La Mano spietata della legge / La fureur d'un flic - Mario Gariazzo (1973)

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manuma
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La Mano spietata della legge / La fureur d'un flic - Mario Gariazzo (1973)

Message par manuma » dim. janv. 20, 2008 8:17 pm

Le gangster Frank Esposito est assassiné sur son lit d’hôpital par un mystérieux tueur venu de New-York. Il ne fait aucun doute pour le commissaire Gianni De Carmine qu’il s’agit d’un règlement de compte entre familles mafieuses. Les rares personnes pouvant faire avancer l’enquête se font éliminer une à une et De Carmine en vient à soupçonner l’un de ses collègues de complicité avec la mafia locale.

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Beau casting pour ce poliziesco de Mario Gariazzo : Philippe Leroy, Klaus Kinsky et Silvia Monti, encadrés de toute une galerie de trognes coutumières du polar bis italien de l’époque (Fausto Tozzi, Guido Alberti, Marino Masé, Cyril Cusack). Gariazzo, également à l’écriture, reprend le thème ultra classique mais toujours porteur du flic en guerre contre l’organisation pour nous livrer un produit d’exploitation pur et dur au sein duquel la violence gratuite et le déshabillage de starlettes semblent souvent primer sur la cohérence de l’intrigue. Ainsi comment expliquer la (courte) séquestration de la copine de l’hôtesse d’aéroport par Kinski alors que tous les autres témoins gênants sont dans cette affaire systématiquement et promptement éliminés, si ce n’est pour nous offrir l’incontournable (et, avouons-le, espérée) séquence de viol de l’histoire. Passé la petite surprise d’un début flirtant avec le giallo et quelques petites trouvailles amusantes en matière de mise à mort (un mec se fait brûler les corones au chalumeau !!), la trame n’offre donc rien de bien neuf ni palpitant à se mettre sous la dent. Quant au message final, on le connait : la Mafia aura toujours le dernier mot face à une police impuissante et gangrenée par la corruption.

Vala pour le contenu … pas folichon en résumé. Côté réalisation, on redescend encore plusieurs étages dans le qualitatif avec un Gariazzo mal à l’aise dans le suspense (cf. la séquence du meurtre de l’hôtesse et ses plans subjectifs pourris), peu inspiré dans l’action, avec une poursuite automobile toute molle au deux tiers du métrage, et totalement à côté de la plaque lorsqu’il s’agit de filmer en nuit américaine une longue séquence de filature et de bagarre, le spectateur se frottant les yeux pendant toute la scène en se demandant s’il fait jour ou nuit, ou si l’objectif de l'appareil utilisé par Gariazzo n’a pas pris un coup.

Reste à évoquer le cas Kinski qui, en liquidateur de témoins, traverse le film sans prononcer un mot. C’est rigolo au début et puis ça devient un peu n’importe quoi sur la fin, lorsqu’il se fait interpellé et interrogé par Leroy (lequel se voit donc contraint de faire les demandes et les réponses). Là, on frôle vraiment le ridicule et on en vient à se demander si cette particularité donnée au personnage n’est pas plus le fruit d’une lubie de Kinski qu’une volonté de Gariazzo.

La ‘zique de Cipriani, pas mal du tout, vient d’être édité par Digitmovie.
Dernière modification par manuma le jeu. nov. 20, 2008 5:15 pm, modifié 2 fois.

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drummonde
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Re: La Mano spietata della legge - Mario Gariazzo (1973)

Message par drummonde » dim. janv. 20, 2008 8:46 pm

Sorti chez nous en sous le titre La fureur d'un flic.

Plus que Kinski qui est impecc en tueur muet et sans pitié, c'est Leroy qui est un peu ridicule dans son personnage de flic violent obsédé par le passage à tabac des suspects. Pas trés emballant malgré ses qualités -ambiance sordide, de bonnes séquences de meurtres- il faut dire que la version VHS éditée par VIP est assez atroce. J'avais entendu dire que le film était cut en France, ce qui me paraissait evident vu les lacunes quant à la cohérence de l'ensemble ... Mais si tu me dis qu'en Italien aussi il est ripou :D
Ceci est un P.38, le flingue le moins puissant du monde. Si je te touche avec, c'est même pas dit que je te fasse un troisième téton.
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Re: La Mano spietata della legge - Mario Gariazzo (1973)

Message par manuma » dim. janv. 20, 2008 9:06 pm

La version que j'ai vu avoisinait les 95 minutes. J'ai bien repéré 1 ou 2 ellipses suspectes dans l'intrigue mais ça m'a paru être plus lié à un problème de scénar qu'à des coupes sauvages dans le film ... enfin, c'est juste l'impression que j'ai eu. Autrement moi je l'ai trouvé pas mal Leroy, à fond dans son perso. En fait j'ai surtout eu du mal avec la réalisation maladroite et sans rythme de Gariazzo, du niveau d'un Brescia ou d'un A. Bianchi.

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Re: La Mano spietata della legge - Mario Gariazzo (1973)

Message par drummonde » dim. janv. 20, 2008 9:27 pm

Alfonso Brescia a quand même commis un petit chef d'oeuvre : Un joli corps qu'il faut tuer. Sorti en VHS uniquement sous ce doux titre et sous celui de "Meurtre". Je sais pas si il existe en dvd mais je te le conseille fortement, c'est un giallo d' humour noir trés réussi.
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Re: La Mano spietata della legge - Mario Gariazzo (1973)

Message par manuma » dim. janv. 20, 2008 10:19 pm

Et puis d'un autre côté c'est vrai que je ne suis pas très honnête avec Brescia, je lui tape dessus mais je n'a vu que 2 films de lui : La Ragazza tutta nuda assassinata nel parco, un giallo bas de gamme mais pas irregardable, et le par contre monstrueusement nul Battaglie negli spazi stellari (enfin ... je crois que c'est celui là, je me mélange un peu les pinceaux dans ses space-opera). Quant aux Contrabbandieri di Santa Lucia, je l'avais pris à Cash et je l'ai jamais regardé ... Je vais essayer de trouver ce Joli corps qu'il faut tuer et on en recause ...

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Superwonderscope
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Re: La Mano spietata della legge - Mario Gariazzo (1973)

Message par Superwonderscope » jeu. nov. 20, 2008 2:13 pm

Ah mais pour le coup je vais m'enthousiasmer pour un film réalisé par Mario Gariazzo!
A la base, je ne suis pas fan du monsieur. Son Play Motel est passablement ridicule, ses films de SF fauchés (La 4e "mouhahahaha" rencontre ou le catho "Brother From Space" sont à se pisser dessus) et ses bandelettes d'aventure (à la Catherine Miles story) à la limite du regardable.Mais bon, je ne connais pas trop sa carrière avant 1978 et force est de reconnaître que je ne regrette pas la vision de ce poliziesco.

Phiippe Leroy ridicule? Pas trop d'accord. C'estau contraire un des aspects du scénario que je trouve le plus intéressant. en dehors du fait d'offrir une histoire carrée, même si bien calibrée, c'est au moins construit et pas basé sur des numéros d'acteurs à mettre en avant. Le centre de l'histoire, c'est un flic aux accès de violence qui se pose des questions sur sa nature propre (voir la belle scène aux 2/3 où il explose devant sa femme). Héros ou anti-héros, la réponse n'est pas aussi unilatérale que dans les films avec Maurizio Merli, par exemple. Carmine (Leroy) est un flic en proie au doute,même si la faim justifie les moyens.

Les scènes intimistes avec sa femme (Silvia Monti, très belle!) sont à ce titre exemplaires dans cette volonté de "déconstruire" un personnage à priori primaire et violent, comme le cinéma italen offrait à cette époque. Gariazzo indique qu'il se situe ailleurs dans son récit, c'est bien là l'un des nombreux atouts du film.

Côté mise en scène, j'ai été très surpris sur la qualité du cadre, du jeu sur la profondeur de champ, de la composition de certains plans... connaissant les autres films de Gariazzo, c'est carrément surprenant!

(NB : Le générique de fin indique un procédé ReversalScope que je ne connaissais pas (un 2.35:1) et qui semble avoir été utilisé entre 1970 et 1973 en Italie - un dérivé 2P du techniscope, au même titre que le Cromoscope? ).
Bref, le cadre "Scope" est superbement utilisé, sans volonté de chichis visuels ou de plans tarabiscotés. Voir aussiles scènes d'intérieur - la première scène ouCarmine entre dans son appartement, dans la pénombre. Là aussi, très belle photographie et éclairages très pros!

Et d'un point de vue langage cinématographique, le premier quart d'heure est remarquable : Presque aucun dialogue! Le film s'élabore uniquement sur du langage visuel - regards, mouvements des corps, environnement sonore discret, action. j'ai trouvé cela ssez impressionnant pour un film de ce calibre.

C'est aussi un final très blème en rupture avec pas mal de polizieschi:
Spoiler : :
la machine de la vengeance étant lancée, bien qu'il ait compris que ses supérieurs tentent malgré tout de le protéger, on se rend compte que sa femme s'est faite assassiner. c'est les larmes aux yeux qu'il se dirige vers Milan - probablement pour tuer le "vrai" responsable
C'est pour cela que je ne serai pas aussi tranché que manuma sur le dialogue final entre le juge et le commissaire. Il s'agit d'un constat très en phase avec la société italienne des 70's, certes, mais le plan final laisse le spectateur dans le doute sur la suite des événements.

Il faut reconnaitre que le film sacrifie à la gratuité de certaines scènes, comme le précise manuma. Mais le procédé m'apparait moins grossier que chez Lenzi, par exemple. Car au milieu d'un histoire plus complexe qu'à l'habitude - sombre histoire de racket, d'assassinats de témoins à des finalités de malversations financières qui éclaboussent la police et la justice. Mais nous sommes dans le cinéma d'exploitation, il faut donc des claques dans la gueule, de la torture et des nichons. Et le film offre ce qu'il fautdans ce rayon. J'aime bien les scènes de castagne avec Leroy, certaines sont d'ailleurs assez réalistes. La scène de poursuite en voiture est pas mal, aussi, avec Leroy qui effectue lui-même ses cascades, dont une qui semble assez dangereuse.

Et "Kinsky" est particulièrement délectable dans son rôle de sadique "avec une certaine morale". tuer, oui, mais il faut pas exagérer. lorsque Luciano Rossi (toujours avec sa trogne de pervers polymorphe!) viole la jeune LIlly, le Klaus, il est pas d'accord. ilbute d'abord la jeune femme, puis en effet, brule les couilles du méchant au chalumeau.

Le problème est, surtout que Gariazzo peine à finir son film. le dernier quart d'heure, bien qu'assez tendu, offre trop de scènes qui s'enquillent à mon goût, ce qui nuit au rythme du film. Même si l'on sent chez lui une volonté de plus d'ambition qu'un discours droitiste et borné coutumier du genre.

Au finish, une excellente surprise!


Le DVD Italien n'est hélas pas de très belle qualité. Format respecté, mais un piqué d'image très pauvre, une compression assez visible dans les scènes nocturnes. Un manque flagrant de contraste (on voit un écran quasi noir lors de certaines scènes de nuit) et une luminosité fatiguée... pas la panacée...

Le DVD Z2 italien de chez Nocturno :

97mn
2.35:1
4/3 :shock:
version itallienne only
pas de st
entretien avec... fernando di leo (mais qu'est-ce que ça fout sur ce dvd??)
entretien à lire avec M. gariazzo
bandes annonces Nocturno (mais rien relatif au film)

il ne me reste plus qu'à acheter la superbe musique du maestro Stelvio, semblant sorti de la réutilisation de certains de ses thèmes existants(un sport qu'il devait beaucoup affectionner!)
Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?

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eric draven
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Re: La Mano spietata della legge - Mario Gariazzo (1973)

Message par eric draven » jeu. nov. 20, 2008 9:55 pm

drummonde a écrit :Alfonso Brescia a quand même commis un petit chef d'oeuvre : Un joli corps qu'il faut tuer.
Le titre exact est Un si joli corps à tuer! :wink: Petit bijou d'humour noir en effet sur base giallique.

Pour cette Fureur.. je rejoins l'avis de SWS.. pour une fois :lol: :wink:.. ( hormis sur son appréciation sur la carrière de Gariazzo plus qu'honorable et toujours si delicieusement Bis comme L'occhio nelle stelle que j'aime beaucoup)

Voila un petit polizesco fort agréable tenant beaucoup justement dans le personnage de Leroy, cette constante remise en question sur ce qu'il est faisant de lui un personnage plus complexe que la majorité des polizeschi notamment ceux interprétés par un Merli toujours trés concis dont l'aspect "humain" est souvent oublié.

Pour le reste Gariazzo réussit à instaurer un certain rythme au film et le rendre franchement plaisant et suffisamment interessant pour capter l'attention du spectateur quelque soient ses faiblesses. Une mise en scéne plutot alerte, de trés belles séquences comme l'ouverture quasi muette ou tout se joue sur le jeu et le regard des protagonistes, une interprétation de qualité et une histoire qui se tient.. même si les fans de Kinski, ici trés sobre, risquent d'etre décus car ce dernier n'a qu'un role secondaire finalement.
Tous les éléments du polizesco sont là, bien emmenés et toujours délectables, le scenario plutot intelligent et bien mené, un certain discours en ressort.. certes un final qui traine un peu en longueur mais le rythme l'emporte et finalement, il passe trés bien..

Un bon Gariazzo comme toujours dirais je d'ailleurs, Gariazzo faisant à mes yeux partie de ces réalisateurs qui même dans le pas trés bon arrive toujours à capter l'attention et satisfaire le bissophile, ce petit truc magique qui...

Hormis cela, La fureur d'un flic merite un visionnage si on aime un tant soit peu un certain type d'exploitation..
Je pourrais vous tuer mille fois jusqu'aux limites de l'éternité si l'éternité possédait des limites.

MES FILMS: http://sd-1.archive-host.com/membres/up ... lms_56.rtf

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Re: La Mano spietata della legge / La fureur d'un flic - Mario Gariazzo (1973)

Message par igorfx » dim. juil. 22, 2018 11:14 pm

J'ai revu le VHS VIP ce week-end et j'ai trouvé le film très bon, très noir, très malsain. Dès qu'il y a un meutre c'est toujours sordide, de l'infimière qui se prend une balle dans le dos au début à la femme de Philippe Leroy que l'on retrouve morte dans une décharge.

Un vrai travail d'artisanat bis teinté de noirceur.

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