MORA... (1982, Léon Desclozeaux)
Un reporter-photographe (Mora, Philippe Léotard) est témoin d'un meurtre devant un troquet d'un pays d'Amérique du Sud non-déterminé. Son existence et celle de ses proches va être progressivement menacé sans qu'on ne sâche jamais vraiment pourquoi ces "tueurs" veulent l'éliminer. Cryptique. Le mystère plâne jusque lors de cette scène finale grandiloquente où le couperêt avance inexorablement le long de ruelles désertes et où les corps se déplacent, une fois morts. Il y a une scène de night club particulièrement sale et osée. Patrick Bouchitey et Bob Raffelson. Un casting de vraies femmes : Ariel Besse, Stefania Casini, Pamela Prati. Mais bon... Pour férus de photo uniquement.
LAISSE BÉTON (1984, Serge Le Péron)
"Dans une triste banlieue parisienne, Brian et Nourredine, deux adolescents de 13 ans, trimballent plein de rêves dans leur tête. Une idée fixe, en particulier: partir pour l’Amérique, San Francisco. Pourquoi pas ? C’est qu’en fait, Brian raconte qu’il est né là-bas, lors d’une tournée que faisait son père, Gilles More, chanteur de rock… Mais aujourd’hui, le père de Brian est en prison et Brian n’a plus pour horizon que le HLM où il vit avec sa mère Huguette et les terrains vagues où il traîne avec ses copains, Jerry Lee Lewis ou Mini Meuf. Pour se faire un peu d’argent, Brian et Nourredine chapardent dans les supermarchés et revendent les articles volés à Mick, un recéleur…
C'est triste, c'est gris, c'est froid, c'est sans espoir ; c'est la banlieue au début des années 80. Quelques captures du film ici :
http://fluoglacial.com/laisse-beton-1984.
PRUNELLE BLUES (1986, Jacques Otmezguine)
Si Michel Boujenah était plutôt cool dans Levy & Goliath, la performance qu'il livre ici nous donne simplement envie de le torturer pendant 94 minutes. Disons-le tout de suite, si vous n'avez jamais entendu parler de Jacques Otmezguine, ce n'est pas innocent. La plastique de Valérie Steffen a beau nous faire tenir pendant 30 minutes, après ça se corse. Et c'est pas Vincent Lindon, plus tiqué que jamais, qui va y changer quelque chose. L'intrigue est incompréhensiblement nulle et l'ennui nous... ah attendez, mais oui, c'est Karim Allaoui, la version minorités de Stéphane Ferrara, qui vient livrer quelques fulgurances à l'écran, le temps d'un tombé d'imper' ou d'un ôtage de lunettes. Pour plus d'infos, se référer à la jaquette fulgurante :
ASSOCIATION DE MALFAITEURS (1987, Claude Zidi)
Agréablement surpris par Zidi. On n'est pas tant dans le comique que ça. Déjà c'est pas Cosma à la musique mais Francis Lai, ça change d'entrée pas mal de choses. Le scénario est alambiqué : des potes de promo font croire au plus loser d'entre eux qu'il a gagné au loto, celui-ci pressé d'enfin palper signe dans la foulée un contrat avec le plus véreux d'entre tous, qu'ils doivent rembourser au plus vite et choisissent de chourer son coffre-fort où sont stockés les papiers sauf que le coffre en question contenait également une mallette de 400 briques etc etc etc.... Bref, pour la féroce critique marxiste du monde des affaires on repassera. Mais pour les décors humides et l'ambiance polar80, on y est. Deux yuppies en cavale trouvent refuge à Conflans : troquet, casse de bagnoles et parkings souterrains. Madame Taddéi est plus tanquée que jamais, Cluzet fidèle à lui-même. ("oh l'enculééé"), Christophe Malavoy est pas mal en espèce de Lanvin dandy, Véronique Genest est déjà Julie Lescaut, quant à Hubert Deschamps, il est toujours impeccable. Et Jean-Pierre Bisson ressemble à Thierry le Luron quand il imitait Mitterand. PUISSANCE QUATRE-VINGT. Un bon film de copains et une soirée Carte d'Or plus qu'honnête.
LA BRUTE (1987, Claude Guillermot)
Xavier Deluc, nouvel espoir du cinéma français, incarne ici un homme sourd, aveugle et muet (paralysé aurait pu ajouter encore plus de piquant), acculé aux barreaux, pris dans les rouages de la terrible justice, condamné à errer sur les cimes du désaveu. Quelle performance ! Deluc joue même au scrabble en braille, et nous aprend par là même que c'est bel et bien un jeu qui existe. Ce film de robes (oui, l'essentiel de l'intrigue se délie au tribunal) commence à la 33ème minute. L'occasion pendant ce temps-là pour Jean Carmet de consommer de la bonne chair, des Bordeaux vieillis en mer et de traiter sa secrétaire pour qu'elle lui obéisse encore plus. Dans ce rôle de Maigret bouffeur de magrets, Carmet est toujours parfait. Le crime marin (un meurtre sur ferry) qu'il doit résoudre se retrouve emmêlé dans une histoire d'adultère, de chanteuse de troisième zone, d'amour fou et de coupable idéal. Le petit avocat de Province monté à Paris va en faire baver du baveux ! Adapté d'un roman de Guy des Cars, LA BRUTE est un film de gare, honnête et ponctuel comme un contrôleur de tickets. Attention à la fermeture des portes quand même.
LE BEAUF (1987, Gérard Oury)
Gilbert Goudron aka Gérard Jugnot, le Français magnifique, mène aujourd'hui une petite vie rangée de fonctionnaire (il est en carge de la destruction des billets de banque usagés) avec maman (délicieuse Marianne Basler) quand il voit débarquer son vieux pote Serge (Gérard Darmon l'embrouille) qui revient d'Australie après avoir choisi d'y refaire sa vie. Enfin ça, c'est ce qu'il dit. En vrai le Serge est sur la paille et compte se refaire en proposant un coup à son beauf, LE COUP, à l'aide de l'autre beauf, Marc (inoubliable Didier Sauvegrain). Tous les trois formaient un groupe de rock-hard à la fin des années 70, les Aborigènes (formidable scène durant laquelle ils se rematent la vidéo d'époque) et les truands vont tirer sur la ficelle nostalgie pour obtenir ce qu'ils veulent du Gilbert, même sa gonzesse. C'est un film de Gérard Oury, plus calme que d'habitude, on y voit aussi Zabou, Bashung et même Boris Bergman (aka Rocky) et on a même droit à un suspense eficace à la fin. Un petit classique de la comédie policière ? Parfaitement.
RÉSIDENCE SURVEILLÉE (1987, Frédéric Compain)
"Guillaume Fontaine et sa famille s'installent dans la "Résidence des Orchidées", sa première réalisation en tant qu'architecte. En attendant la construction de toute une ville nouvelle autour, ce premier batiment est entouré d'un chantier boueux où les premiers habitants voient se déchainer la violence d'une bande de loubards venue des vieux quartiers: sabotages, graffitis, vols, actes de vandalisme... C'est insupportable et les résidents sont à cran. Heureusement, il y a Jacky, le concierge, la trentaine, sympatoche. Il est toujours dans les parages, prêt à rendre service et même à protéger les gens contre les agressions. Seul Guillaume est sceptique devant cette entreprise de charme la trouvant trop évidente pour être gratuite..." Mots clés: huis clos, JG Ballard, terreur, intimidation, démence, maître-chien, classes, youvois, passe-partout, calibre, cave, immeuble, toits, contrôle, caméra, vidéosurveillance, suicide, oppression, claustrophobie, modernité, destruction. Un téléfilm jeune et urbain.
SÉCURITÉ PUBLIQUE (1987, Gabriel Benattar)
Voilà l'exemple de tout ce qu'il ne faut pas faire. Le polar Télérama. Le Polart80. Une écrivain renommée (Sophie Duez, haha) accepte un contrat d'écriture de scénario policier. Cette basse oeuvre ne lui sied pas vraiment, et elle demande des conseils à son vieux pote philosophe Martino (Daniel Gélin) qui joue du piano et récite des vers dans l'espoir de la piner, en vain. Anna est amoureuse, amoureuse de Francis (Jean-Pierre Kalfon - vise le couple improbable) qui est directeur d'une salle de spectacles (nous y voilà) ambiance musique exotique et danse africaine où le TOUT PARIS (c'est écrit en majuscule au dos de la VHS) se rend. Seulement le théâtre est lui-même théâtre de tristes évènements : le meurtre d'une danseuse. Ce n'est pas l'oeuvre d'un psychopathe (ce qui aurait pu sauver le film) non non, mais d'une organisation terroriste internationaliste qui est d'ailleurs liée à ce vieux Martino... Et voilà. Le fléau du polar: l'espionnage. La B.O. est infernale. Les dialogues chiants. Les flics sont tous nuls, même celui envoyé par les américains qui est une caricature sans humour de Bogart dans Le Faucon Maltais. Bref, le seul truc bien c'est ce jeune gauchiste bousculé par les keufs qui leur pique leur gyrophare. Prends ça la police.
POUSSIÈRE D'ANGE (1987, Édouard Niermans)
Après l'époque 'flics de choc', on entre dans l'ère tranxène. Les flics sont toujours aussi solitaires mais tristes, sales et alcooliques. Bernard Giraudeau "le baroudeur romantique" campe l'inspecteur Blount, largué par sa meuf (Fanny Cottençon, qu'il savate en plein milieu d'un restaurant d'entrée de jeu !) et qui, lassé de la chercher, se laisse entraîné au fond par une petite souillon orpheline jouée par Fanny Bastien, le petit fantôme du cinéma français 80. Série Noire. Violetta est revenu en ville 10 ans après pour venger la mort de sa mère, une pute, abattue par des truands en 1972. Enfin ça, Simon Blount l'apprendra plus tard. Oui, pour nous rappeler qu'on est en 82 les flics matent France-Allemagne au comico, tout va bien jusqu'au but d'Alain Giresse. Et tout dérape dans le film à ce moment là d'ailleurs. Après avoir erré à bord de sa vieille Merco dans une ville désertique (principalement Marseille), propice à certains des meilleurs plans POLAR80 (hypermarché la nuit, spot à tapins sous pont d'autoroute, bidons en feu, bars miteux, bâtiments désaffectés, commissariat-hangar...) le sad lieutenant en met finalement un coup à l'aide de son vieux pote à vapeur semi-détective (Jean-Pierre Sentier). Au passage, il met également un coup de tête Depardiesque à un colègue moustachu qui le pousse un peu trop à bout, pétaniste va! Son supérieur Fleurimont (oui le même blaze que Pierre Tornade dans Nestor Burma) se retrouve alors dos au mur. Mais restons en dehors de l'intrigue, ce ne sont pas nos affaires. Le final tragique à base de grenade est hyper bien. La musique est signée Leon Senza, Vincent-Marie Bouvot et... Kevin Coyne. Co-écrit avec Jacques Audiard (comme Fréquence Meurtre). Les mois de juillet aussi sont meurtriers.
FRÉQUENCE MEURTRE (1988, Elisabeth Rappeneau)
Pas si mal ce thriller non-haletant et son ambiance "ça-va-pas-fort" qu'il traîne du début à la fin. Et ce malgré une bande-son TOUJOURS à côté de la plaque ("j'te fous un solo de guitare heavy sur une scène d'angoisse, allez"). Catherine Deveuve est la Macha Béranger de Skyrock, chaque nuit elle répond aux auditeurs désespérés dans l'émission "Nuit de Chine", dans un registre plus bourge et moins suâââve. Salutations à Daniel Rialet l'animateur, au passage. Psy de métier, elle est poussée par son amant (Etienne Chicot) à faire de la télé, de la grosse thune quoi. Sa fille (l'enfant du polar80) n'est pas trop chaude par l'idée du chauve et encore moins quand elle retrouve son perroquet explosé contre le mur de l'appart. Déménager, malgré le quasi-viol permanent des loubards du quartier, l'immeuble en ruines et les voisins chinois aussi fourbes que scapins, pourquoi faire ? Menacée ? Mais par qui ? Quelle est cette voix troublante (dans un registre New York Reaper en VF) qui appelle Jeanne Quester chaque soir à la radio ? Qu'est ce qu'on lui a caché après l'assassinat sanglant de ses parents quand elle était enfant ? Va t-elle replonger dans la démence ? Pourquoi Martin Lamotte et André Dussolier sont munis de chevelures si épaisses ? Vous le saurez en poussant jusqu'au final mi-Freud mi-Shining qu'on voyait arriver gros comme une tour du 13ème. Ceci est l'unique film où vous verrez un distributeur de mini-pizzas sous cellophane à consommer sur le pouce.
SANS DÉFENSE (1989, Michel Nerval)
"Michel Nerval est un réalisateur français de 4 films dans les années 1980, mettant en scène Michel Galabru dans les 3 derniers" - la fiche wiki est sans appel. Droit au but. Précisons aussi que les 3 premiers étaient des comédies dont une parodie de Borsalino avec Jean Lefebvre et Darry Cowl, hum. Alors évidemment, quand Michel (c'est valable pour Nerval et Galabru) nous la joue sanglots, ça prend pas du tout, dès le début c'est niqué. Déjà l'action se passe pas du tout à Libourne comme indiqué mais à côté de Montpellier. Donc erreur doublée de déception. Jules Rampin est papy poule avec son p'tit fiston Laurent, qui se fait maheureusement enlever à l'arrêt de bus par des types en BMV (pas en BMW, en BMV). Bon, qu'est ce qu'il branlait là à 14h le gamin aussi, hein ? Bref. Devant une police de province aussi impuissante que rieuse, et aiguillé par un ami du Midi Libre, Rampin décide de monter à la capitale mener son enquête sur les milieux de la prostitution infantile gérés par les élites corrompus (30 000 enfants disparaissent chaque année, 8 000 enfants se prostituent à Paris... où sont donc les 22 000 restants ?). Pédophilie sur minitel, bars de nuits, cercles philopédiques, drogue, trafic de VHS... On pouvait s'attendre à du graveleux, du pas propre-propre, ou alors à un bon coup de pied (chaussé de la botte de la justice du peuple) dans la fourmillière. Non non. Pas de Hardcore ni de Cruising ici, ou alors du cruising en tracteur (on est dans le registre du téléfilm), Galabru patine et même s'il met parfois des coups poussifs sur la table, ils donnent à chaque fois l'impression qu'il est en train d'engueuler Cruchot. Que dire sur la musique... Au comble du désespoir (comme nous), Jules Rampin va enfin... Enfin, j'imagine que vous vous doutez de la fin. Dommage.