Enorme succès populaire à sa sortie ( 3 147 514 entrées, le 9e succès de cette année là), le film est quelque peu tombé dans l'oubli - en tous cas bien moindre que les films de cape et d'épée comme Le Bossu ou Le Capitan.
A le découvrir, je comprend quelque peu pourquoi. Adapter le livre d'Eugene Sue en 1H46 tenait de la gageure. Déla, les auteurs trahissent l'œuvre en inventâtes des personnages, dont celui du baron de Lansignac, interprété avec une grace ignoble par Raymond Pellegrin (la voix des Fantômes d'HUnebelle mais aussi l'excellent méchant de Furia a Bahia pour 0SS117) et le personnage de Dany Robin. Ca raccourcit pas mal de choses.
Hunebelle semble quelque peu contraint dans ses effets du fait de décors exigus, même si le budget semble important, (voire les scènes d'ouverture et de cloture du film). Il est bien plus à l'aise avec les récits aérés comme le Bossu.
Pour qui attend de la cape et épée, passez votre chemin. Hunebelle fait son Misérables à lui. On est dans les bas fonds de Paris (et tourné en décors réels à Rouen, dont la rue Nicaise reconnaissable), avec d'ailleurs des dialogues surprenants pour l'époque.
Les seconds rôles sont croqués de manière parfois brillante (la "Chouette" plus vraie que nature, le maitre d'école par un Jean Le Poulain,qui régale d'ignominie) et font le jeu du film. L'écriture est la meilleure pour ceux-ci et la vie des plus pauvres. Certes, l'aspect sociologique de Sue est moins fort, mais quand même.
Marais apporte sa vitalité dans des bagarres assez homériques, cascades spectaculaires - celle d'l'immeuble en feu serait, à mon sens, irréalisable aujourd'hui du fait du danger assez palpable!
Comme d'habitude pour Hunbelle, un spectacle populaire professionnellement maitrisé. un cran une dessous de ses autres réalisations où on le sent moins à l'aise. Mais avec une collection de gueules (Roquevert excellent, Dalban, Madelien Barbulée, Paulette Dubost sous-utilisée...) qui font le job. Je ne le reverrai pas de sitôt car il manque un peu de charme à mon sens, mais c'est tout à fait regardable. Un effet nostalgie qui joue, avec toujours un indéniable savoir faire et une maitrise de l'espace (ici filmé en Dyaliscope)
Vu sur le Blu Ray Gaumont à la copie plutot belle et chatoyante (mais avec une dépixelisation assez curieuse au bout d'une heure, on va dire une erreur d'encodage de merde)
