The Naked Prey / La proie nue - Cornel Wilde (1966)

[bluesoul]

Titre français : La proie nue

En Afrique, les membres d'un safari, apres savoir refuse d'offrir des presents a une tribu locale pour traverser leur territoire, sont tous massacres, sauf un homme qui sera relache et pourchasse par des guerriers de la tribu. Une course contre la mort commence.

Plusieurs annees apres la vogue des pseudo-documentaires ("Mondo Cane" en tete) et egalement plusieurs annees avant le boom des films de cannibales, l'acteur-realisateur Cornel Wilde s'attaque au choc des cultures.

Apparemment inspire de l'histoire d'un trapper pourchasse par des indiens nord-americains, l'action est transpose en Afrique, mais n'y perd nullement en impact. Au contraire, elle tendrait meme a y gagner.

La terre est principalement nue, les personnages le sont aussi bien physiquement (un pagne et des sandales) que psychiquement (les chasseurs veulent rattrapper leur proie et la tuer, la proie veut leur echapper et survivre). L'effet aurait ete different si le personnage aurait ete habille (p.ex. Chasse a mort) ou pourchasse par des hommes d'une culture proche (p.ex. Apocalypto).
L'Afrique represente aussi une terre egalement aussi exotique que sauvage, autant que le serait une autre planete, et cette image, a tord ou a raison, lui reste meme de nos jours.

Ce film qui se classerait facilement avec Apocalypto et Chasse a Mort, apporte neanmoins un angle culturello-documentaire des mieux venus. La communication, meme possible (la proie connaissant le dialect de la tribu) reste impossible (la tradition ayant ete violee, elle doit etre retablie). Les scenes mettant en scene les tribus, et surtout la magnifique bande-son utilisant des chants tribales confere un cachet etnologique a l'entreprise. On est loin des raccolages mondo-cannibalesques.

Les critiques concernant le racisme sous-jacents du film sont aussi pueriles que ridicules. L'incident lancant le film est du au manque de respect d'un membre du safari envers les us et coutumes de la tribus reclamant ce qui leur est du par tradition. Les mises a morts sont cruelles vu de notre point de vue "civilise", mais a l'epoque, les pays pratiquant la peine de mort etaient encore majoritaire, meme en Europe. L'Espagne de Franco pratiquait l'execution par garrotage, la France par guillotine, les annees 70 allaient voir l'eclosion des "annees de plombs" qui veraient une tres large couverture mediatique en Italie. Le degre de civilisation semble etre a geometrie TRES variable apparemment.

Le film est difficilement situable dans le temps; milieu / fin 19eme siecle, debut 20eme? Les personnage n'ont pas de nom, ni dans le film, ni au generique: l'homme, le chef, le guerrier). Ils sont reduits a leurs fonctions dans le recit.

L'environnement est hostile; les betes guettent la proie, mais guettent aussi les guerriers. La terre est aride et inhospitaliere et epuise traqueurs et traques.

Comme dans tout documentaire, il y a des scenes de mort animale, mais celles-ci semblent en fait pour la plupart etre du stock-footage tres bien insere ou des fx. La aussi, on est loin d'appater le chaland avec de la racolle de bas-etage. Les seules vraies scenes sont des scenes de combats entre animaux, morts inherentes aux genre documentaires et a l'environnement.

42 ans apres, le film offre culture, action, suspense et emotion et un reel respet pour son sujet. On sent Cornel Wilde tres immerge dans son sujet jusque dans la scene finale. Bref, un chef-d'oeuvre.

A decouvrir d'urgence. L'absence de dialogue dans la majorites des scenes rendant ce film tres accessible.

The Naked Prey: 5 / 5

[burialoftherats]

beau texte.

on peut aussi signaler que gibsin sen est TRES fortement inspire pour apocalypto

[Manolito]

A la cinémathèque en séance cinéma bis le 12 octobre prochain (en double programme avec "Le dernier monde cannibale", déjà passé au moins une fois dans ces séances celui-là) !

[Algor]

Si je me souviens bien des infos bonus de l'édition Criterion, le thème serait inspiré d'un récit avec amérindiens.
Faudrait que je véréfie. En tous cas ça me donne vraiment envie de revoir le film. Une histoire simple d'où son extrême efficacité; un genre de conte à la "Zaroff" transposé dans la brousse africaine où tout dialogue serait inutile ou presque.

Cornel Wilde était sensibilisé à l'environnement et l'écologie, ou tout du moins à la présence de l'homme dans des milieux sauvages comme dans Shark Treasure!
De cet acteur/réalisateur j'aurais bien aimé découvrir Terre Brulée (No Blade of Grass).

[arioch]

Il n'est pas sorti en DVD à la demande TERRE BRULEE ? Je ne l'ai pas entré dans la DB, un oublie, mais je suis à peu près sur qu'il est disponible...

Dispo ici : http://www.amazon.com/No-Blade-Grass-Ni ... B005UZNC9Q


Je viens de l'entrer dans la DB, c'est un transfert 16/9 au format cinéma (2.35) paraît il de bonne qualité. Piste audio anglaise mono, pas de sous-titrage, pas de supplément.

[bluesoul]

Conseil a Algor, renseignes-toi bien avant un eventuel achat, parce qu'on ne joue pas dans la meme categorie que TNP. Dans mes souvenirs, NBoG est longuet, cheap, (involontairement) kitsch et a tres tres mal vieilli, meme si le pitch reste des plus interessants.

L'amateur jugera a sa propre valeur l'influence de NBoG sur les bikers "vikings" de Hokuto no Ken. (Mad Max est coiffe au poteau! )

[Algor]

Très Bien! Merci Arioch et Bluesoul!
Si seulement le Warner était à petit prix, je pourrais prendre le risque!
En tous cas, bien content que ce soit Criterion qui ait sorti The Naked Prey; même si celui-là n'est pas donné non plus!

[MadXav]

Pour ceux qui n'ont pas les moyens de se procurer l'édition Criterion, je recommande très vivement l'édition Blu-Ray UK Eureka! qui propose une image HD allant du très beau au sublime. Certains gros plans sont juste incroyables ! Vraiment du très haut niveau...

[Cosmodog]

Pour ceux qui n'ont pas les moyens de se procurer l'édition Criterion, je recommande très vivement l'édition Blu-Ray UK Eureka! qui propose une image HD allant du très beau au sublime. Certains gros plans sont juste incroyables ! Vraiment du très haut niveau...

Merci MadXav pour ce message d’il y a heu.. 4 ans !
Car c’est en choisissant donc cette édition que j’ai découvert The Naked Prey, très motivé suite au très bon Beach Red du même Cornel Wilde vu ce début de mois...

A nouveau un excellent film, au ton sec et aride, comme la brousse africaine offrant son cadre austère au récit. Inutile de paraphraser Bluesoul, qui résume très bien le sujet dans son message inaugurant le topic. Économie de parole, un film qui passe avant tout par l’image, qui progresse par l’action, quasi du cinéma muet. Impossible de ne pas être séduit pour le fan hardcore de George Miller que je suis. Les scènes se déroulant dans le village africain sont juste bluffantes de réalisme, anxiogènes lorsque la tension monte et que la foule s’échauffe. Le film rentre alors dans une sorte d’état de transe, qui se prolonge par le rythme incessant des percussions et des cris de la foule. Et cette frénésie lance la traque sur des rails fiévreux, le silence de la brousse remplaçant le tumulte précédent, sans cesse perturbé par les hurlements de la faune, la nature sauvage apparaissant tour à tour hostile et salvatrice. Un survival soutenu, qui en filigrane se veut dénonciateur d’une époque où l’Afrique n’était qu’une proie elle aussi pour l’avidité de la vieille Europe et de l’Amerique naissante, encore Jeune filleule de la première.