Monuments Men - George Clooney (2014)

[savoy1]

Très intéressante construction scénaristique pour ce film de "guerre". Qui déjoue en tout cas les attentes, et les clichés assénés par la bande-annonce depuis des semaines.
Ce n'est pas un film de commando. Nous n'aurons pas droit aux trois actes : recrutement, entraînement, mission. Les deux premières phases sont expédiées en quelques minutes, dont une partie en arrière-plan du générique, sans dialogues.
Ce n'est pas non plus une diatribe nécessairement manichéenne. Dès les premières images, photos de batîments en ruines, un monologue nous l'assène : ces scènes sont le résultat de NOS actes, à nous les alliés, les "bons".

C'est une suite de vignettes, sur ce sujet de l'objectif de la sauvegarde des oeuvres d'art en temps de guerre. Qui nous permettent de suivre en parallèle les différents personnages en titre. Un but les lient, quelques appels radio les relient, mais chacun vaque dans son coin, tout à l'objectif qui lui a été assigné. Chaque scène pourrait être prise séparèment, illustrant à son tour un thème, une morale. Tel un assemblage de fables. Sur l'engagement, l'endoctrinement des jeunes ("Heil, Hitler !"), la famille et l'amitié. Et la mort, bien sûr.
Tout finira par se rejoindre, mais sans emphase, sans apothéose forcée.
Cette construction m'a fortement rappelée la lecture de comics, deux pages sur une action, trois pages sur une autre, une case d'un ensemble ne faisant jamais irruption hors de son contexte propre. Et j'adore ça, me laissant porter sans me poser de question, espèrant que tout sera résolu en fin de saga.

Le filmage est classique, au grand sens du terme. Les personnages bien servis. Osons dire qu'en d'autre temps, ce film aurait pu devenir un futur classique (encore ce mot).

Hormis cet éternel sujet qu'est l'importance de la culture au sein de notre vie, resteront gravées en mémoire quelques images inoubliables. Tel ce débarquement sur une côte de Normandie, une poignée de soldats sautant d'une barge, face à une plage animée au loin de mouvements mécaniques.
On la connaît cette vue, elle est imprimée dans notre souvenir de cinéphile, panorama grandiose. Pourtant, elle est toute autre, c'est l'après. Pas de mouvements de caméra frénétiques, ni de sifflements à nos oreilles. Tout n'est que calme apparent, effarement. Il s'est bien passé quelque chose, l'amoncellement de croix derrière le mur en témoigne. C'était hier ...

[Plisken]

Un bon p'tit film sans grand relief, très classique dans son style mais aux personnages attachants et au sujet véritablement intéressant. On pense forcément aux grands classiques de guerre des années 60 et 70. La nostalgie cinématographique de cette époque fonctionne parfaitement.