Le crépuscule des aigles - 1966 - John Guillermin

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Manolito
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Le crépuscule des aigles - 1966 - John Guillermin

Message par Manolito » mer. juin 06, 2018 7:14 pm

Titre US : The Blue Max

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A la fin de la première guerre mondiale, Stachel, soldat d'infanterie depuis deux ans dans le camps allemand, rejoint une unité aérienne. Le rêve de cet homme d'extraction modeste est de décrocher la médaille "Pour le mérite" (en français dans le texte), ordre le plus prestigieux de l'armée germanique. Pour cela, il lui faut abattre 20 avions ennemis...

"Le crépuscule des aigles" est l'adaptation d'un roman de fiction de l'américain Jack Hunter, reprenant un peu le principe du livre "Croix de fer" (dont l'adaptation cinéma sortira quant à elle elle dans les années 70), en le transposant dans le monde des As allemands de la première guerre mondiale.

Comme dans "Croix de fer" et surtout "A l'ouest, rien de nouveau", nous regardons la guerre du côté des allemands, ce qui est plutôt rare dans le cinéma hollywoodien. Comme dans "Croix de fer", les éléments du drame se nouent autour d'un personnage prêt à tout pour conquérir une médaille, au mépris du respect de la vie humaine, que ce soit celles de ses ennemis ou de ses frères d'armes ; et même au mépris de l'honneur.

Cet argument permet de décrire le temps des pionniers de l'aviation militaire. Alors que la piétaille rampe et meurt dans des champs de boue sans fin, massacrée aléatoirement par l'artillerie et les mitrailleuses, les pilotes, les As, planent dans la lumière éclatante du ciel bleu, parmi les nuages immaculés, et se livrent à des joutes chevaleresques où l'audace et le panache restent les clés de la victoire.

Cette guerre des airs est mené par des aristocrates prussiens inconscients que leur monde est en train de s'effondrer, que cette même guerre qui leur offre l'occasion de jouer aux chevaliers du ciel va entraîner l'effondrement de leur classe et de leur époque. On boit du champagne gardé au frais dans des sceaux d'argent ; on fréquente des femmes du beau monde, qui sont autant de trophées que se disputent ces nouveaux héros. Mais on ne voit pas venir la défaite qui se joue, encore et toujours, sur la terre ferme.

Le clou du métrage, ce sont évidemment des séquences aériennes époustouflantes, pour ce métrage tourné en Irlande, des images en scope superbement captées par le grand directeur de la photo Douglas Slocombe et mises en musique à la perfection par un Jerry Goldsmith parfaitement inspiré. La mise en scène est carrée, exploite très bien le format 2.35, la direction artistique est irréprochable et les moyens sont conséquents. Le sujet est suffisamment rare et passionnant pour qu'on ne fasse pas la fine bouche ! Quel spectacle ce devait être dans un vrai grand cinéma !

Là où ça cloche sans doute, c'est du côté de l'interprétation, George Peppard s'avérant inégal dans le rôle de Stachel, parfois bien dans la peau de ce jeune homme dévoré par l'ambition ; parfois inexpressif et un peu lourd. Ursula Andress incarne une aristocrate nymphomane, un rôle à la Marlene Dietrich quelque part, et montre vite les limites de son jeu, dans un personnage trop faire-valoir aussi. C'est dommage car ils sont bien entourés : James Mason assure sans effort dans son numéro rôdé d'officier prussien, Jeremy Kemp est particulièrement excellent en As des As jaloux des succès de Stachel, etc...

Un bon film de guerre et d'aventures donc, à l'arrière plan tragique efficace, mais un peu long aussi. On rêve de ce que des Von Stroheim ou des Von Sternberg auraient fait comme film avec un tel sujet ! De Guillermin, je préfère néanmoins comme film de guerre le plus concentré et plus efficace "Pont de Remagen" sorti 3 ans plus tard...

Vu sur le bluray Fox français, copie 2.35 HD très bonne, avec en particulier des plans aériens magnifiques, une copie parfaitement propre, une belle résolution. Du très bon travail ! Bande son anglaise dts master "3.0" partant du mixage d'époque, avec STF. Vrombissement des moteurs, éclats des cuivres, c'est là aussi un spectacle bien servi.

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