Dress Gray - Glenn Jordan (1986)

Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team

Répondre
Avatar de l’utilisateur
Superwonderscope
DeVilDead Team
Messages : 20847
Inscription : ven. avr. 30, 2004 9:09 am
Localisation : Pyun City

Dress Gray - Glenn Jordan (1986)

Message par Superwonderscope » sam. avr. 14, 2018 10:10 pm

Lorsqu'un cadet d'une stricte académie militaire (Patrick cassidy) est retrouvé mort dans une rivière, l'enquête conclut vite à une noyade par accident. Mais l'autopsie révèle en fait qu'il a été visiblement noyé et violé par l'un de ses seniors. Voulant étouffer le scandale, le général Edges (Hal Holbrook) ordonne le silence, falsifie l'autopsie. C'est sans compter sur l'opiniâtreté d'un aspirant colonel (Alec Baldwin) qui va pourtant se révéler comme suspect numéro 1, s'étant fortement opposé au cadet assassiné.

Image

Une mini série de 1986 écrite pr Gore Vidal : Une surprise que je connaissais pas et que j'ai vu sans me douter du sujet. Dress Gray (une formule utilisée par les cadets militaires du fait de devoir s'ahibîllèr de gris lorsqu'il sortent dans le monde civil) devait être à la base un film réalisé par Lindsay Anderson. Que le téléfilm en deux partie puisse être taxé de scabreux est assez loin du compte. Et qu'il ait pu être fait, tourné et montré à la TV est quand même assez hallucinant pour 1986.
Vidal puise dans un bouquin d'origine le fil conducteur. et il y colle ses réflexions sur la masculinité, le pouvoir et les ambivalences (déjà présents dans Ben Hur, soudain l'été dernier ou encore Caligula...); ici, l'institution militaire américaine étatique faisant de la masculinité héroïque un stade ultime de perfection - et qui se retrouve vautrée dans son top cadet comme victime du système poussé à son paroxysme. Mais surtout comme, en fait, un homosexuel actif narcissique, aimant les jeux de domination, de guerre, violenter se camarades, au point d'en devenir victime d'un violeur et tueur. Bref, le pire qui puisse arriver à un militaire US porté aux nues. Et le tout baignant dans une atmosphère bizarre d'homoérotisme militaire : Baldwin (qui livre une prestation de ^premier ordre) est tout le temps torse nu, T la séquence de catch avec Cassidy rappelle pas mal de films aux ambiances similaires (Women in Love ou encore The Frightening de DD Coteau) . Ca suinte de virilité exacerbée trouble.

mais c'est aussi un scénario complexe qui pointe les turpitudes de hauts dignitaires militaires, les jeux de pouvoir, les manipulations - l('ensemble télé au politique. Le père du mort, (Eddie Albert) est un juge qui va actionner ses réseaux politiques pour arriver à ses fins.

La deuxième partie se focalise plus sur des scènes d'action :poursuite en voiture, filatures et la séquence de mort/viol, au montage habile qui ne laisse rien voir mais par de brefs éclairs, tout imaginer. Audacieux et compréhensible que cela ait créé quelques remous.

la révélation du tueur peut sembler tomber quelque peu à plat au final, mais les circonvolutions du scénario ménagent un suspense plus qu'honorable (et jusqu'auboutiste). Mais ce n'est pas le but avoué de l'oeuvre - qui était plutot de démystifier des mécanismes de pouvoirs, de notion de masculinité et d'honneur et de dominations dépassés par les enjeux humains de l'époque. Avec quand même une grosse erreur: on parle de Vietnam mais vus les coiffures et autres habits, difficile de croire que le film se passe pendant la guerre.

Hal Holbrook est positivement incroyable dans on rôle de général hargneux, droit comme un Juppé de 95 dans ses bottes, prêt à tout pour sauver une institution - même au pire. le plan où il projette aux cadets le film de ses combats au napalm au Vietnamest dans la droite ligne de portraits démesurés (j'ai pensé à Caligula, justement). Excellent.

un casting constitué de figures assez connues : Tim Van Patten sortant de Class 1984, James B. Sikking (éternel second rôle à la présence massive), ron rIFKIN, Jason Beghe période pré-Incident de Parcours (et pré-scientologie aussi) et lloyd Bridges en général quelque peu dépassé.

Honnêtement, je ne pense pas que la TV pourrait refaire un tel projet : il y avait de l'argent et ça se voit clairement, mais surtout un traitement d'un sujet - certes aux enjeux typiques des téléfilms US qui tachaient des sujets plus controversés que le cinéma mais aux facilités de soap opéras par moments désarmants de naïvetés.

Glenn Jordan, à la arrière TV impressionnante, s'en sort plutot bien : mise en scène mobile, acteurs crédibles dans leurs rapports tendus, technique irréprochable. C'est indéniablement au dessus de la mêlée, .... même encore aujourd'hui.

Vu sur le DVD Warner Archive : 1.33:1, 192mn et inédit en France à ma connaissance.
Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?

Répondre