Lourdes - 2019 - Thierry Demaizière, Alban Teurlai

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Manolito
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Lourdes - 2019 - Thierry Demaizière, Alban Teurlai

Message par Manolito » ven. avr. 03, 2020 5:37 pm

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Thierry Demaizière et Alban Teurlai sont deux réalisateurs de documentaires qui se sont distingués avec la sortie en salles de leur "Rocco" dédié aux fameux acteur X du même prénom. Pour leur film suivant, lui aussi sorti en salles, il prennent le contre-pied total de leur sujet porécédent en allant faire un documentaire sur le pèlerinage de Lourdes !

Je reste partagé par les intentions et la méthode de ce documentaire. La méthode, c'est une forme léchée, format scope, musique électro-ambiante "qui fait spirtituelle", l'emploi de certains ralentis savamment dosés pour "faire beau". Le métrage est avant tout un recueil de témoignages de pèlerins, de personnes qui souffrent de maladies terribles ou des membres de leurs familles ; pour la plupart, ce sont des situations de souffrance au-delà de tout, des morceaux de vie d'une émotion absolument dévastatrice pour le spectateur.

"Lourdes" joue l'oecuménisme : certes, nous retrouvons à Lourdes les militaires vieille France attendus ; mais aussi des prostitués du Bois de Boulogne. "Lourdes" nous montre alors le pèlerinage comme une rencontre de croyants de tous bords, parfois un peu ridicules (les gitans qui ont littéralement "vu la Vierge"), mais jamais dépeints méchamment, et bien souvent touchants.

"Lourdes" évite soigneusement certaines questions qui fâchent : certes, il évoque le fait que le taux de guérison inexpliqué est dérisoire statistiquement, rapporté aux masses de pèlerins venus la chercher à Lourdes. On aurait franchement autant de chances de guérir miraculeusement en allant faire ses courses que dans la grotte miraculeuse ! Mais l'exploitation de cet espoir fou, et les conséquences négatives qu'il peut avoir sur les patients est un sujet soigneusement esquivé (ou à peine, en filigranes quand même pour le portrait d'une adolescente). Le documentaire préfère présenter le pèlerinage comme une joyeuse colonie pour catho, une parenthèse souriante et pas méchante pour des "morts en sursis", comme les qualifie l'un des pèlerin lui-même rongée par la maladie de Charcot.

Le documentaire esquive aussi le fameux sujet de Business de Lourdes, on entrevoit à peine un des 400 (!) magasins de souvenirs religieux de cette ville, dont le principe est quand même de pomper du fric en échange d'un espoir bien illusoire.

"Lourdes" en sort alors comme un documentaire trop consensuel, qui vaut par certains de ses témoignages, morceaux de vie exceptionnels, c'est certain ; mais il ne fâche personne, évite les difficultés, et se présente comme un document trop "beau", dans la forme et dans le fond, pour sonner vrai. Même s'il est bien fait.

Vu sur le replay de canal+.

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