Au Poste! - Quentin Dupieux (2018)

[leWalrus]

Dupieux revient avec un film qui détourne le cinéma français policier des années 70 - 80.

Le commissaire Buron (Poelvoorde) interroge Fugain (Ludig) au sujet d'un cadavre trouvé en bas de l'immeuble de ce dernier. La nuit promet d'être longue.

Bon, alors, c'est du Quentin Dupieux et donc on ne sait pas par quel bout prendre ce film.

Avant de passer à la partie spoilers, je pense que j'ai bien aimé le film (difficile à dire, il faudra une deuxième vision, avec une autre lecture, pour m'en assurer). Disons que je n'ai pas trouvé cela mauvais et qu'il y a de très bons points.

Tout d'abord, les acteurs sont bien dirigés et les trois quarts du film font sourire grâce à des situations absurdes et des dialogues plutôt bien vus se jouant des clichés du genre ou volontairement agaçants (je pense au commissaire très à cheval sur la langue française).

Autre chose à noter : la mise en scène, les décors et les costumes sont très très réussis. Le film a le mérite de faire 1h13. Mais, pour certains, ce sera déjà une épreuve évidemment

J'ai trouvé la fin un peu trop expédiée et je pense que les thématiques abordées par le film auraient mérité d'aller un peu plus loin :

Spoiler : :

le film se prête bien à une fin à la Lost Highway à mon avis et ça ne coûtait pas grand chose - même si on en est très proche quand même. Il suffisait de mettre une dernière scène avec Ludig au poste à nouveau interrogé par Poelvoorde (bis repetita)

Passons au gros du film maintenant avec spoilers de folie :

Spoiler : :

Dans Au Poste! on est, je pense, interrogé par les personnages au même titre que le suspect du film. C'est donc le spectateur qui est sans cesse interrogé et jaugé via ce film. On est au poste en garde à vue

A moins que le poste ne soit celui de la télévision ?

C'est même assez intéressant de voir que les personnages passent parfois "spectateur" et que, nous dans la salle, on se retrouve à s'interroger sur le suspect ou le commissaire.

Le clou du spectacle n'est pas - à mon sens - le twist où on se découvre spectateur d'un spectacle (qui n'en est pas un ? La vie est-elle est un spectacle ?) mais plutôt la scène post-générique.

Dans cette séquence, on découvre une salle remplie de spectateurs attendant un dénouement, une explication ou la suite de ce qu'ils ont vu. C'est très intéressant car j'y vois une critique du cinéma actuel qui se borne à tout expliquer en long, en large et en travers. Incisif et audacieux car ça à la mérite de laisser sur le cul l'amateur de ciné que je suis.

Plus j'essaie de rassembler mes souvenirs et plus je me dis que ce film est bon. Peut-être même très bon !

[DPG]

Le foutage de gueule habituel de Dupieux.

Ça a le bon gout de ne durer qu'1h20 mais même comme ça, le temps est long. Les acteurs sont tous mortels par contre (sauf Orelsan qui joue comme un pied), et quelques situations non sensiques font mouche et attirent un sourire. Mais c'est trop peu sur la longueur et le film tourne assez vite en rond. Le réal cite B.Blier en référence, et je retrouve parfaitement la filiation. Je trouve déjà que tous les films de Blier (ou presque) s’essoufflent sur la durée, mais là on a le même syndrome en pire. Voilà, pas insupportable non plus, la séance n'est jamais pénible, mais on sort de là sans rien, c'est vide. Pas le pire Dupieux, ni le meilleur, dans sa norme, sa moyenne. Ceux qui aiment son cinéma seront aux anges, les autres ne raccrocheront pas le wagon avec celui là.

[orco]

Effectivement, ça reste du Dupieux donc moi j'aime bien . Bon, j'ai un peu l'impression que ce film est une parenthèse dans la préparation d'un plus gros projet, Le Daim avec Jean Dujardin. C'est moins ambitieux, plus léger qu'à l'accoutumée mais cette poésie surréaliste si particulière est toujours là. J'ai quand même globalement beaucoup apprécié malgré un côté parfois répétitif (les sept va-et-vient ). Mais comme toujours avec Dupieux, les aspects chiants et ennuyeux sont complètement volontaires, c'est son humour. C'est avant tout un gros plaisir de comédiens et le plaisir est communicatif, mention spéciale à Marc Fraize qui est vraiment hilarant. A noter : Alain Chabat est crédité au générique pour les cris de douleur (c'est raccord avec Réalité). Il y a un petit bonus caché sur le Blu-ray : aller toujours à droite sur le menu des bonus.

[orco]

J'étais passé à côté de cet interview au video club à l'époque de Au Poste :
https://www.youtube.com/watch?v=xDNo7a48uOg