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par Teurk le Sicaire » dim. août 18, 2019 9:32 pm
Je fais partie (avec regret) du clan des grincheux.
Toute l'intention du film est dans son titre : regardez le petit Quentin s'amuser avec ses jouets (très chers) pour se raconter son enfance fantasmée jusqu'à un révisionnisme historique assez dérangeant (dans la lignée du final de Inglourious Basterds), genre le cinéma peut réparer le réel. Et on sent bien qu'il kiffe son expérience, le petit Quentin, il met plein de musiques des 60's, il barde de références ciné ou télé le moindre support, il fait rouler des voitures d'époque, il recrée des pastiches de films de série B (certes marrants), il filme des jambes et des pieds à tire-larigot, etc.
Le problème, c'est que je suis resté totalement extérieur au spectacle. La faute à un récit inexistant, Tarantino se contentant de chercher à recréer une ambiance d'insouciance généralisée (on picole, on fume, on s'amuse et on s'en branle de tout) que l'émergence hippie semble menacer. Mais la plupart du temps, il ne se passe quasiment rien, il y a même assez peu de séquences de parlote tarantinesque et les 2h40 se font trop souvent ressentir. Le pire étant vraiment les séquences consacrées à Sharon Tate que l'on nous montre béate de sa propre réussite, sans que cela apporte quoi que ce soit au reste.
Il reste la performance de DiCaprio et de Pitt (qui s'autorise enfin à avoir la tête de son âge), toujours royale, mais à qui on ne donne pas non plus grand chose de consistant à interpréter (je retiens comme tout le monde la scène du mescal). LA séquence vraiment réussie du film : le ranch des hippies, dont la tension réveille soudain le spectateur et rappelle que si Tarantino voulait bien un jour descendre de ses hauteurs, il pourrait vraiment nous pondre un film efficace.
Mais en l'état, Once upon a time in Hollywood me parait vraiment trop calibré pour plaire à son réalisateur, plus jouet que film, quitte à oublier le reste de son public. Avis que je ne semble d'ailleurs pas partager avec le public en question, soyons beau joueur, car les retours sont globalement positifs.
Concernant la polémique Bruce Lee, j'ai le souvenir qu'il s'agit d'une séquence imaginée par le personnage de Brad Pitt, avec toute sa dimension fantasmatique de branleur, et non pas une représentation directe de Tarantino. Cela peut donc nuancer la perception que l'on en retire.