Coffret(s) Koji Wakamatsu

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MadXav
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Coffret(s) Koji Wakamatsu

Message par MadXav » jeu. nov. 05, 2009 10:41 am

Le (premier) coffret Wakamatsu est sorti le mois dernier mais quelqu'un l'a t'il eu entre les mains ? La qualité est-elle au rendez-vous ? Qu'elles sont les spec exactes ?
A priori, on a droit à des préfaces de Jean-Pierre Bouyxou, Lucile Hadzihalilovic, Damien Odoul et Marina de Van...

Ce coffret contient 4 DVD (commercialisé 45euros) sur lesquels on trouve :
- Quand l'Embryon Part Braconner (Interdit aux moins de 18 ans lors de sa sortie en salle) - Taiji ga mitsuryô suru toki (1966)
- Les Secrets Derrière le Mur - Kabe no naka no himegoto (1965)
- Les anges violés - Okasareta hakui (1967)
- Va va vierge pour la Deuxième fois - Yuke yuke nidome no shojo (1969)

C'est l'éditeur Blaq Out qui s'est chargé de la sortie et j'ajoute que le même éditeur sort le 17 novembre prochain United Red Army (Jitsuroku rengô sekigun: Asama sansô e no michi), un autre Wakamatsu datant de 2007 et sorti chez nous en salle le 6 mai dernier.

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Re: Coffret(s) Koji Wakamatsu

Message par Filou » ven. nov. 06, 2009 1:03 pm

J'ai le coffret. C'est une boîte en carton avec quatre slimcases à l'intérieur. Le tout est sobre mais plutôt joli. Je n'ai regardé que le premier film pour l'instant qui ne m'a malheureusement pas passionné, bien que le film a des qualités indéniables.

Les secrets derrière le mur nous présente le quotidien de différentes personnes vivant dans un quartier résidentielle déshumanisé quelque part au Japon. Tous les protagonistes (une femme au foyer, un étudiant, un couple adultère) ont des vies peu mouvementées, mornes et sans saveur. Ils fuient leur existance chacun à leurs façon jusqu'à l'inéductable conclusion qui s'averra tragique.

Le réalisateur use beaucoup de gros plans, surtout durant les scènes "érotiques", ce qui rend ces dernières presque glauque. L'atmosphère claustrophobique est bien rendue, bien que l'on sent que le film a été tournée dans des conditions minimales et en très peu de temps. Certaines scènes sont, à mon goût, un peu bâclées.

Je trouve que le film ne décolle jamais réellement, à part lors du final et qu'il a perdu un peu de son côté subversif aujourd'hui. C'est malgré tout une découverte intéressante et je me réjouis de voire les autres films du coffret. Je posterai mon avis lorsque ce sera fait.

La copie n'est pas toujours belle mais vu la rareté du film je pense qu'il est difficile de faire mieux. Certaines scènes affichent une image en mauvais état mais rien d'insurmontable pour la vision du métrage. La compression est bonne.

Le commentaire de Damien Odoul est sympa à écouter, informatif mais un peu académique.

La suite de la critique dès que j'aurai vu Quand l'Embryon Part Braconner.
Dernière modification par Filou le lun. nov. 16, 2009 11:47 am, modifié 2 fois.
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Re: Coffret(s) Koji Wakamatsu

Message par Filou » mar. nov. 10, 2009 5:49 pm

J'ai regardé Quand l'Embryon part braconner et cette fois je dois bien admettre que je suis conquis.

J'ai trouvé la réalisation vraiment efficace, que ce soit la mise en scène (l'unique décor est brillament utilisé), la photo (très beau noir et blanc, l'éclairage rappelle parfois le courant expressioniste) ou les acteurs (mon Dieu, l'actrice prend vraiement cher).

Le film est une sorte de cauchemar surréaliste, où l'on suit cet homme totalement dérangé dans son obession : soumettre sa conquête d'un soir et en faire un femme parfaite (intéressante parabole sur la condition de la femme au Japon).

Le contenu subversif reste intact près de 40 ans après la réalisation du film. L'interdiction au moins de 18 ans et en revanche totalement déplacée mais il faut bien admettre que les scènes violentes sont assez corsées. Par contre, taxer ce métrage de mysogine alors que la femme est sans conteste le personnage fort du film est totalement ridicule pour quiconque ayant suivis le film jusqu'au bout.

Le film dégage en outre une certaine poésie absolument fascinante. Chaudement recommandé pour ma part.
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Re: Coffret(s) Koji Wakamatsu

Message par Filou » lun. nov. 16, 2009 11:44 am

Troisième volet de cet excellent coffret Wakamatsu, Les Anges Violés est une oeuvre singulière et fascinante.

Des infirmières font entrer un homme dans leur dortoir et le laisse regarder deux d'entre elles en train de faire l'amour. L'inconnu se met alors très en colère et abat les deux amantes. S'en suit alors un véritable massacre...

Ce qui frappe tout d'abord lors de la vision du film, c'est l'emploi du cinémascope, ce qui donne au film des allures de série A, alors qu'il s'agit clairement d'une série B, tournée en peu de temps et avec très peu de moyens. Le noir et blanc est impeccable tout comme le montage, très moderne et inventif. Un film vraiement très beau visuellement, qui tranche avec la violence des images.

Le film, comme tous les autres que j'ai pu voire de Wakamatsu, dégage une poésie très particulière, morbide sans être déprimante, violente sans être complaisante mais surtout, subversive sans être vaine et ennuyeuse. Le métrage dégage une sensation étrange, où l'on a constamment l'impression que tout peut arriver, tout est surréaliste et différent, cette impression d'assister à un cinéma libre de toute contrainte commerciale, ce qui rend l'oeuvre de Wakamatsu si précieuse. En un mot : à découvrir, absolument.

Juste encore un mot sur le commentaire de Marina De Van. Je l'ai trouvé prétentieux, encore pire qu'un article des Cahiers du Cinéma, qui cherche à intellectualiser à tout prix des oeuvres qui n'en ont pas forcément besoin. Désolé Marina, même si j'aime bien tes films :-D
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Re: Coffret(s) Koji Wakamatsu

Message par Filou » mer. nov. 18, 2009 12:04 pm

Bien que le film le plus connu de ce coffret Wakamatsu soit "Quand l'Embryon part braconner", le véritable chef d'oeuvre de cette volée est pour moi sans conteste ce magnifique "Va va vierge pour la deuxième fois".

Une fille est violée sur le toit d'un immeuble par une bande de jeunes délinquants. Un jeune homme assiste à la scène sans y prendre part. Le lendemain, la victime du viol sympathise avec le jeune homme. Ils se rendent alors compte que tous deux ont une vie misérable et partagent l'envie d'en finir avec celle-ci...

Une oeuvre folle, qui part dans tous les sens sans jamais s'égarer. Toujours filmé dans un scope flamboyant, la photographie est simplement magnifique. Le film est à la fois drôle et triste, jamais prévisible, les idées les plus folles se succèdent sans temps mort jusqu'au final, beau et tragique. La musique, du jazz principalement, participe grandement à l'ambiance poétique du film.

Je pourrais encenser encore longtemps cette petite merveille mais ce serait trop en révéler. Je vous conseille donc d'acquérir cet excellent coffret et de voire ces oeuvres géniales, hors normes et totalement hors du temps au plus vite.

Chef d'oeuvre pour ma part.
Dernière modification par Filou le mar. janv. 08, 2013 3:39 pm, modifié 1 fois.
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Re: Coffret(s) Koji Wakamatsu

Message par comte vonkrolock » mer. nov. 18, 2009 7:26 pm

Dsl je fais un peu de HS mais y aussi ça qui est sorti hier

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Re: Coffret(s) Koji Wakamatsu

Message par Filou » jeu. nov. 19, 2009 9:30 am

C'est commandé, apparement le film est repoussé au 26.11.2009.
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Re: Coffret(s) Koji Wakamatsu

Message par MadXav » jeu. nov. 19, 2009 10:41 am

comte vonkrolock a écrit :Dsl je fais un peu de HS mais y aussi ça qui est sorti hier
Tu noteras que j'en parlais dans mon premier post. N'hésite pas à créer un thread spécifique pour nous parler du film et nous dire où tu l'as acheté !
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Re: Coffret(s) Koji Wakamatsu

Message par Filou » mar. janv. 08, 2013 3:39 pm

Naked Bullet (1969) :

Sympathique métrage qui lorgne du côté de Seijun Suzuki, musique jazzy à l'appui. Le film est en scope et, comme souvent chez Wakamatsu, les cadrages sont excellents et le montage percutant. Ce n'est pas un polar pur et dur, le film comprenant de nombreuses scènes érotiques, ce qui le rattache au genre de prédilection de son auteur : le pinku eiga (ou comment faire d'une pierre deux coups). Wakamatsu y injecte une bonne dose de nihilisme plutôt réjouissante. Le film, qui ne dure que 75 minutes, s'enlise un peu vers la moitié mais tout ceci est compensé par un final explosif, noir et abrupte !

Disponible dans le 3ème (et indispensable) coffret dédié au réalisateur décédé récemment. La copie s'en sort pas trop mal et la compression est très bonne. Je me demande en combien de temps le film a été tourné, mais j'imagine que ça a du être en très peu de temps !
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Re: Coffret(s) Koji Wakamatsu

Message par Filou » mar. janv. 15, 2013 11:04 am

La Vierge violente (1969) :

J'ai pris une petite claque :-D . Si le début annonce une intrigue classique, entre yakuza et pinku eiga, le film vire très vite à la fable surréaliste. C'est de nouveau en scope et pour une petite production tournée en deux temps trois mouvements, c'est simplement un luxe qui apporte une très grosse plus-value à l'ensemble. Wakamatsu aime les formats larges et soigne à nouveau ses cadrages. Seuls quelques séquences, comme dans d'autres de ses films, sont en couleur car il n'avait pas suffisament de fonds pour tourner intégralement en couleur. Tant mieux, suis-je tenté de dire, car ce mélange participe au côté totalement "autre" de cette oeuvre.

Certains spectateurs risquent de rester totalement hermétique à ce film hors norme et je peux comprendre pourquoi. Ca ne raconte finalement pas grand chose mais La Vierge violente dégage une poésie, une folie et un charme qui ne ressemble à rien d'autre, si ce n'est à d'autres oeuvres de Koji Wakamatsu. Même la bande son est totalement décalée, entre la musique aux tonalités pop et jazzy, cette chanson aux paroles hallucinantes ou encore les dialogues absurdes. Certaines séquences, dont :
Spoiler : :
l'errance du personnage principal en sous-vêtements féminins :shock:
sont d'une poésie et d'une étrangeté incroyables.

Le meilleur film que j'ai vu de cet auteur, juste derrière Va va vierge pour la deuxième fois.
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Re: Coffret(s) Koji Wakamatsu

Message par Filou » ven. janv. 25, 2013 9:49 am

Violence sans raison (1969) :

1969 a été une année très prolifique pour Koji Wakamatsu, avec 11 films tournés durant celle-ci. Révolutionnaire dans l'âme, le réalisateur livre à nouveau une oeuvre totalement subversive et plonge le spectateur dans le quotidien morne de jeunes à qui l'avenir ne semble pas prêt de sourire. "No future", le slogan semble taillé sur mesure pour les trois malheureux protagonistes qui commetront divers méfaits sans être jugé d'aucune façon.

Violence sans raison ne prend pas position pour les étudiants révoltés de 68 comme dans d'autres oeuvres de Wakamatsu mais se place au contraire du côté de ceux qui n'y ont pas participés, pire, de ceux qui s'en moquent totalement. Est-ce une façon pour le réalisateur de nous exprimer son ressenti face aux révoltes qui se sont déroulés un an auparavant ? Quoi qu'il en soit, il nous livre ici un portrait noir et sans concession d'une certaine jeunesse de l'époque qui fait froid dans le dos. En scope, avec une séquence en couleur totalement expérimentale, c'est à nouveau une oeuvre très réussie. Si le début est un peu laborieux, on se prend rapidement à suivre les péripéties amorales de ce trio infernale les yeux totalement ébahis devant tant d'audace.
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