Suor Omicidi / La Petite Sœur du Diable - 1978 - Giulio Berruti

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Teurk le Sicaire
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Re: Suor Omicidi - 1978 - Giulio Berruti

Message par Teurk le Sicaire » mer. mars 30, 2022 4:51 pm

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La Petite Sœur du Diable - Suor Omicidi dans son magnifique titre original - est la réinterprétation cinématographique de l'histoire vraie de Cécile Bombeek, alias sœur Godfrida : suite à l'exérèse neurochirurgicale d'une tumeur cérébrale, la religieuse belge qui officiait comme infirmière dans un service de gériatrie montre un net changement de personnalité et se met à tuer des vieillards qu'elle juge trop bruyants la nuit (3 meurtres officiellement, une trentaine estimée). Dénoncée par ses collègues, elle est hospitalisée à demeure en institution psychiatrique.

Le réalisateur réarrange donc ces faits historiques au profit de son histoire, en favorisant les éléments les plus crapoteux : sœur Godfrida devient Gertrude et est ici une cadre d'hospice tyrannique, s'intégrant parfaitement dans l'ambiance collective de joug religieux qui infantilise sans cesse les résidents, quitte à faire passer Orpea pour des petits joueurs. Mais sœur Gertrude ajoute aux mesquineries du quotidien ses dérives personnelles : la brave femme est en effet morphinomane, voleuse, manipulatrice, défroquée et sub-délirante persécutée/hypocondriaque (de quoi rendre Benedetta jalouse)... jusqu'à commettre des meurtres sanguinolents. Mais l'avantage scénaristique des intoxications aux opiacés est de pouvoir troubler la perception des événements, alors que d'autres personnages semblent jouer leur propre partition.

La Petite Sœur du Diable bénéficie d'acteurs appliqués et de séquences de confusion quasi-horrifique bien fichues que soutient une musique ronge-tête ; sœur Gertrude souffle le chaud et le froid, entre victime de l'abandon à sa souffrance par la hiérarchie ecclésiastique et le corps médical, et tarée instable et inquiétante. Mais le film peine à conserver son ambiance sur la durée et souffre d'un rythme mouduc, à l'image du pire massage cardiaque du monde que réalise le vieux médecin (compter une pression ramollo toutes les 10 secondes, sur le matelas moelleux de la vieille dame). Le spectacle est toutefois relevé par la révélation finale, assez évidente mais dont la motivation exacte fait son petit effet. Une expérience en demi-teinte, donc.

Le master du Chat fait parfois un peu vieillot, avec quelques bugs visuels ponctuels. L'interview de Giullo Berruti est intéressante car elle aide à recontextualiser la thématique du film dans son parcours de vie (d'une scolarité religieuse durant son enfance pauvre à une évolution philosophique anti-cléricale à l'âge adulte) et dans la société italienne de l'époque, le caractère choquant de certains choix de mise en scène pouvant désormais être moins perceptibles. De ce fait, la distribution de La Petite Sœur du Diable sera rapidement entravée par les officines vaticanes suite à de malheureuses tentatives de coup de com' par les producteurs. Un bonus pertinent qui permet de rehausser l'intérêt du film.
Dernière modification par Teurk le Sicaire le dim. avr. 03, 2022 9:40 pm, modifié 1 fois.

Superfly
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Re: Suor Omicidi - 1978 - Giulio Berruti

Message par Superfly » jeu. mars 31, 2022 9:21 am

En fait le master n'est pas super vieux, il a été restauré par Arrow mais je pense que le négatif devait être dans un état de merde totale :-)

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Re: Suor Omicidi - 1978 - Giulio Berruti

Message par Teurk le Sicaire » dim. avr. 03, 2022 9:39 pm

Superfly a écrit :
jeu. mars 31, 2022 9:21 am
En fait le master n'est pas super vieux, il a été restauré par Arrow mais je pense que le négatif devait être dans un état de merde totale :-)
Je devine bien qu'avec de tels films, on fait avec le matériel qu'on peut. Mais j'ai été étonné de voir des problèmes d'affichages qui semblaient plus liés à la remasterisation ou à l'encodage (par exemple, les noms du casting lors de l'intro débordent sur l'image). Peut-être que je me trompe.

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