Profession Magliari - 1959 - Francesco Rosi

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Manolito
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Profession Magliari - 1959 - Francesco Rosi

Message par Manolito » dim. juin 03, 2018 11:43 am

Titre italien : I Magliari

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A Hanovre, Mario, ouvrier italien dont le contrat dans une usine allemande vient de se terminer, croise Totonno. Celui-ci appartient à une bande de commerçants itinérants sans permis, vendeurs à la sauvette qui écoule malhonnêtement des textiles contrefaits en abusant des la confiance des particuliers...

Second vrai film de Francesco Rosi après "Le défi", "Profession Magliari" nous montre le grand réalisateur italien trouver doucement mais sûrement son identité. Déjà, nous reconnaissons le goût des sujets originaux, éclairant d'une lumière inédite et surtout très documentée une facette problématique de la société italienne d'alors.

Le sujet étant ici celui de l'émigration, avec cette bande de napolitains qui organisent des petites arnaques en Allemagne pour échapper à leur sort misérable dans leur terre natale. Mais la réalité n'est pas rose, car que ce soit dans les usines du miracle économique allemand, ou dans les rues louches de Hambourg, ils restent toujours les exploités, les perdants de l'affaire, finissant seuls à pleurer sur leur sort.

"Profession Magliari" n'est pourtant pas un film sinistre, ces deux vedettes étant recrutés dans le filon de la comédie. Totonno, l'escroc bavard, est incarné par Alberto Sordi, le roi de la comédie italienne ; et Renato Salvatori était en pleine ascension après avoir participé aux comédies de Dino Risi "Pauvres mais beaux" et "Pauvres millionnaires". Sa consécration définitive viendra avec le très dramatique "Rocco et ses frères" l'année suivante.

"Profession Magliari" mélange des moments dramatiques et des moments authentiquement comiques, en particulier lorsque Totonno arnaquent sans scrupule de naïfs allemands, charmés et convaincus par son baratin. L'oeil d'observateur social de Rosi est très affuté, il tourne essentiellement dans la rue, captant l'Allemagne de la reconstruction, avec de vraies trognes recrutées sur place, montrant un pays ou insolemment prospère, ou terriblement glauque à Hambourg.

Dans la distribution, il faut aussi souligner la présence de la magnifique Belinda Lee, jeune actrice anglaise à la beauté hors du commun qui amorçait alors une carrière à la Cinecitta, notamment dans quelques péplums comme "Messaline" de Cottafavi ou "Constantin le grand" aux côtés de Cornel Wilde (ce dernier film est sur le replay d'Action en ce moment !). Mais elle mourra à 25 ans dans un accident de voitures... Ici, elle est tout à fait excellente dans le rôle d'une jeune fille d'origine pauvre mariée à un homme riche qu'elle n'aime pas...

Ancien assistant de Visconti, Rosi travaille alors avec deux des fidèles collaborateurs du maestro : la scénariste Suso Cecchi D'Amico et le monteur Mario Serandrei. Si "Profession Magliari" a un défaut, c'est celui qu'on trouve dans des films de jeunes réalisateurs, à savoir l'envie de vouloir de caser un maximum d'éléments dans son métrage, quitte à en faire une oeuvre hétérogène où cohabitent drame, Noir, comédie, social... Cela fait un peu trop pour un seul film, même si "Profession Magliari" reste un vrai bon film, vraiment original dans le paysage du cinéma italien d'alors...

Vu sur ciné+ replay où il passe en ce moment sur le replay en VOSTF. C'est un film assez rare, mais il est quand même sorti en France en DVD chez Opening, dans une édition aujourd'hui épuisé.

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