Âme noire - Roberto Rossellini - 1965

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Manolito
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Âme noire - Roberto Rossellini - 1965

Message par Manolito » ven. mars 27, 2020 5:37 pm

Titre italien : Anima Nera

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Adriano, propriétaire d'une concession automobile, vient de se marier avec une jeune fille de bonne famille pour s'installer bourgeoisement. Mais le passé trouble de cet homme refait surface sous les traits d'une femme mystérieuse, qui se prétend la soeur d'un excentrique mort dans des circonstances scandaleuses impliquant Adriano...

Dans l'immédiat après-guerre, Roberto Rossellini devient l'incarnation du néoréalisme italien, école esthétique au retentissement international et à l'écho public considérable (plus de 3 millions d'entrées en France pour son "Rome ville ouverte").

Sa carrière continue à bien tourner dans les années 50, en particulier pour ses associations avec la Star hollywoodienne Ingrid Bergman, alors sa compagne. Mais après sa séparation d'avec celle-ci, ses films ont moins d'écho, voire passent inaperçus. Une jeune génération de cinéastes italiens, Fellini, Pasolini, Antonioni, ruent dans les brancards de la cinecitta et font de l'ombre aux vieux Maîtres.

En 1965, Rossellini signe son dernier vrai film de cette période : par la suite, il ne tourne plus que des oeuvres pour la télévision (parfois excellentes, comme "La prise du pouvoir pour Louis XIV") sur des sujets historiques et religieux.

"Âme noire" est l'adaptation d'une pièce de théâtre décrivant les tourments d'Adriano, un gigolo bisexuel (on comprend entre les lignes) sans scrupule, escroc et maître chanteur à ses heures, joué par Vittorio Gassman. Il tente de se ranger, mais les troubles de son passé, et ses façons toujours actuelles de se mettre dans des magouilles impossibles, lui reviennent en pleine face.

Film qu'on devine à petit budget, avec des décors peu variés, "Âme noire" décrit l'Italie urbaine des 60s, qui a bien changé depuis la misère de la guerre. Mais derrière ce peuple qui s'étourdit de voitures, de confort, de cinéma et de night clubs, les blessures du conflit restent vives, comme nous verrons dans le parcours d'Adriano. Le film est bien réalisé, bien photographié, Gassman est comme d'habitude très bon, on ne voit pas le temps passer.

Pourtant, "Âme noire" se casse la figure à son dernier tiers. Le moralisme se fait lourd, manichéen, les bavardages assomment, certaines actrices déclament spectaculairement mal des textes grandiloquents, et tout ce troisième acte ne peut pas être sauvé par un pourtant très beau dernier plan, chargé d'ambiguité et ouvert à l'interprétation.

De plus "Âme noire" est affligé de moments fauchés, comme ce décor de plage étriqué et peu crédible ; ou complètement kitschs comme ce strip tease qu'on croirait sortie d'un Nudie désuet ; ou la visite un peu grotesque dans la chambre d'hôtel d'une aristocrate lesbienne. Un film vraiment très, très mineur dans les classiques des maîtres du cinéma italien.

Bien que ce soit une co-production française, il n'a pas été sorti en salles en France, et c'est devenu un film globalement très rare.

Vu sur Ciné+ replay.

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