Le scaphandre et le papillon - 2007 - Julian Schnabel

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Manolito
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Le scaphandre et le papillon - 2007 - Julian Schnabel

Message par Manolito » mer. mai 30, 2007 8:31 am

Le rédacteur en chef du magazine Elle est victime d'une attaque cérébrale qui le laisse pratiquement totalement paralysé. Dans un hopital de rééducation, il va tenter de réapprendre à communiquer avec son entourage...

"Le scaphandre et le papillon" est un film qui au premier abord agace : il agace par sa mise en image souvent hyper-chichiteuse, où l'on sent un Janusz Kaminski en totale roue libre. Agaçant dans un premier temps par l'artificialité de l'emploi de la voix de Mathieu Almaric. Pourtant, C'est aussi un film au thème extrêmement fort, qui a des choses très fortes à dire sur son sujet : la maladie, l'hopital, la souffrance physique, la dépendance. Autant de sujets très rarement abordés, ou alors de façon superficielle ou abstraite. Ici, on est vraiment au coeur des choses, dans le quotidien de la maladie, de la rééducation, où chaque geste, fut-il dérisoire, doit être ré-appris de zéro, au prix d'un efort de volonté surhumain... Il en ressort un film aux nombreux passages très, très forts, un fim dont on sort complètement lessivé... Mais il y a quand même un point à partir duquel "Le scaphandre et le papillon" a fait le tour de son sujet (à partir du passage sur Lourdes pour moi) et n'a plus grand chose à ajouter. On retombe alors dans l'artifice, une certaine superficialité (la fin est quand même un peu ratée)... Mais un film fort, vraiment secouant...

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Message par Superwonderscope » mer. mai 30, 2007 9:10 am

Tout à fait d'accord avec Manolito. j'avais un peu peur dutraitement, du fait de thèmes déjà plusou moins abordés dans My left Foot ou encore Mar Adentro. Je ne savais pas du tout ce que j'allais voir , en fait, ne connaissant pas le bouquin dont est tiré le film.

J'ai trouvé les premières minutes assez repoussantes. Le phrasé très rive-gauche de Matthieu Amalric n'aide en rien. Puis je me suis laissé séduire par ce personnage quelque peu branchouille-chic tendance vide qui finalement réapprend à vivre malgré son handicap. Le film est porté par l'humour très sec qui s'en dégage et écappe ainsi à toute tentative de pathos forcé. Le but n'est pas là.
Le fait de baser la mise ne scène sur l'oeil-même du malade et de ne laisser entrevoir que ce qu'il vit lui ou ses reves/souvenirs/fantasmes avait de quoi laisser songeur. il n'en est rien et c'est d'autant plus fort.

Deux scènes qui m'ont marqué : celle avec Emmanuelle Seigner (au ton juste, qui joue la mère de leurs enfants) traduisant par téléphone interposé ce qu'il souhaite dire à sa maitresse. Et la conversation par téléphone avec son père, joué par un Max Von Sydow impérial, sobre, émouvant -jusqu'aux larmes pour ma part-. En ce sens-là, la direction d'acteurs et la mise en scène font preuve d'une sobriété salvatrice.

La scène de Lourdes est assez amusante aussi, quoique très ironique,faisant passer (dans le plan final) la ville de Bernadette Soubirous pour un quelconque quartier chaud de Paris (genre Pigalle/Anvers)de par la grossièreté des enseignes et ducomportement de certains de ses commerçants.

C'est parfois onirique, quelquefois maladroit dans sa dépiction des relations avec les rééducatrices, mais toujours très humble.

NB : Il est évident que lorsqu'on est touché personnellement par une histoire semblable, l'impact ne peut être que plus fort - san spour autant altérer le rappport que l'on peut avoir avec un film.
En ce sens, les interventions dans le milieu médical m'ont semblé assez juste : de Patrick Chesnais en médecin mi-compréhensif, mi-pompier aux infirmières coryantes qui veulent inévitablement faire profiter le malade et l'entourage du malade de leurs espoirs... du moins c'est mon expérience.
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Message par mercredi » jeu. mai 31, 2007 8:44 pm

Film à ne surtout pas visionner si vous êtes destinés à vous rendre souvent à l'hôpital... Contrairement à Manolito et SW, le métrage ne m'a pas du tout convaincue. En dépit d'une ironie finalement pas "bien méchante", l'oeuvre porte sur les nerfs: les multiples adjuvants de la "maladie" sont évoqués (détresse, solitude, déprime et optimisme...) excepté le principal: la PEUR. L'absence d'un sentiment primordial au regard du thème abordé invalide (pour moi) complètement une histoire dès lors privée d'une assise métaphysique (allant au-delà du nombrilisme attendu car logique ici) pourtant fondamentale, celle qui secoue (vraiment, Manolito) le spectateur de "Cris et chuchotements" ou "Cria Cuervos" (ah, ce "No quiero morir!").

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Message par Superwonderscope » jeu. mai 31, 2007 8:56 pm

mercredi a écrit :Film à ne surtout pas visionner si vous êtes destinés à vous rendre souvent à l'hôpital... Contrairement à Manolito et SW, le métrage ne m'a pas du tout convaincue. En dépit d'une ironie finalement pas "bien méchante", l'oeuvre porte sur les nerfs: les multiples adjuvants de la "maladie" sont évoqués (détresse, solitude, déprime et optimisme...) excepté le principal: la PEUR..
Par (hélas) expérience, tous les malades atteints d'une maladie grave, voire incurable, ne ressentent pas tous la peur, loin de là. C'est aussi en cela que j'ai trouvé le film particulièrement juste dans son approche.
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Message par Manolito » jeu. mai 31, 2007 9:05 pm

Je connais plusieurs personnes dans mon entourage proche qui ont subi, ou subissent encore, des expériences aussi dures, voire parfois pires, que celles qu'a connu le personnage du film. La scène avec max Von Sydow est exceptionnelle, parce que c'est ça, c'est cette réalité, la souffrance des gens qu'on aime et l'incapacité à pouvoir agir, à pouvoir rien faire, cette injustice totale qui est une chose épouvantable et qui laissent, dans la "vraie vie", des gens psychologiquement détruits, réellement... Et devoir réapprendre à manger, à parler, comme un bébé, quand on a plutôt l'âge de regarder derrière soi... La force que cela demande. Voilà des vraies choses concrètes, qui, oui, me secouent vraiment...

J'aime beaucoup "Cris et chuchotements" et "Cria Cuervos", ce sont sans doute des "meilleurs" films que "Le scaphandre et le papillon", mais celui-ci est un film qui retranscrit, disons à 70 pour cent une réalité et une détresse terrible, physique, qui n'a rien, mais alors rien de métaphysique à aucun niveau... C'est déjà exceptionnel, dans une société où on n'aime pas trop regarder en face les trucs du genre l'hopital, le handicap, la dépendance physique aux autres des grands malades, etc...

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Message par mercredi » ven. juin 01, 2007 8:52 am

Le "problème" (pour moi) du film provient peut-être qu'il s'inspire (maladroitement) d'un fait réel. À mi-chemin entre émission de télé-réalité et Septième Art, le métrage souffre des inévitables limites inhérentes au premier terme. En effet, Manolito, l'incompréhension du héros et de l'entourage face à l'absurdité de la situation reste relativement bien transcrite. Toutefois, j'aurais préféré que le "pourquoi Moi?" devienne le terrible "Pourquoi?" (on est au cinéma pas dans Envoyé spécial!). À cela s'ajoute un gros problème de "cohérence narrative". L'intérêt de l'oeuvre résidait en partie dans un principe de focalisation interne (fondamentale au regard de la maladie abordée). Alors, pourquoi nous montrer le papa (certes, émouvant) SEUL? Qui regarde? ( de fait, nous n'éprouvons plus l'intolérable claustrophobie du malade :roll: ).

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Re: Le scaphandre et le papillon - 2007 - Julian Schnabel

Message par DPG » mer. mars 25, 2020 4:28 pm

Vu hier, sur les chaines Ciné que Canal offre à ses abonnés durant le confinement.

Un beau film. J'ai été touché, sans être emporté, mais ça a fait mouche. Le film trouve le ton juste. Si les premières minutes peuvent en effet être un peu agaçantes, les parti pris de mise en scène finissent par prendre. L'alternance entre les plans en vision subjective et le reste fonctionnent bien, les flashbacks aèrent le récit en même temps qu'ils amènent de la profondeur au personnage, on finit par partager pleinement son calvaire, ses frustrations, ses rares joies, les limites de sa condition. Les seconds rôles amènent tous un petit quelque chose, qui nous aident à dessiner le portrait de cet homme pressé condamné à une vie plus que ralentie. Certains passages sont vraiment touchants, mais le film garde un ton juste et ne sombre jamais dans le pathos. Le passé de peintre de Schnabel amène des idées intéressantes, très sensorielles, ce qui colle à merveille au sujet du film et offre un regard très immersif sur le handicap d'Amalric. Le film a aussi le bon gout de ne pas trop durer, de ne pas s'éterniser plus que de raison sur la souffrance, la dureté de ce qu'il présente. Bref, pas un immense film, mais tout de même une oeuvre très solide, sur un sujet rarement abordé. A voir !
"J'ai essayé de me suicider en sautant du haut de mon égo. J'ai pas encore atteri... "

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