Ararat - Atom Egoyan (2002)

Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team

Répondre
Avatar de l’utilisateur
Superwonderscope
DeVilDead Team
Messages : 20888
Inscription : ven. avr. 30, 2004 9:09 am
Localisation : Pyun City

Ararat - Atom Egoyan (2002)

Message par Superwonderscope » dim. juin 29, 2008 10:42 am

Très beau film que ce Ararat, et même temps extrêmement difficile à résumer, tant la narration du film mélange temporalités & histoires disjointes, au final toutes reliées le sunes aux autres. probablement le travail le plus ambitieux du cinéaste, qu'il s'agisse de termes narratifs, de budget ou d'histoire.

Un cinéaste, Edward Saroyan (Charles Aznavour) tourne un film sur le génocide arménien. Il décide d'engager Ani (Arsinée Khanjian), une spécialiste d'un peintre rescapé de l'horreur et qui a consacré sa vie à rassembler les détails de son exode. Le fils d'Ani , Raffi (David Arpay), réalise que son père est mort alors qu'il voulait assassiner un diplomate turc. Sa demi-soeur (marie-Josée Croze) a également perdu son père, mais est persuadée qu'Ani est responsable du suicide de son père. Circonstances qui lui semblent étrangement similaires à celle du peintre arménien qu'Ani décrit dans son livre.

C'est de manière volontairement restrictive que j'écris ces quelques lignes ci-dessus, car Ararat contient pas moinsd 'une dizaine d'histoires entremélées, alternant volontairement passé et présent, film - film dans le film-et documentaire.

Il n'y a pas d'ambage : Egoyan parle du génocide arménien comme un état de fait. La générique de fin indique clairement que la Turquie n'a jamais reconnu ce génocide (et continue à la nier aujourd'hui), malgré les témoignages et autres preuves historiques. mais là n'est pas la question, car le film fait évoluer les différents protagonistes autour de ce sujet, et les fait graduellement s'interroger sur le bien-fondé de la démarche et de la connaissance de ces événements.

Saroyan (très émouvant par moments) possède d'ailleurs un monologue assez éloquent sur cette question, même si son personnage ne remet pas en cause le génocide. C'est le personnage de Raffi qui est le plus intriguant (et le film tourne majoritairement autour de lui). Son père est considéré comme un terroriste qui a voulu perpétrer un attentat. Ses pairs le considèrent comme "un combattant de la liberté". raffi ne trouve que le compréhension que ce qui a poussé son père à agir de la sorte qu'à travers un personnage d'un officier Turc joue édans le film du réalisateur pour lequel il travaille. Ce personnage (joué par Elias Koteas, un régulier chez Egoyan), particulièrement ignoble, est la chance de la vie de cet acteur . Qui est aussi à moitié turc...et une discussion tendue entre Raffi et Ali renent assez bien les choix laissés aux survivants (à la fois turcs et arméniens) d'aujourd'hui. Raffi et Ali sont tous deux nés sur le territoire canadiens : que faut-il faire à ce jour? Laisser l'histoire de côté? Aller de l'avant? S'entre-déchirer? Comprendre?

Les allers-retours entre passé et présent sont reliés par le film tourné par Saroyan qui traite (de manière romancée et visiblement à destination du public américain) du même sujet, mais vu à travers un médecin américain. Tout est effectué de manière très fine, appuyant bien les scènes de tournage comme étant superficielles (les décors, entre autres); ce qui tranche avec la représentation des souvenirs du peintre, tournés en décor naturels, notamment dans les scènes de combat avec l'armée Turque. Les scènes où les Turcs massacrent les arméniens sont très poignantes, voir plus. il est quasi impossible de ne pas avoir la gorge serrée en visionnant ces scènes.

Il y aurait probablement plus à dire, tant le film a du être complexe à élaborer, à tourner. Et d'une richesse thématique + narrative impressionnante, naviguant de la fiction à la réalité avec une facilité et une fluidité déconcertantes. Un film très triste, évidemment, où les tragédies personnelles s'interconnectent avec l'histoire d'un peuple qu'on a tenté de faire disparaitre, sans pour autant s'y substituer. Un grand film passé inaperçu, ce qui est très dommage.
Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?

Manolito
Site Admin
Messages : 21636
Inscription : ven. avr. 30, 2004 2:17 am

Re: Ararat - Atom Egoyan (2002)

Message par Manolito » dim. juin 29, 2008 10:46 am

Je n'avais pas été spécialement emballé par ce film à sa sortie en salles, en dépit d'intentions militantes louables et intéressantes, m'avait paru assez platement filmé et monocorde... Mais bon, très peu de souvenirs de ce film vu au MK2 Parnasse il me semble...

Avatar de l’utilisateur
infernalia
Messages : 403
Inscription : mar. mai 11, 2004 1:33 pm
Localisation : Dans la maison aux fenêtres qui rient, tout à côté de chez la Mère des Ténèbres

Re: Ararat - Atom Egoyan (2002)

Message par infernalia » lun. juin 30, 2008 12:27 am

Pour ma part, je suis d'accord avec SWS. Ararat est un très beau film, qui est d'autant plus curieux à aborder qu'il traite à la fois du traitement de l'Histoire et de la difficulté à l'aborder que du génocide arménien en lui-même. Ce qui lui donne parfois l'apparence d'un certain académisme qui est un pur trompe l'oeil.
Comment représenter l'Histoire ?comment faire oeuvre de mémoire ? Qu'est ce que le souvenir et qu'est ce que le rapport de l'homme à sa patrie, à son identité ? ce sont toutes ces questions que pose Egoyan et j'avais énormément appprécié la manière dont il gérait toutes les réponses en mélant le vrai au faux, le simulacre du film historique et la vérité recherchée...
Vive le fantastique italien....
La Cave aux Crapauds
Culturopoing

Répondre