Ichimei / Hara-Kiri - Takashi Miike (2011)

[Superwonderscope]

Remake du Seppuku/Hara-Kiri de Masaki Kobayashi, présenté en compétition du Festival de Cannes 2011, cette histoire d'honneur et son choix de forme visuelle peut sembler un virage assez curieux dans la carrière de Miike.

La paix au Jaon a entrainé la pauvrété de nombre de samouraïs au 17e siècle, entrainant certains à certaines extremités pour survivre, jusqu'au rituel du seppuku pour laver l'honneur perdu. Un samourai agé se rend à la demeure de son seigneur pour s'y résigner mais apprend en fait le destin de son beau-fils, obligé de se faire hara-kiri d'une manière humiliante et douloureuse.

Ce qui étonne à la visio du film, c'est que le Miike connu a laissé ses frasques visuelles, ses excès complètement de côté. le fait de se retrouver en compétition officielle était déjà curieux, en voyant le film, on comprend un peu pourquoi. Impensable de voir Visitor Q, Audition ou encore God's Puzzle en compétition, mais Hara Kiri s'y prete totalement.

Un lenteur appliquée, qui déploie les gestes, scrute les déplacements face à la caméra. Un soin évident a été apporté au cadre, au placement des persoannges. Il y a une beauté formelle imprenable dans le film, c'est indéniable. Les thématiques s'entremelent : autorité en perte de vitesse, incompréhension des enjeux humains, déshumanisation de la société, des puissants perdus dans leurs tours d'ivoire. Un film assez humaniste, somme toute.

Le problème , c'est qu'il ne s' passe pas grand chose et une mise en scène très statique n'arrange en rien les brefs éclats de fureur qui parsèment la narration. Le film est à mon sens trop long (126 minutes), si bien qu'on décroche parfois pendant les longs dialogues entre chaque personnage. je ne peux nier la beauté de l'ensemble, mais je ne suis pas vraiment senti concerné par ce qu'il se passait entre chacun des protagonistes.
Aussi, le film verse dans une sorte de mélodrame naïf vers le dernier quart, dont on ne sait s'il s'agit de premier ou de second degré. ca m'a paru très mal inséré au récit.

N'ayant pas vu le film original, je ne peux effectuer de comparaison de l'un à l'autre.

Le choix de la projection en 3D lors de sa présentation officielle (3D active) fut là aussi un choix plus que discutable. J'ai passé les 3/4 de la projection sans lunette, sans que cela n'affecte la vision du film. Un comble! Cette post production en 3D est assez incompréhensible, ne servant qu'à mon sens un propos commercial dont le film n'a pas vraiment besoin (ou p.ê pour les ventes internationales?). Cette 3D n'est pas immersive, elle ne fonctionne réellement qu'avec des éléments étrangers à la narration (la neige qui tombe au final, par exemple), et ne créé qu'une atmsopshère dans certaines scènes. Pour ma part, un échec technique patent.

Un bel objet quelque peu inanimé, au final. Les fans d'oeuvres délirantes du maestro en seront pour leurs frais avec ce produit très académique, parfait pour Cannes, ceci dit.

Une sortie en salles le 8 octobre 2011 est calibrée pour la France.

[Superwonderscope]

La chronique d"'Eric Dinkian sur le site :

http://www.devildead.com/indexnews.php3?NewsID=6966

[arioch]

Le film ne sortira pas en 3D en France. D'ailleurs, on peut imaginer qu'en dehors du Japon, les pays qui le présenteront en 3D dans les salles seront rares. La date de sortie est fixée pour la fin novembre dans les cinémas de l'hexagone.

[Plisken]

J'ai trouvé ça somptueux, très fort émotionellement et parfaitement interprété

[MadXav]

Bizarre que ce sujet ne soit pas plus développé...
Bref. Je regarde alternativement le Remake, et l'original et ce de manière régulière.
SWS parlait au sujet de ce film de quelque chose d'"inanimé", alors qu'il est quand même beaucoup plus accessible que l'original. C'est un peu la version "grand public" du classique de Kobayashi. Bien évidemment, ça reste un film posé, très japonais, sur le sens qu'on donne au mot "honneur". En fait je suis toujours étonné par le côté irrespectueux de cette thématique qui grosso modo balance qu'il y a un monde entre l'honneur des samurais qui ont la chance d'appartenir à un Clan riche qui n'a pas été détruit, et l'honneur de Ronins confrontés aux dures réalités d'une existance pauvre. Et clairement, le réalisateur, Kobayashi ou Miike, fait son choix.
Là où Miike met son grain de sel, c'est dans l'imagerie qu'il offre à ce poême irréverentieux. Entre la séquence du Seppuku qui est d'une violence hallucinante, le cardage magnifique du chateau qui se joue des géométries et cette neige qui commence à tomber lorsque le Ronin se lève. On a là des images d'une force incroyable. Du très bel ouvrage, sans les folies "classiques" de son auteur. Tout est ici maitrisé et plusieurs fois, la seul force de la mise en scène parvient à foutre la boule au ventre. Le Ronin qui dégaine son sabre en bois en est le parfait exemple.
Bref, une ressucée un peu veine comme le disait Eric dans son texte, mais qui fait tout de même honneur au chef d'oeuvre original, et lui apporte une touche visuelle moderne, sublime.
A noter que si le film n'est pas sorti en 3D chez nous, cette version en relief est disponible sur le Blu-ray. Gadget peut être, mais la cours qui sert au Seppuku gagne vraiment en volume. Les perspectives sont pour le coup intéressantes.