The International - Tom Tykwer (2008)

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Superwonderscope
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The International - Tom Tykwer (2008)

Message par Superwonderscope » mar. août 18, 2009 9:30 am

Passé un peu inaperçu, le dernier film de Tom Tykwer (Le parfum, Heaven, Cours Lola Cours) est très loin d'être inintéressant. Peut être trop complexe pour le grand public et ne se pliant pas suffisamment aux règles du thriller nerveux spectaculaire, The International (VF : L'Enquete) en est en fait un peu l'antithèse. Ceci expliquant vraisemblablement son insuccès tant aux USA qu'à peu près partout, hormis en Allemagne.

Image

Salinger (Owen) est un agent d'Interpol qui travaille avec le procureur adjoint de Manhattan (N. Watts). Ils tentent de coincer la banque IBBC qui blanchit de l'argent et finance illégalement terrorisme et front révolutionnaires en tous genres. Toutes les personnes souhaitant parler sur ce dossier tentaculaire sont assassinées, sous la houlette d'un ancien de la Stasi (Armin Mueller-Stahl) aux ordres du PDG (Ulrich Thorsen). Les ramifications politiques, policières et financières semblant sans fin, ils tiennent néanmoins une piste en la personne d'un candidat aux élections présidentielles en Italie (Luca Barbareschi).

Le résumé ne donne qu'un faible aperçu de la complexité du métrage qui s'attaque assez frontalement à une histoire à priori peu sexy pour un thriller grand public : le blanchiment d'argent et le financement d'organisation terroristes. Les noms sont à peine masqués, entre des banques luxembourgeoises spécialisées dans les opérations louches, des pays africains en révolte permanente, la corruption active/passive à tous les étages de la police,/forces politiques/financières. pas de démonstration à outrance mais un parcours désenchanté d'un homme aux principes de fer qui va comprendre qu'il devra jouer en dehors de ses propres règles, au risque de se perdre.

Owen est parfait en héros fatigué, idem pour Watts en procureur avide d'une notion de justice qui s'est perdue avec la realpolitik et les enjeux économiques.

Ce qui impressionne le plus : la mise en scène de Tykwer. Élégante, précise et avec des cadrages absolument bluffants. Faisant la part belle au côte architectural et intemporel de la représentation de l'image. Et sur la profondeur de champ et les détails qui peuvent altérer le sens de la perception de l"oeil et donc de la vision des éléments que l'humain peut posséder. ce qui joue en filigrane sur le sujet du film. Tykwer a l'oeil et le sens de l'espace pour jouer sur sa signification et l'enjeu d'une vision globale, quelle qu'elle soit.

Anti-spectaculaire par moments : il n'y a qu'à voir la scène d'ouverture pour comprendre la construction du métrage et le ton donné. Froid et précis, avec un côté organique inattendu. La mise en scène joue sur les codes attendus/connus par les spectateurs pour mieux s'en déjouer. Voir la scène où
Spoiler : :
l'avocat White est conduit en voiture sur une route escarpée : on sait que l'homme va mourir dès lors qu'il raccroche le téléphone. La voiture entre dans un tunnel et la caméra s'éloigne de la côte pour donner un plan large du tunnel.la voiture ne ressort pas de l'autre côté : le suspens créé dessine une explosion imminente? en fait rien du tout. Fondu au noir et plan suivant.
Idem sur les plans larges multipliés versus l'homme minuscule qui entre/sort de batiments, la scène du meeting politique à Milan (magnifiques plongées depuis de haut d'immeuble) qui rendent le plan saisissant. Jusque dans la scène de panique de la foule. jusqu'à la longue séquence dans le musée Guggenheim (près d'un quart d'heure!) transformé en champ de bataille! Sans parler de la violence éruptive (et un joli doigt qui s'enfonce dans une plaie béante). Visuellement parlant, le film est une pure splendeur et une des plus belles mises en scène significative que j'ai vues depuis pas mal de temps.

Si le sujet fait froid dans le dos (et sa conclusion très amère quoiqu'attendue vue la direction du film), le traitement demeure parfois risible par instants. des dialogues de plomb et situations plaquées (voir l'échange final entre
Spoiler : :
Salinger et Carssen sur les toits d'Istanbul
) qui alternent avec des brillances. Le dialogue entre le Colonelm Welling et Salinger sur l'implication individuelle, la notion de choix est un morceau impactant. Mais des retournements de situation parfois grotesques, voire primaires (l'empreinte!) jusqu'au Deus ex machina final un peu facile qui empêche clairement le héros d'effectuer un choix (et de par la même le film) font un film qui ne fait qu'effleurer son sujet et ses personnages, comme rendu timoré au final.

Néanmoins, le plaisir est quand même bien présent, avec la sensation d'assister à un spectacle intelligent doté d'une réalisation brillante et d'interprètes de grande classe.

Vu sur le Z1 de chez Sony. En 5.1 honnête, sans etre vriament différenciant. pas de problème de compression notable, avec une absence de contrastes dans les scènes nocturnes. Toutefois, les scènes du Guggenheim sont magnifiques dans la palette de blanc/ivoire/lumières diffuses. cela a du etre excessivement complexe à mettre en place et à photographier vu le lieu et les sources de lumière/
2.35:1 et 16/9 sur 118 mn. vo anglaise et française en 5.1 avec sta et stf (en jaune tout baveux)
il y a profusion de bonus, notamment sur le tournage au Guggenheim (comment ont-ils pu avoir l'autorisation?!), un making of, un commentaire du real & scenariste et une 15aine de films annonces (mais pas celui du film, hélas)
Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?

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Allan Theo
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Re: The International - Tom Tykwer (2008)

Message par Allan Theo » jeu. août 20, 2009 2:58 pm

Et un magnifique score que l'on doit à Tykwer et deux acolyte qui ont d'ailleurs signé toutes les beos de ces films (exceptionnelle elles aussi) sous le nom du collectif Pale 3
"Comme disait mon ami Richard Nixon, mieux vaut une petite tâche sur la conscience qu'une grosse sur l'honneur. Allez en vous remerciant bonsoir."

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Re: The International - Tom Tykwer (2008)

Message par comte vonkrolock » mer. sept. 30, 2009 5:36 pm

Beau thriller d'espionnage.... presque un hommage au 3 jrs du Condor (la love story en moins) qui ma foi sans faire dans le spectaculaire (une scène de fusillade d'anthologie dans un musée) laisse complètement pantois et béa devant un petit groupes d'individu fasse a un système économique et financier pratiquement mafieux quasi intouchable. Sa fait froid dans le dos.

Comme Manolito et Tom Fincher se sont ont prit une belle claque HD sur Apocalypto, je ne serait que trop leurs conseiller de voir se film pour s'en prendre une deuxième dans la foulée :mrgreen: techniquement c'est du sans faute, une précision, une définition, des couleurs, du contraste, tous tend vers la perfection HD sur se Bluray.

Petit clin d'œil rapide a Lyon et son quartier de la Croix-Rousse si je ne me trompe pas :roll: ou habite le personnage de Salinger, face au Parc de la Tête d'Or ou est le siège d'Interpole.
Superwonderscope a écrit :Ce qui impressionne le plus : la mise en scène de Tykwer. Élégante, précise et avec des cadrages absolument bluffants. Faisant la part belle au côte architectural et intemporel de la représentation de l'image. Et sur la profondeur de champ et les détails qui peuvent altérer le sens de la perception de l"oeil et donc de la vision des éléments que l'humain peut posséder. ce qui joue en filigrane sur le sujet du film. Tykwer a l'oeil et le sens de l'espace pour jouer sur sa signification et l'enjeu d'une vision globale, quelle qu'elle soit.

Idem sur les plans larges multipliés versus l'homme minuscule qui entre/sort de batiments, la scène du meeting politique à Milan (magnifiques plongées depuis de haut d'immeuble) qui rendent le plan saisissant. Jusque dans la scène de panique de la foule. jusqu'à la longue séquence dans le musée Guggenheim (près d'un quart d'heure!) transformé en champ de bataille! Sans parler de la violence éruptive (et un joli doigt qui s'enfonce dans une plaie béante). Visuellement parlant, le film est une pure splendeur et une des plus belles mises en scène significative que j'ai vues depuis pas mal de temps.
Joliment résumer, le Making-of en HD sur le Bluray revient longuement là dessus.
Toi t'est un flic..? Non j'uis un con. :D
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Re: The International - Tom Tykwer (2008)

Message par kill bill » jeu. févr. 11, 2010 10:26 am

Vu hier soir sur le DVD Z2 Sony-Columbia...
Y'a des films comme ça, on sait pas pourquoi ils passent inaperçus lors de leur sortie salles. Le film a du couter bonbon (annoncé seulement à 60 millions de dollars) et c'est pris un méchant bide aux States (25 millions de recettes), ceci explique peut-être la frilosité de la distribution française lors de la sortie salles en France...

En tout cas, peu de choses à rajouter au commentaire complet de SWS, si ce n'est que je m'attendais à une affaire Clearstream (celle de "La Boite Noire" hein, pas le duel de bites en Sarko et Villepin), et finalement c'est quand même assez vite abandonné pour une course poursuite visant à piéger le tueur à gages. Cependant, on se croirait effectivement revenu au temps sacré des meilleurs thrillers d'espionnage, la mise en scène de Tykwer ne se voulant pourtant jamais nostalgique, de par sa belle modernité. Les quelques making of et LA scène coupée sont d'ailleurs en tout point intéressant pour voir comment Tykwer a transformé ce scénar qui aurait du se dérouler dans les années 80 exclusivement à NY en un thriller contemporain situé pour la plupart à Berlin. Le siège de la banque est ainsi :shock: et a été tourné à Volkswagen City à Wolsfburg (j'en avais déja entendu parler mais je ne l'avais encore jamais vu-d'ailleurs c'est le premier film à avoir été autorisé à tourner là-bas...) et la fusillade dans le Guggenheim est tout aussi :shock: et tourné en studio :shock: :shock: :shock: .

Je rejoins aussi l'avis de SWS sur les dialogues, pour le coup un peu simpliste et en tout cas pas franchement au niveau de l'intrigue générale, mais ça reste du bon, du très bon. Carré, professionnel et inspiré, comme on aime quoi. :wink:
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Re: The International - Tom Tykwer (2008)

Message par Prodigy » dim. févr. 14, 2010 2:56 pm

Ben - comme d'habitude, j'ai envie de dire - le film a été super, super mal vendu.

La bande-annonce ne fait pas envie et vend un action/thriller sans aucun intérêt, les affiches sont hideuses, le peu de promo que j'ai entre aperçu était on ne peut plus basique...

Vos avis me rassurent un peu surtout que j'adore Tykwer en général donc la bouse blockbusteresque m'aurait étonné de sa part.

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Re: The International - Tom Tykwer (2008)

Message par Manolito » mar. juil. 06, 2010 11:05 pm

Un insuccès un peu triste pour ce thriller grande classe, excessivement fastueux et bien filmé, pratiquement Lang-ien dans sa manière d'allier sa mise en scène constamment aux arts de l'architecture - l'arrivée de Clive Owen au siège de l'IBBC est même un citation d'un cadrage célèbre employé dans "Les trois lumières" et "Les Nibelungen" ! Les scènes d'action sont réalisées et découpées de façon classe, la fameuse fusillade du Guggenheim a heureusement plus de rapport avec le final de "Scarface" 83 qu'avec les errements "contemporains" du genre "Quantum of Solace".

Le sujet et le propos sont à la fois une force et une faiblesse du métrage. La force car Tykwer met bien les pieds dans le plat d'un sujet intéressant, sujet qui a en fait gagné en intérêt dans les mois qui ont suivi, à savoir le sujet de la finance grise et des paradis fiscaux, véritable machines à blanchir et à corrompre à une échelle internationale.

C'est aussi la faiblesse du film car, à partir d'un sujet très contemporain, qu'on a envie de voir traité de façon très réaliste, "L'enquête" (bonjour le titre français bien nul, soit dit en passant !), Tykwer plonge rapidement dans des situations peu crédibles : banquiers et politiciens tombent comme des mouches, sont assassinés à tour de bras sans que personne ne fasse les liens ; des tentatives d'assassinat tournent à la scène de guerre en plein New York. Un peu énorme. La fin paraît un peu vaine aussi.
Spoiler : :
Une fois que Salinger balance les banquiers aux deux frères, le film est plié et ce qui arrive après n'a plus d'importance... même si le spectateur ne s'en rend vraiment compte qu'à la toute fin...
Bref, "L'enquête" souffre un peu de tergiverser entre James Bond et "Les hommes du président", mais n'en reste pas moins un divertissement de major haut de gamme, exécuté avec une créativité et un soin techniques et artistiques très au-dessus de la moyenne. Un film qui devait en tous cas avoir une sacrée gueule sur un écran de cinéma !

Et en bluray, je rejoins le comte ci-dessus pour constater que c'est une vraie splendeur, avec de nombreuses vues urbaines magnifiques, riche d'une profusion de détails étourdissantes, le film ayant été tourné en 35mm et 70mm selon les scènes. Ca en jette clairement, avec une profondeur de champs et un piqué parfois vertigineux. Et tout en gardant un léger grain cinéma toujours fin et élégant. J'ai une petite réserve sur les couleurs un peu tristounettes, mais c'est vraiment personnel. Globalement, un très, très beau bluray !

La bande son anglaise non compressée truehd est de bonne tenue, sans être hyper démonstrative quand même... sauf au cours de la fusillade centrale quand même, qui fait clairement péter les décibels !

bluesoul
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Re: The International - Tom Tykwer (2008)

Message par bluesoul » jeu. janv. 18, 2018 4:05 pm

Revu avec beaucoup de plaisir ce thriller financiero-policier grace a TV Tokyo (encart-pubs inside et rabotage de film :evil: , mais bon, je connais le film pour l'avoir deja vu plusieurs fois).

TI est un excellent thriller, meme s'il faut le mettre en perspective.

Excellent compare a beaucoup de thrillers actuels. Un fond ambitieux et assez lucide sur les defaillances du systeme et la corruption ambiante des milieux politiques, financiers, policiers et j'en passe et des meilleurs. Un film au final pas tres glam' de par son sujet et son traitement, plus complexe qu'a l'habitude.

Mais aussi un film seulement "bon" dans la forme si on le compare aux autres representants du genre: Marathon Man (1976), The Parallax View (1974), Three Days of the Condors (1975), All the President's Men (1976), Klute (1971), The Conversation (1974), voire dans un genre different: Wall Street (1987).

Pourquoi seulement "bon"? Parce que aussi complexe dans ses ramifications qu'il est au cinema des annees 2000s, aussi simple il est dans son traitement.

Si les (anti-)heros des films de la grande epoque des thrillers sont pourchasses sans repit et se depetrent dans un intrigue qui les depasse, ceux de Twyker possedent une comprehension assez bonne de ce qui se passe et n'ont generalement qu'un pas ou deux de retard sur ceux qu'ils traquent! Les roles de chasseurs et de proies sont inverses dans les deux epoques cinematographiques. Dans le passe, il est egalement question de "survie", tandis qu'ici il est plus question de "justice". Si les tenants sont les memes, les aboutissants sont radicalement differents. De pions (involontaires) "passes", les (anti-)heros sont devenus "acteurs" (volontaires).

Le scenario se permet aussi des simplicites (pour faire avancer l'enquete des (anti-)heros), mais aussi pour aider les spectateurs a la comprehension de l'intrigue et certains details font quand meme "tiquer", comme:
Spoiler : :
l'assassinat du politicien; tout-le-monde sait qu'un politicien, ca se "suicide" :D
La ou le film rejoint le plus ses illustres predecesseurs est la scene finale avec les manchettes qui donnent la conclusion de l'histoire, conclusion deprimante, mais tellement credible...

Si la realisation est redoutablement efficace et remporte l'adhesion (i.e. la scene du Guggenheim :shock: ), on sent quand meme une concession au cinema d'action, voire de type "blockbuster".

Reste un film ambitieux et lucide, pas trop public-friendly donc, mais qui a essaye de s'attirer un cran plus les faveurs du public en jouant des concessions, ce qui n'a malheureusement pas marche (le film a ete un bide un peu partout). Ceci n'empeche cependant pas le film d'etre un plutot bon exemple des thrillers qui se veulent plus ambitieux de nos jours.

The International: 4.0 / 5
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.

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