tout comme sa maniaquerie hallucinante. Et les scènes de meurtre évidemment
Tout pareil.Haribo a écrit :J'avais adoré le livre.
Souvenir d'une sombre merde au ciné.
A revoir?
Bof. Pas trop envie.
Je n'ai pas retrouvé le bouquin dans ce film et pourtant il y avait un énorme potentiel.
Il y a dans le livre de Ellis des scènes d'une incroyable violence et un fond que je n'ai pas retrouvé dans son adaptation.
- fantomas 2
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- DPG
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Moi j'ai vu le film avant de lire le bouquin, j'ai bien aimé les deux, et de tte façon le bouquin etait inadaptable tel quel, donc pas de soucis pour moi de ce coté.
Mais c vrai que Christian Bale est pour beaucoup je pense ds la reussite relative du film, il EST Patrick Bateman. J'aime bien le coté froid, limite clinique du film.
Mais c vrai que Christian Bale est pour beaucoup je pense ds la reussite relative du film, il EST Patrick Bateman. J'aime bien le coté froid, limite clinique du film.
"J'ai essayé de me suicider en sautant du haut de mon égo. J'ai pas encore atteri... "
C'est le mot : "clinique". Je pense aux mouvements de caméra qui nous présentent son "logis" cristallin.
Mais cette histoire d'adaptation me fait quand même sourire : on se réfère au livre à chaque fois mais je crois qu'on fait fausse route. On devrait au contraire comprendre qu'il s'agit de deux esprits différents. Si on jugeait un film en fonction de la fidélité par rapport au récit d'origine, on n'en finirait pas de dire que les + beaux films de Corman sur Poe sont des mauvais films, pareil pour Psychose et Shining...
Mais cette histoire d'adaptation me fait quand même sourire : on se réfère au livre à chaque fois mais je crois qu'on fait fausse route. On devrait au contraire comprendre qu'il s'agit de deux esprits différents. Si on jugeait un film en fonction de la fidélité par rapport au récit d'origine, on n'en finirait pas de dire que les + beaux films de Corman sur Poe sont des mauvais films, pareil pour Psychose et Shining...
- niko13
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Tout a fait, jusque dans le denouement d'ailleurs.Otis a écrit :Mais cette histoire d'adaptation me fait quand même sourire : on se réfère au livre à chaque fois mais je crois q'on fait fausse route.
Je n'ai que moyennement apprecie le bouquin, qui donnait un peu trop dans la surenchere je trouve.
Par contre, j'ai adore le film, notamment grace a la prestation habitee de Chrisitan Bale, decidemment excellent et credible dans tous ses roles.
What the fuck did I do ?