Festen - Thomas Vinterberg - 1998

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Manolito
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Festen - Thomas Vinterberg - 1998

Message par Manolito » lun. juil. 23, 2012 9:44 pm

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Lors de la fête du soixantième anniversaire d'un hôtelier aisé et respecté, son fils aîné fait une déclaration fracassante : son père l'a violé durant son enfance, tout comme sa petite soeur qui s'est suicidée depuis...

Sorti en même temps que "Les idiots", "Festen" fût une sorte d'apogée du courant Dogma, mi-sérieux, mi-provoc, lancé par Lars Von Trier en 1995. Pas de nom de réalisateur au générique, pas d'éclairage extérieur, pas de son postsynchronisé, pas de musique... Le tout est en plus ici filmé en vidéo numérique, pour un résultat techniquement assez horrible, avec de fréquents soucis de pixélisations dans les scènes sombres. Le film a été couvert de récompenses à travers le monde (dont un prix à Cannes) et a même eu un certain succès en France (plus de 500 000 entrées).

On a souvent parlé de "Hamlet" pour ce film, ce qui n'est pas faux, le crime d'inceste remplaçant ici le meurtre, la lutte entre fils et mère devient entre fils et père. On a une morte à venger, qui se manifestera même à un moment de façon spectrale (bon, c'est plutôt un rêve !) et même l'acteur principal entretient une ressemblance avec Laurence Olivier !

"Festen" est un film qui maintient assez bien son suspens, tout d'abord en jouant sur l'ambiguïté de la révélation, puis en nous faisant suivre les péripéties de cet affrontement terrible sur toile de fond de fête familiale provinciale. Bien mené, assez inventif dans sa façon de filmer et de gérer les limites du format Dogme, "Festen" évite ainsi l'académisme qui guette pour un tel sujet de drame familial dans un cadre bourgeois. Une bonne réussite, bien écrit, qui tient bien le spectateur !

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Vu sur le dvd belge sorti en 2007 chez Boomerang, un dvd proposant une copie 1.33 4/3 souffrant évidemment des limites du format. C'est bien simple, on ne sait même plus ce qui est de la compression ratée ou des pépins d'origine ! Cela dit, le film est comme ça, il faut faire avec. Bande son en mono 2.0 d'origine (le générique indique un logo dolby, mais c'est uniquement pour le portage de la bande son en dolby digital...). Avec VF et STF. On trouve aussi ce film chez M6 vidéo en France.

Un bluray ne s'impose pas, et n'existe d'ailleurs pas...

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Teurk le Sicaire
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Re: Festen - Thomas Vinterberg - 1998

Message par Teurk le Sicaire » jeu. avr. 11, 2024 9:15 am

Maître-étalon du dogme et classique quasi-instantané à sa sortie que j'avais évidemment snobé jusqu'à ce que Back to the Bobine s'évertue à me faire ma culture cinéphile, Festen demeure toujours une œuvre marquante. Le choix de réalisation radicale a de quoi éclater les rétines sur grand écran et donne à l'introduction un rythme comico-enragé dupontellien qui nous embarque directement avec tous les convives vers la grande demeure familiale où tout va se jouer, se rejouer et, souhaitons-le, se déjouer. Ce n'est pas trop spoiler que d'évoquer les révélations qui font le cœur du film et que mon métier de psychiatre m'avait tristement permis de griller trop rapidement (sale réalité !) : le film est donc très contemporain dans les thématiques socio-familiales qu'il anime, et surtout, dans sa manière de montrer le rapport de force défavorable à la victime dans sa confrontation à son agresseur capable de tordre le réel pour qu'il colle à son récit, bien aidé par les puissants processus de déni collectif à l'œuvre. C'est vraiment "la fête doit continuer malgré tout". Et le pire est que je continue à entendre régulièrement narrer de telles situations en entretien.

Le processus de réalisation permet vraiment de coller aux personnages (et aux super acteurs qui les incarnent), y compris les faux-absents, de donner corps à leurs constructions psychiques et émotionnelles en des chemins différents et pourtant tous attachés, même sans l'avoir conscientisé, au secret familial. Cela donne aussi un aspect poissard au film dont on conserve plusieurs jours durant des pensées et des ressentis. Peut-être pourrais-je reprocher à Vinterberg un peu trop de générosité dans ses thématiques, abordant ainsi la lutte des classes avec la révolte des petites mains du manoir qui occupent une place importante d'architecte des conditions de révélation, mais également le racisme avec l'arrivée tardive et un peu étrange de Gbatokai. Mais cela ne dilue que peu la puissance intemporelle de Festen.

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