Adapté d'un comic, The Kitchen promet un matériau cinématographique avec un beau potentiel, malheureusement très peu exploité par Andrea Berloff qui semble se contenter du label "film de meufs". La reconstitution historique est vraiment sympa (il faut plus de juifs orthodoxes new-yorkais dans le cinéma actuel), les actrices ne sont pas à la peine, la photographie est jolie et la réalisation est même agréable.New York, 1978. Entre ses prêteurs sur gages, ses sex-shops et ses bars clandestins tenus par la pègre irlandaise, Hell's Kitchen a toujours été un quartier difficile. Et mal famé. Mais pour Kathy, Ruby et Claire, épouses de mafieux, la situation est sur le point de basculer. Car lorsque leurs maris sont envoyés en prison par le FBI, elles reprennent en main les affaires familiales, en poursuivant leurs trafics et en éliminant la concurrence … au sens littéral.
Désormais, ce sont elles qui tiennent le quartier.
Mais le montage est terriblement mal maitrisé tant il éclate le récit en de multiples saynètes inutilement intriquées et souvent inabouties qui ne se laissent jamais le temps de développer les enjeux ou la caractérisation des personnages et leurs relations. Le rythme en devient ainsi très inégal, avec plusieurs coups de mou. De plus, la féminisation des traditionnels rôles de gangster n'apporte rien à un genre que le film ne semble même pas vraiment assumer en s'en tenant à une approche gentillette, le script peinant même à rendre crédible l’ascension criminelle du trio d'épouse (leurs rapports avec les Italiens !). Surtout avec la gestion très maladroite de l'irruption héroïque de Gabriel.
J'ai également été rebuté par l'absence d'interrogation scénaristique du système social ultra-communautaire qu'illustre le film (les Irlandais, les Juifs, les Italiens, les Noirs, un Grec...), particulièrement dans son rebondissement twistique inutile et même presque raciste. C'est vraiment dommage car loin d'être un naufrage, The Kitchen propose pas mal de bonnes choses mais on rage de le voir ainsi s'auto-saborder par manque d'ambition.