Mandingo (1975) Richard Fleischer

[MadXav]

N'y allons pas par 4 chemins, MANDINGO de Fleischer est une perle.

Un film que je revois régulièrement, histoire de me rappeler qu'à une époque, on savait faire des films qui font mal et qui montrent ce qu'a été la réalité des choses. MANDINGO est un peu l'anti-AUTANT EN EMPORTE LE VENT, une grosse claque dans la gueule qui s'inscrit dans le "cinéma réalité" auquel Fleischer est particulièrement attaché, et que certains appellent le "nouvel Hollywood".

Ici, rien n'est fait pour ménager le spectateur de l'époque. Au delà de l'esclavage, on montre ici l'usage sexuel des noirs, la naissance et la vente des "bâtards", la revente ou liquidation des noirs devenus vieux ou inutiles, et autres usages pervers. Parmi ceux-ci, l'utilisation de noirs Mandingues pour des combats à mort...

L'aspect "cru" du métrage, sa violence et son imagerie très sexuée font que MANDINGO a, à tort, été longtemps considéré / vendu comme un film d'exploitation. A mes yeux une manière de discréditer le film et son propos, de les faire passer pour "exagérés" ou "racoleurs". Une manière sans doute d'éviter le malaise provoqué par le propos de MANDINGO. Le film a d'ailleurs été méprisé et discrédité à sa sortie, et a eu un impact significatif sur la carrière de Fleischer, et de l'actrice Susan George...

Bref. Regarder MANDINGO, c'est être confronté à une réalité que les spectateurs n'avaient pas envie de voir à l'époque. Et une réalité qui fait mal aujourd'hui. Car l'usage sexuel des esclaves, la naissance, vente, ou la liquidation d'enfants "bâtards" est une réalité indiscutable, mais finalement très peu traitée au cinéma. Elle est en revanche assez récurrente dans la littérature, avec le genre qu'on appelle "le roman de plantation", dont Kyle Onstott est l'un des grands noms, connu pour avoir écrit MANDINGO et bien d'autres sous l'appelation Falconhurst (du nom de la plantation)...

Revoir MANDINGO, c'est aussi remettre à leur place des films comme 12 YEARS A SLAVE, qui ne vont jamais au bout de leur propos et, quelque part, passent à côté de leur sujet, et le desservent. Récemment et malgré les nombreux films sur la condition des noirs, seul BIRTH OF A NATION peut prétendre à un certain "réalisme" et jusqu'au-boutisme dans le traitement de son sujet, à savoir la conditions des esclaves.

Evoquons rapidement la référence que fait Tarantino à MANDINGO dans son DJANGO UNCHAINED. Sans surprise, il n'en retient que le combat à mort entre Mandingues, qui est grosso-modo la seule chose qui peut s'approcher du cinéma d'exploitation. Les combats entres esclaves noirs sont une réalité, tout comme le fait de "glorifier" le peuple Mandingue (originaire de l'ouest de l'Afrique) au titre d'"étalons" chez les esclaves. Mais je n'ai trouvé aucune trace spécifique de combats entre Mandingues. Ca ne signifie pas que ça n'a pas existé mais c'est peut être le seul point où le film, et le livre avant lui, brode un peu, en mettant en scène des "combats d'élites". Mais qu'importe. DJANGO UNCHAINED est un film d'exploitation là où MANDINGO ne l'est pas.

L'édition Blu-Ray récemment sortie chez Canal est une excellente chose. D'une part parce qu'elle va surement permettre à certains de découvrir le film, et d'autre part parce qu'elle est accompagné de suppléments pertinents. Bizarrement, le moins pertinent est Jean-Baptiste Thoret dans son introduction. Il faudra lui dire que non, nous n'avons pas là un introuvable et que oui, le film est dispo, en SD et en HD depuis bien longtemps et en version uncut. Y compris sur le câble. Bref, il n'a pas rafraichi ses connaissances depuis 10-15 ans mais ce n'est pas trop grave car lui et ses complices livre une analyse pertinente du film.

A (re)voir et à posséder.

[comte vonkrolock]

Un film que je revois régulièrement, histoire de me rappeler qu'à une époque, on savait faire des films qui font mal et qui montrent ce qu'a été la réalité des choses. MANDINGO est un peu l'anti-AUTANT EN EMPORTE LE VENT, une grosse claque dans la gueule qui s'inscrit dans le "cinéma réalité" auquel Fleischer est particulièrement attaché, et que certains appellent le "nouvel Hollywood".

Et comme le rappel JB Thoret dans son intro, aussi un film qui mettra pratiquement fin a la carrière de Fleischer, cantonné par la suite a ne plus que réaliser des films grands tous public bien lisse. Un film très mal accueil par la critique qui ni a vu que le coté racoleur dont au contraire le producteur (De Laurentis) pensait faire de gros bénéfice a coup de nudité, de violence et torture...

Il y a bien eu quelques série TV narrant se Sud là, mais jamais avant Fleischer sa n'avait été mis de manière aussi frontale, aussi brutal ou bestial. Ce passage ou l'un de ces esclaves qui doit être pendu et qui rappel a ces propriétaires qu'il est autant légitime de cette terre d’Amérique qu'eux, devrais être encore et encore repassé à cette Amérique d'aujourd'hui.

Pour dire le même le Detroit de Katheryn Bigelow que j'ai découvert dernièrement n'est pas aussi directe, et pourrais paraitre à coté bien consensuel

Comme quoi se que tu dis plus bas dans ta critique à du sens MadXav.

[dario carpenter]

Il y a bien eu quelques série TV narrant se Sud là, mais jamais avant Fleischer sa n'avait été mis de manière aussi frontale, aussi brutal ou bestial. Ce passage ou l'un de ces esclaves qui doit être pendu et qui rappel a ces propriétaires qu'il est autant légitime de cette terre d’Amérique qu'eux, devrais être encore et encore repassé à cette Amérique d'aujourd'hui.

Pour dire le même le Detroit de Katheryn Bigelow que j'ai découvert dernièrement n'est pas aussi directe, et pourrais paraitre à coté bien consensuel

Je viens de le découvrir...effectivement un film impressionnant, brut de décoffrage, brutal dans ses situations, personnages, dialogues...un très bon Fleischer.

[Atomu]

Découvert également récemment.
Grosse claque qui remet les pendules à l'heure sur l'esclavage au cinéma. J'ai rarement vu un film aussi direct et sans concession.

A noter :
Que le film fut un succès au box-office malgré des critiques désastreuses.
Que Dino DeLaurentiis a produit ce film pour profiter de la vague "Blaxploitation"
Que James Mason a admis dans des interviews qu'il avait réalisé le film uniquement pour payer sa pension alimentaire
Qu'une suite fut mise en chantier très rapidement : Drum (L'enfer des Mandingos) de Steve Carver en 1976 : https://forum.devildead.com/viewtopic.p ... er#p351007
Que Sylvester Stallone apparait dans la scène de lynchage. Chapeau rouge au milieu. Je vous laisse zoomer pour savoir si c'est vrai