En 1922, en Turquie. Adam Dyer dérive dans une minuscule embarcation qui menace à tout instant de couler. Heureusement, un bateau turc tombé aux mains de bandits le prend à son bord. Rapidement, Adam neutralise l'équipage et débarque Josh Corey, le capitaine, dans une chaloupe, sans plus s'en soucier. Quelque temps plus tard, les deux hommes se rencontrent par hasard dans un port, sympathisent et décident de partir à l'aventure ensemble. Le gouverneur les charge bientôt d'une importante mission. Il s'agit d'assurer la protection d'un train et du fabuleux trésor qu'il convoie...
You can’t win ‘em all est situé dans la brève carrière de Peter Collinson entre The Italian job, son film le plus célèbre à ce jour, et le psycho-killer Fright. Il marque véritablement pour son auteur le début d’une longue ballade/errance cinématographique de 10 ans à travers la planète, qui s’achèvera en Australie sur The Earthling après avoir fait étape sur le continent nord américain (Tomorrow never comes, Open Season), en Afrique du sud (Target of an assassin), au Moyen-Orient (Israël pour The Sell-out, l’Iran pour sa version des 10 petits nègres) ou encore – plus proche de nous – en Espagne pour les besoins de Un hombre llamado Noon et Open Season. A cet égard, le titre français de l’œuvre, Les Baroudeurs, acquiert presque une valeur à la fois symbolique et prémonitoire.
Si la tonalité générale de cette histoire de mercenaire située dans la Turquie en pleine guerre d’indépendance du début des années 20 – cadre historico-géographique pour le moins original - est globalement à la décontraction et tend à classer You can’t win ‘em all dans la catégorie comédie d’aventures - le rattachant ainsi en premier lieu à The Italian job au sein de la filmographie du cinéaste anglais - il subsiste néanmoins derrière toutes ces péripéties à base de mensonges, trahisons et meurtres, voire massacres, une noirceur et un cynisme propres au cinéma de Collinson, cinéma thématiquement hanté par la guerre et ses répercutions sur l’individu (cf. The Long day’s dying, Open Season, Tomorrow never comes).
Ecrit par l’acteur de second plan Leo Gordon, ici également à l’écran dans le rôle de l’un des comparses de Bronson, You can’t win ‘em all s’avère donc une œuvre plus nuancée qu’elle n’y parait à première vue. Ce qui n’empêche pas le dialogue d’être truffé de croustillantes répliques, lesquelles associées à la cool attitude d’un Tony Curtis dont le jeu s’inscrit évidemment en totale opposition avec celui de son partenaire – un Bronson plus souriant que d’habitude mais toujours aussi impassible - donnerait presque un petit côté Amicalement votre à l’affaire.
Un chouette film d’aventures donc, qui a visiblement bénéficié de moyens confortables pour l’époque (… ainsi que pour une production Gene Corman) si l’on en juge par le faste de sa reconstitution dans les scènes de combat (figuration, costumes et équipement d’époque). Le gouvernement turc est à ce titre grassement remercié au générique de fin. Seul gros défaut du film selon moi : un script un peu trop touffu par moment, menaçant de perdre le spectateur qui, comme moi, ne connait pas grand-chose à l’Histoire turque.
Ce film curieusement assez rare – il n’est à ma connaissance jamais sorti en DVD malgré la notoriété de ses 2 interprètes principaux - a été diffusé sur France 3 il y a quelques semaines dans une copie VF de bien piètre qualité, incluant couleurs délavée et image salement recadrée.