Un film sur la tauromachie, documentaire à 80%. Rosi est allé à Barcelone en 1964 filmer des corridas en se servant d’objectifs utilisés normalement pour filmer des événements sportifs. Au cœur de l’arène donc, au ras des toréros et des taureaux, entre le sable maculé de sang et les gradins chargés de public survolté. A partir de ces images ainsi que celles des cérémoniels entourant la tauromachie (fêtes religieuses/populaires / lâchés de taureaux dans les rues espagnoles), Rosi construit une intrigue de fiction suivant l’ascension d’un jeune ouvrier démuni vers son destin de matador. Casting 100% amateur donc pour une immersion totale, l’aspect documentaire prenant le pas sur l’histoire, sidérant par le réalisme authentique et la crudité des scènes de corridas qui occupent la part congrue du film.
A la base, je précise que je ne suis pas du tout fan de Corrida, plutôt même carrément opposé à ce spectacle barbare. Film acheté sans même connaître le sujet à vrai dire, donc assez décontenancé par son contenu. Et en même temps impressionné par la brutalité des images, la violence de cet « art » et les passions qu’il suscite. Je n’avais jamais vu d’images filmées de corrida en fait. La, on est au centre du massacre, car c’est ce que j’y vois personnellement, rien ne nous est épargné. Âmes sensibles attention donc, si vous avez déjà du mal avec le snuff animal des cannibaleries italiennes, passez votre chemin. Mises à mort et taureaux agonisants sont légions. Mais au delà de l’abjection (pour moi) de la tauromachie, difficile de ne pas être pris par la fureur qui se dégage du film, ces foules en liesses, décuplé par la véracité indéniable des images. L’aspect social en fond n’est pas inintéressant mais éludé par la puissance et la fascination morbide émanant de l’arène.
Au final, même si de nombreuses images sont difficiles à regarder, ce film reste très étonnant et formellement très fort. Sur le fond, malgré l’énergie et la force vive qui se dégage, je n’y vois qu’un massacre atroce donné en spectacle et non comme le dit Francesco Rosi en conclusion de son intervention dans les bonus « une magnifique tragédie ».