Rocky Balboa - 2006 - Sylvester Stallone

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Manolito
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Rocky Balboa - 2006 - Sylvester Stallone

Message par Manolito » dim. avr. 12, 2020 9:49 am

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Retiré des compétitions depuis longtemps, l'ancien champion du monde Rocky Balboa vit tranquillement à Philadelphie où il tient un petit restaurant. Mais il se remet difficilement de la mort de son épouse Adrian et sent bouillir en lui une colère qu'il ne pense pouvoir exorciser qu'en remontant sur le ring...

Après "Daylight" en 1996, la carrière de Sylvester Stallone, mégastar du box office dans les années 80, connaît une redoutable traversée du désert d'une décennie, accumulant les bides sanglants ("Driven", "D Tox"...).

Stallone sort alors de sa manche son atout numéro 1 en remontant sur le fauteuil de réalisateur (fonction qu'il n'a plus exercée depuis "Rocky IV") pour un sixième Rocky : "Rocky Balboa". Le timing est parfait, la mode est au reboot/remake chez les studios, le dvd redonne une certaine popularité à des titres cultes anciens comme "Rocky", et le souvenir de l'accueil tiède de "Rocky V" s'est éloigné.

"Rocky Balboa" joue alors à fond le carte de la nostalgie, en faisant de nombreuses références aux précédents métrages, mais cela est justifié habilement par le scénario : vieillissant, Rocky passe beaucoup de temps à regarder vers les bons souvenirs du passé qu'il enjolive, plutôt que de s'investir dans son présent et donc son avenir (un peu comme la cinéphilie de certains membres de ce forum... :D ).

Surtout Stallone parvient à tracer un nouveau Rocky totalement raccord avec le personnage de la série, évoluant dans sa ville qui a changé, son quartier qui tombe en ruine et se dépeuple, ses vieux amis, son beau-frère... On retrouve Rocky comme on retrouve parfois un vieil ami après des années d'éloignement : comme si au fond on s'était quitté la veille...

Le film file à toute vitesse malgré ses presque deux heures. Il y a très peu de moments de boxe dans les les deux premiers tiers, c'est surtout la vie de Rocky, sa famille, ses proches, ses voisins. sa ville, et c'est fait avec beaucoup de talent d'écriture. Stallone s'écrit sur mesure des dialogues touchants pour son héros américain un peu lent, mais lucide - et très habile à cerner les gens.

Alors certes, les entraînements de Rocky et le combat final ne sont pas 100% crédibles (même si Stallone a payé de sa personne pour se reconstruire un corps impressionnant pour un homme de 60 ans !), il y a des petites maladresses, mais le coeur de Rocky passe, il passe largement,et génère quelques moments d'émotion très, très forte pour le spectateur.

"Rocky Balboa" nous laisse sur ce plan magnifique de sa sortie, cette main serrée avec celle d'un spectateur anonyme dont on ne verra pas le visage. Et puis ce générique de fin à la fois si touchant et drôle, avec une succession de touristes et passants de tous âges, sexes et couleurs, gravissant les "Rocky Steps" du musée de Philadelphie, reflet émouvant de l'universalité de ce héros américain : Rocky, c'est nous !

Revu sur le bluray français.

qwerty
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Re: Rocky Balboa - 2006 - Sylvester Stallone

Message par qwerty » dim. avr. 12, 2020 10:58 am

Au jeu des références, le retour du personnage de Marie constitue une grosse maladresse. Ce n'est plus du clin d'oeil, c'est un coup de coude de lourdaud.
L'apparition de ce type de personnage est cohérente et attendue mais Stallone n'avait pas besoin de Marie en particulier pour y arriver. Comme si elle était une figure imposée "alla Star wars".

Fatalis rex
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Re: Rocky Balboa - 2006 - Sylvester Stallone

Message par Fatalis rex » dim. avr. 12, 2020 11:22 am

Il n'y avait aucun sujet sur le film ? :shock:

Ce qui est frappant dans la filmographie de Stallone, c'est la mise en abîme avec sa propre vie, et sa lucidité sur celle-ci, avec en fil rouge les sagas ROCKY et RAMBO, son côté lumineux et son côté obscur.

ROCKY I et RAMBO I, des histoires de sans grade, de sans voix, de "losers", même si je n'aime pas trop ce mot péjoratif, qui sous-entend une responsabilité personnelle du "perdant". D'ailleurs, le nom "Stallone" ressemble étrangement à "alone", un signe du destin ? Des histoires de combat, avant tout contre soi-même et contre la fatalité, davantage que contre un adversaire qui sert d'alibi. D'un côté la victoire dans ROCKY, avec l'extraction d'un milieu social, l'accès à la reconnaissance de la société, et la défaite dans RAMBO, où les guerres et les morts s'accumulent en boucle dans une logique d'auto-destruction et de destruction sans que le personnage ne construise rien, et où il reste un paria du début à la fin, malgré une timide perspective d'avenir vite piétinée dans le dernier film.

Dans les années 80, valorisation de l’ego, de la réussite par la célébrité et le fric dans ROCKY, par la supériorité physique dans RAMBO. Pourtant, dans ROCKY III, il y a un début de remise en question de Stallone, confronté à Mr T, venu de la rue, son ancien moi qui le défie, le renvoie à sa fausse réussite qui est en fait une déchéance humaine et morale. Même un peu dans RAMBO III, avec sa conclusion amère.

Bref, le sujet étant ROCKY BALBOA : ce film est un peu pour moi à ROCKY 5 ce que JOHN RAMBO était à RAMBO III. La relecture d'un mythe fatigué, d'abord raté dans les précédents films (il était peut-être trop tôt à l'époque, et les deux tournages ont connu des changements de réalisateur, ce qui n'aide pas). Je suis du genre à penser que les choses se passent quand elles doivent se passer, et là c'était le bon moment. Stallone, qui est un homme intelligent et surtout humain, a mis de côté son ego, a appris de ses erreurs, et pas manqué : ça lui a permis d'évoluer dans une trajectoire à la Clint Eastwood, là où d'autres acteurs s'engouffrent dans des carrières minables boursouflées par leur ego. Et là je ne citerai pas de noms. Mais quand même, je pense fort à Bruce Willis.

Et donc, il y a une scène qui résume tout pour moi. Rocky se prend une grosse patate face à un adversaire clairement plus fort que lui. Il s'écroule, et là black-out. Le film est intelligent, dans le fond et dans la forme, car non seulement il filme le combat à la façon d'aujourd'hui, c'est-à-dire comme un combat diffusé à la télé par une chaîne de sport, mais quand Rocky est KO, le spectateur l'est aussi. Ecran noir. L'identification est totale, on est KO avec Rocky. Et là c'est magnifique, ces visions du passé en noir et blanc, ces petites voix dans sa tête... Toute une métaphore de la vie. Tu t'en prendras plein la gueule, forcément, mais l'important c'est de se relever. Et il se relève ! :D Comme une montagne vivante, en contre-plongée, sous les ovations du public, devant un adversaire éberlué.

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Re: Rocky Balboa - 2006 - Sylvester Stallone

Message par Manolito » dim. avr. 12, 2020 12:32 pm

L'arrivée du personnage de Marie arrive quand Stallone est complètement seul. Il ne s'entend pas avec son fils, Paulie lui reproche à juste titre de vivre dans le passé et les souvenirs et refuse de l'accompagner plus loin. Rocky est seul, au plus bas. Puis une nouvelle rencontre va être le début de sa remontée, avec Marie et son fils.

C'est très habile d'avoir pris ce personnage car il correspond à une scène courte, mais vraiment mémorable du premier Rocky, juste quelques lignes de dialogue qui fixe bien Rocky : un gars qui veut bien faire, mais sur lequel tout le monde roule. Avec Marie dans "Rocky Balboa" il y a l'idée qu'un bienfait, c'est parfois quelque chose qui paiera, parfois bien plus tard, quand on ne s'y attendra pas. Et cette rencontre, c'est le moment où Rocky va rebondir, commencer à repartir en quête de ses proches, de son présent, et de sa fierté. Et ça passe par la reconstruction d'une nouvelle famille. C'est très bien fait, très bien écrit, et cela donne lieu à de belles scènes, comme l'adoption du chien, où Rocky crée un lien avec le fils de Mary, habilement, en douceur, avec respect, la touche Rocky, quoi.

Quel film merveilleux...

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