Roma Violenta / Rome violente - Marino Girolami (1975)

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manuma
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Roma Violenta / Rome violente - Marino Girolami (1975)

Message par manuma » jeu. nov. 16, 2006 11:07 am

Le commissaire Betti, dont le frère a brutalement été tué au cours d’un hold up, lutte arme au poing contre le crime à Rome, secondé par deux collègues infiltrés dans le milieu, Biondi et De Rossi. Bientôt renvoyé de la police, qui juge ses méthodes de travail trop brutales, Betti fait la connaissance du juge Sartori qui lui propose aussitôt de prendre la tête d’un groupe de citoyens combattant la délinquance le soir tombé dans les rues de Rome.

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Bizarre, je n’ai pas trouvé de thread consacré à ce poliziesco … alors je m’y colle. Signé Marino Girolami, sous le pseudo de Franco Martinelli, Roma Violenta est un excellent Merli, bien délirant, bien méchant et bourré à craquer d’action. A l’instar de Roma a mano armata, l’intrigue cherche plus à aligner les scènes d’affrontements entre son héros justicier et des voyoux / petits truands tous plus ignobles les uns que les autres qu’à développer une véritable intrigue policière et des personnages forts.

Le message n’est pas neuf : L’Italie – et plus précisément Rome - est assiégée par la délinquance et l’heure est venue de réagir. Et pour nous convaincre de l’omniprésence de cette menace, Girolami met le paquet. A en croire le film, on ne peut visiblement pas faire un pas dans les rues romaines sans se faire braquer. Les transports en commun sont vivement déconseillés, les restaurants à éviter, les supermarchés franchement pas recommandés non plus et les agences bancaires réservées aux suicidaires. On nage dans une paranoïa frénétique générale, le ridicule pointe par moment le bout de son nez, et il convient évidemment de prendre un certain recul pour savourer pleinement le film.

Et ce n’est pas fini. Passé l’une des plus spectaculaires poursuites automobiles qu’il m’ait été donné de voir dans un polar italien, le film prend un virage encore plus fun et irresponsable, alors que Betti décide de s’accoquiner à une bande de braves citoyens cassant de la petite frappe la nuit.

Une amorce de réflexion fait enfin son apparition lorsque les virées nocturnes de Betti et ses p’tits gars finissent par déclencher une spirale de vendettas / vengeances / règlements de compte bien musclés, la violence allant crescendo pour le plus grand plaisir de l’amateur. La conclusion est, comme de coutume dans le genre, sèche et radicale (avec tout de même une petite surprise).

Que du bonheur côté casting, avec un Merli tel qu’on l’aime, droit comme la justice (enfin … presque) et en tout cas pas là pour rigoler, entouré de quelques grands seconds rôles du ciné bis italien de cette époque (Richard Conte, Silvano Tranquilli, John Steiner, Ray Lovelock). La musique des frères De Angelis est également un pur régal.

La version que j’ai vu, d’1h25, semble avoir été rabotée de 4, 5 minutes. J’imagine que les coupes faites concernent les séquences les plus salées du film (le viol de la fille à Sartori, le passage à tabac particulièrement corsé des auteurs de celui-ci).

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eric draven
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Message par eric draven » sam. nov. 18, 2006 1:14 pm

Rien de special à rajouter aux écrits de Manuma.

Roma violenta s'inscrit dans la lignée du polizescho traditonnel mais j'ajouterais juste un bémol à la critique de Manuma..
Le film est souvent gaché par ses incoherences scénaristiques qui le rendent parfois ridicule et on sourit plus qu'autre chose devant les agissements tant des voyous que des policiers. On n'y croit pas une seule minute ce qui nuit ici à la force du récit contrairement à d'autres oeuvres du genre. Mais c'est là du Girolami tout craché, la cohésion n'ayant jamais été sa tasse de thé.

Autre bémol, cette violence dont tu parles plutot gentillette là encore comparée à d'autres oeuvres du genre notamment à certaines de Lenzi entre autres. On reste ici dans une certaine décence, il y a un coté théatral dans les scenes d'action, les scenes de bagarre trop choregraphiées. Il manque ce petit vent de folie, de férocité propre au genre qui adoucit là encore le propos et ces scénes.

Le seul vrai moment de folie étant la scéne de pousuite même si là encore j'ai souri devant son incoherence. ( Merli s'arrete 5 bonnes minutes a regarder des enfants mourir mais dés qu'il redemarre il se retrouve instantanement derrière Steiner!!! Magique!! :lol: )

Merli est égal à lui même, impassible la moustache au vent.. mais un plaisir de revoir brièvement Steiner et surtout sa spendeur Ray Lovelock 8)!! L'amateur de gueuze aura lui la chance de voir brievement la Giordano, pas Mariangela mais Daniela!!

Un bon polizescho au twist final inattendu, un bon divertissement typique de ces années noires italiennes qui malgré ses incoherences et son coté involontairement (?) drole saura plaire à l'amateur du genre..

La version francaise est en effet amputée de 4 minutes.. 85 sur les 89 d'origine..
Je pourrais vous tuer mille fois jusqu'aux limites de l'éternité si l'éternité possédait des limites.

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Message par manuma » sam. nov. 18, 2006 2:25 pm

Concernant ce ridicule auquel n'échappe effectivement pas toujours le film, je citerai en particulier la séquence assez cocasse de l'arrestation du voleur de sacs à mobilette par un flic déguisé en petite vieille servant "d'appat". C'est vrai que là ça fait pas très sérieux.

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Message par riton » sam. nov. 18, 2006 2:30 pm

Le poliziesco le plus réac que j'aie vu. Contrairement à Lenzi qui ne semble que se plier aux règles d'un genre opportuniste, j'ai eu l'impression que Girolami était bien convaincu par son propos.
A l'instar de Draven, je n'ai pas le souvenir d'un film extrêment graphique, et consequemment je ne l'ai pas vu comme un exercice de style excessif, et n'ai pas eu le recul nécessaire dont parle manuma.

Je préfère nettement le Girolami des comédies sexy-débiles.
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Message par manuma » sam. nov. 18, 2006 10:03 pm

Je ne sais pas pour ma part si Girolami croit à ce qu'il filme (et si c'est le cas, c'est un peu inquiétant). Ce qui est sûr, c'est qu'idéologiquement parlant Roma Violenta diffère en effet pas mal des poliziescos de Lenzi avec Merli. Là où ce roublard de Lenzi réussit à brouiller les cartes en pronant tout et son contraire à l'intérieur d'un même film, Girolami ne laisse planer aucun doute quant à la portée très conservatrice, limite fascisante, de son sujet. Et seule l'énormité des situations qu'il met en scène permet de faire passer la pillule ici.

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Message par eric draven » dim. nov. 19, 2006 4:27 pm

riton a écrit : A l'instar de Draven, je n'ai pas le souvenir d'un film extrêment graphique, et consequemment je ne l'ai pas vu comme un exercice de style excessif, et n'ai pas eu le recul nécessaire dont parle manuma.
Euh.. justement je dis qu'il n'est pas du tout excessif!! :lol: et le traite même de gentillet dans sa violence!! :wink:
Je pourrais vous tuer mille fois jusqu'aux limites de l'éternité si l'éternité possédait des limites.

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Message par riton » dim. nov. 19, 2006 6:02 pm

eric draven a écrit :
riton a écrit : A l'instar de Draven, je n'ai pas le souvenir d'un film extrêment graphique, et consequemment je ne l'ai pas vu comme un exercice de style excessif, et n'ai pas eu le recul nécessaire dont parle manuma.
Euh.. justement je dis qu'il n'est pas du tout excessif!! :lol: et le traite même de gentillet dans sa violence!! :wink:
Oui, nous sommes d'accord sur ce point, et c'est bien pour ça que j'ai écrit "A l'instar de Draven". :D
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Message par eric draven » dim. nov. 19, 2006 6:49 pm

C'est dimanche apres midi... :lol: :lol:
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Re: Roma Violenta / Rome violente - Marino Girolami (1975)

Message par Manolito » sam. déc. 25, 2021 10:45 am

Vu sur le forum dvdclassik : il est arrivé sur MyCanal. Classé dans les drames (?), sans résumé, même pas recensé dans la section du cinéma italien. VISTF, image SD, au format... Mais non désanamorphosé... :? A moins d'avoir un écran qui permet de corriger cela (le mode 4/3 complet sur mon Panasonic par exemple), on va attendre qu'ils le repassent dans une copie plus acceptable...

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Re: Roma Violenta / Rome violente - Marino Girolami (1975)

Message par Manolito » sam. janv. 01, 2022 1:17 am

Sur Mycanal, il n'y a pas le dernier DiCaprio, mais il y a du Merli, ce "Rome violente", idéal pour terminer l'année ! Le premier commissaire Betti, le premier polar avec Merli aussi.

Un polar un peu plus rigoureux quand même que sa suite "Opérations casseurs". Dans un premier temps, ça jongle entre beaucoup d''"Inspecteur Harry" et un peu de "French Connection" (pour sa poursuite centrale, effectivement grandiose). Et puis avec l'arrivée de l'avocat interprété par Richard Conte, on passe carrément à autre chose, on monte d'un cran dans le fantasme fasciste-autodéfense-escadron de la mort, avec ces citoyens qui s'organisent pour casser du loubard "en toute légalité" (?). Cela devient de moins en moins cohérent et de plus en plus gerbatoire. Même si, en terme de cascades et bagarres, "Rome violente" tient le coup. Ray Lovelock apporte un peu de fraîcheur et un très léger contrepoint d'avertissement sur l'autojustice. Mais personne n'y croit vraiment et le film se termine sur une touche ambigue... Comme cela est relevé dans les échanges plus haut, là où un Lenzi ne semble qu'à moitié croire au catéchisme réac de ses polars droitiers, Girolami paraît beaucoup plus convaincu, quand bien même son histoire est un peu nawak. Pas trop mal fait dans son genre... Mais ça refoule fort quand même...

A noter que Richard Conte habite sur la belle place romaine Piazza Mincio, aussi mise en vedette dans "Inferno" et dans le récent "House of Gucci" !

Musique excellente des frères De Angelis.

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