Mondo Cane - 1962 - Paolo Cavara, Gualtiero Jacopetti, Franco Prosperi

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Manolito
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Mondo Cane - 1962 - Paolo Cavara, Gualtiero Jacopetti, Franco Prosperi

Message par Manolito » jeu. mars 26, 2020 2:40 pm

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A travers le Monde, les auteurs de "Mondo Cane" ont collecté des images et scénettes montrant des pratiques culturelles grotesques, étonnantes et choquantes. Certaines de ces images peuvent choquer le spectateur, mais elles ne sont que le reflet du "monde de chien" dans lequel nous vivions...

Premier Mondo de Jacopetti, voire premier Mondo tout court, "Mondo Cane" est une collection de scènes glanées à travers le monde et mise à la queue leu leu, accompagnées d'un commentaire parlé et d'une musique de Riz Ortolani (qui lui valut une nomination aux Oscars).

Le Mondo est un peu la déclinaison Bis du genre documentaire de la décennie précédente, un espèce de mélange entre les travelogues d'une part pour le côté voyage à travers le monde, et d'autre part les documentaires animaliers ou ethnologiques sérieux, par exemple "Le monde du silence" de Louis Malle pour les premiers, et surtout l'hallucinant "Les maîtres fous" de Jean Rouch pour les seconds.

Ce premier Mondo va fleurir dans la scène Bis notamment italienne durant une quinzaine d'années avant de disparaître progressivement à partir des années 80. Ce genre sera aussi une influence décisive pour les films de cannibales les plus trash signés par Deodato et Lenzi, que ce soit par l'emploi complaisant de violences animales ou par la représentation (raciste) de certaines tribus. Ainsi, la scène des papous vivants dans des cavernes "tels des hommes préhistoriques" va sûrement influencé "Le dernier monde cannibale" supposé se dérouler en Nouvelle-Guinée.

"Mondo Cane" aligne donc des séquences cherchant délibérément à étonner, choquer, bref divertir à sa façon le spectateur d'alors. Il récolte d'ailleurs un succès international, notamment dû au parfum de scandale l'entourant. L'alibi du documentaire permet ainsi d'aligner des scènes violentes et érotiques plus poussé que dans le cinéma de fiction d'alors.

Certaines scènes sont anodines, (des voitures broyées dans une casse américaine), d'autres ont des prétentions ethnographiques en Asie, d'autres encore décrivent des traditions rurales surprenantes dans l'Italie reculée ou du Portugal (Tauromachie pour ce pays-là), dépeignent des modes de vie absurdes dans des cadres de vie plus urbains (ivrognerie à Hambourg, salle de sports pour veuves ou restaurants d'insectes aux USA...).

Comme dans tout bon Mondo, certaines scènes sont plus ou moins authentiques, d'autres sont très manifestement bidonnées, montées malhonnêtement ou agrémentées d'un commentaire imaginatif qui en détournent le sens... Bref, le Mondo est un "documentaire" qui, à la base, choisit de ne pas montrer le réel, mais de détourner celui-ci pour en faire un spectacle, un espèce freak show de cirque. Freak show pimenté de scènes violentes, en particulier des abattages en série de cochons à la massue en Nouvelle-Guinée et autres mises à mort ou tortures d'animaux en série. Quant au commentaire, il est agrémenté de considérations d'un racisme hallucinant : les chinois mangent des chiens, sont cupides et paresseux, font la fête en laissant agoniser leurs parents ; les tribus de Nouvelle-Guinée sont à la limite du singe mais des jésuites leur apportent la lumière ; on a des scènes d'un anti-américanisme assez agressif aussi ; les auteurs trouvent comiques de filmer les rues d'une ville allemande contemporaine avec des bruits de bottes en fond sonore, etc...

Mais bref, tenir les 100 minutes de "Mondo Cane" est quand même une épreuve de nos jours. On peut saluer la créativité roublarde et l'absurdité parfois inventive derrière ce film, sa volonté de traquer et de montrer la laideur dans une industrie cinématographique plus habitué au culte de la beauté.

Mais on peut aussi s'ennuyer sur la longueur et trouver dégueulasse cet enchaînement d'images, aussi bien dans le fond que dans la forme.

Vu sur ciné+ replay.

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