Au-delà des montagnes - 2015 - Zhang-ke Jia

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Manolito
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Au-delà des montagnes - 2015 - Zhang-ke Jia

Message par Manolito » sam. mars 31, 2018 11:05 am

Titre chinois : Shan he gu ren

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En 1999, trois amis, deux garçons et une fille, fêtent l'arrivée du printemps. Jinsheng s'est enrichi ces dernières années grâce au lancement de l'économie de marché, tandis que Liangzi reste un humble mineur. Tous deux sont amoureux de la jolie Tao. En suivant ce triangle de personnages, nous retraçons l'évolution de la Chine jusqu'à 2015... puis 2025...

Zhang-ke Jia est un réalisateur chinois qui a tout se suite emballé la critique art et essai française, dès "Xiao Wu, artisan pickpocket" puis "Platform" ; et forcément, cela suscite la méfiance. On peut y voir un cinéma d'auteur prémâché et prêt à être livré tel quel dans toutes les "art house cinemas" d'occident, un cinéma du monde fait sur mesure pour récolter les prix en festival.

Je n'en avais vu que deux de lui jusqu'ici : "The World" qui m'a fort ennuyé et que j'ai trouvé très laid. "A touch of sin" est plus intéressant, même si je trouve que sa mise en scène reste percluse de stéréotypes d'un cinéma post-bresson, d'une sobriété forcé, arrivant à un résultat très inégal. Il faut néanmoins reconnaître que ce cinéaste aborde à travers son cycle de films depuis 20 ans le sujet passionnant du changement de la société chinoise au cours de son intégration dans l'économie mondiale de marché, du prix à payer pour ce "rattrapage" hors du commun dans l'histoire de l'humanité.

Co-produit avec des français (la famille Karmitz) et des japonais (dont Takeshi Kitano), "Au-delà des montagnes" se veut une fresque balayant 30 ans de la vie de trois chinois, emportés dans le vent du changement, d'un optimisme total, puis confrontés à une succession de désillusions et de doutes. Ce film s'offre même une troisième partie d'anticipation, suivant le trajet d'un jeune chinois en 2025, exilé en Australie, souffrant d'avoir été complètement déconnecté de ses racines et de sa culture d'origine...

J'ai eu un peu peur au début du métrage, qui part dans les chemins lourds de l'allégorie, de la Chine confrontée au choix entre tradition et modernité... Bref du déjà vu 1000 fois... Et puis, le film se complique, déjoue les attentes et les clichés, se déploie avec ampleur et subtilités. Les personnages ne sont plus symboles mais prennent chair. jusqu'à la troisième partie futuriste assez inattendue que j'ai pour ma part beaucoup apprécié (en allant sur imdb, j'ai vu qu'elle est très souvent dénigrée...). "Au-delà des montagnes" a aussi pour lui une fin magnifique (bien que pas totalement originale, car elle m'a fortement rappelé la superbe fin de "Beau travail" avec la chanson "Rythm of the night"...). On ne pourra plus réentendre "Go west" des pet shop boys sans un petit serrement à la gorge...

Vu sur ciné + replay

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