Rosetta - 1999 - Jean-Pierre et Luc Dardenne

Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team

Répondre
Manolito
Site Admin
Messages : 21633
Inscription : ven. avr. 30, 2004 2:17 am

Rosetta - 1999 - Jean-Pierre et Luc Dardenne

Message par Manolito » mer. avr. 01, 2020 3:58 pm

Image

Rosetta, une jeune chômeuse qui vit avec sa mère alcoolique dans une caravane, est prête à tout pour trouver un "vrai travail"...

Les frères Dardenne travaillent dans le domaine du documentaire et de la fiction depuis les années 70, mais leur carrière prend un tournant avec "La promesse" de 1996, bien reçu par la Critique et, dans une certaine mesure, par le public. Avec leur film suivant, dans le même style de fiction sociale à forme documentaire, "Rosetta", ils reçoivent carrément la Palme d'Or de Cannes des mains du président du jury David Cronenberg, avec un prix d'interprétation pour Emilie Duquesne à la clé.

Certes, "Rosetta" est un film bien fait ; le style Dardenne, urgent, tout en caméra porté, cadrage serré, montage tendu et récit rythmé, est déjà bien présent et accrocheur. Ils évitent en partie le piège du misérabilisme, grâce au portrait de Rosetta qui n'est pas une Cosette toute gentille et pitoyable, exploitée par des méchants patrons, mais bien une jeune fille forte et capable d'être dure. Mais elle est tirée vers le bas par un cadre social ultra pénalisant et une mère alcoolo-boulet totalement irresponsable. Emilie Duquesne, à laquelle la caméra est collée de la première à la dernière image du métrage, est formidable, il n'y pas de question là-dessus.

Cependant, si les Dardenne évitent en partie le misérabilisme, il ne l'évite pas totalement non plus, et ils signent un film austère, avec un personnage buté, à la limite de l'antipathie, semblant sortir de nulle part, sans aucun ami ou connaissance, faisant la gueule du matin au soir. Cela ne rend pas le personnage et la situation crédible. Et puis le ton du métrage est d'une austérité trop appuyée, il y a un côté régurgitation du cinéma de Bresson qui tourne par moment au système (le dernier plan-séquence du métrage). Le cinéma des frères Dardenne, même s'il est bien exécuté, ne semble pas encore arriver à maturité. Ils signeront "L'enfant", moins sinistre et plus abouti en 2005, qui leur vaudra leur seconde Palme d'Or, mieux méritée à mon avis.

Vu sur ciné+ replay.

Répondre