Après le décès de leur père, trois soeurs qui vivent ensemble recueillent Suzu, une adolescente. Il s'agit d'une fille que leur père a eu lors de son second mariage et qu'elles n'ont jamais rencontrée.
Révélé en France par "Nobody Knows" (encensé sur ce forum, notamment par Superwonderscope, rappelez-vous !), Koreeda a continué une carrière régulière, particulièrement remarquée en France et à Cannes, où il a décroché la Palme d'Or en 2018.
Adaptation d'un roman graphique, "Notre petite soeur" est dans la tradition de ses précédentes chroniques familiales comme "Tel père, tel fils" ou "Still walking". Nous retrouvons le style typique de ce metteur en scène : une fausse simplicité de la mise en scène, en fait très riche de subtilité, de précision, de sens du détail ; une fausse lenteur qui permet au spectateur de s'immerger en douceur, touche par touche, dans ce cinéma où la priorité est donné à l'émotion et à la richesse du sentiment. Une émotion qui passe sans trémolo et sans violon, par des moyens très directs et très propres : par exemple, lors des funéraille du père, le personnage de la fille aînée, rompue aux responsabilités, reconnaît d'un simple coup d'oeil qui est la vraie personne qui a soigné son père malade jusqu'à la fin...
Si "Notre petite soeur" est centrée sur la cellule familiale, il n'en fait pas l'apologie inconditionnelle : la famille est aussi le lieu des rancoeurs qui traînent sur des décennies, des repas de famille où l'on crache son venin, des incompréhensions et des reproches, des remords aussi. Et la vraie famille n'est pas forcément celle que la vie nous impose, elle se construit avec celle des rencontres de la vie. "Notre petite soeur" n'est pas parfait, la fin reste un peu en l'air par exemple, mais c'est un joli et beau film, qui ne vient pas ternir le palmarès de son réalisateur.
Vu sur OCS Replay en HD.