Le vénérable W. - 2017 - Barbet Schroeder

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Manolito
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Le vénérable W. - 2017 - Barbet Schroeder

Message par Manolito » mar. avr. 24, 2018 12:27 pm

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Ayant déjà tourné des documentaires sur des personnages sulfureux (Vergès dans "L'avocat du Diable"), voire déments ("Général Idi Amin Dada : Autoportrait"), Barbet Schroeder a sorti l'année dernière un documentaire sur Ashin Wirathu, un moine bouddhiste birman qui joue un rôle clé depuis plusieurs décennies dans la persécution de la minorité musulmane dans ce pays à majorité bouddhiste.

Schroeder joue à fond sur la contradiction entre l'image stéréotypé du gentil moine bouddhiste, souriant et pacifique, dont nous avons en Occident l'image d'Epinal, entretenue par les souvenirs de la guerre du Vietnam ou les persécutions au Tibet.

Mais en Birmanie, même dans les textes d'une religion a priori plutôt "cool", ceux qui cherchent arrivent à y trouver des éléments justifiant des guerres religieuses !

Les "prêches" de Ashin Wirathu sont ainsi des logorrhées de haine, brassant tous les discours racistes les plus classiques : "ils se multiplient comme des lapins", "ce sont des violeurs", "ils tirent les ficelles de l'économie, ils ont de l'argent", "ils font des mariages mixtes pour devenir majoritaires dans le pays", pamphlets racistes circulant sous le manteau, etc...

Plus terrible encore, Ashin Wirathu coordonne et motive des "milices d'auto-défense" qui sont évidemment des groupements de lynchages et d'épuration ethnique arpentant le pays et incendiant des quartiers entiers.

Si la partie "portrait du personnage", ses longs entretiens et sermons glaçants, est réussie, Schroeder convainc moins dans sa description du contexte birman, ce qui est d'autant plus problématique que le sujet est encore d'actualité aujourd'hui. On sent bien que Wirathu n'est qu'un pantin au service d'intérêts puissants, un visage et un outil de communication hyper efficace pour atteindre la population. Mais nous ne sortons pas avec une image très nette de la réalité géopolitique du pays et les enjeux restent confus. Il faut dire que cette actualité reste très vive, les exactions anti-Rohingya ayant repris de plus belle en été 2017, quelques semaines après la sortie de ce documentaire en France (il est interdit en Birmanie). Wirathu n'a plus le droit de prêcher en Birmanie, mais l'Histoire suit son cours...


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