Second tour - Albert Dupontel (2023)

[Cosmodog]

Vu en avant-première en présence d’Albert Dupontel.

Je suis fan du cinéaste, singulier dans le cinéma français. J’adore les 3 premiers films, moins Le vilain, plus 9 mois ferme, je suis pas objectif sur Au revoir là-haut car j’avais lu (et adoré) le bouquin, et comme souvent l’adaptation frustre, ce qui rend le jugement objectif compliqué.
Adieu Les cons m’a plutôt surpris, car j’y ai vu un changement de ton chez Dupontel, moins acide, plus poétique, avec un côté désenchanté (parfois à deux doigts du vieuxconisme…) sur le monde contemporain. Mais au final j’ai aimé le film, parce qu’il y avait un constat/discours de fond assez fort, et une Virginie Effira époustouflante, ce qu’on ne savait pas puisque Benedetta était encore en attente de sortie.

Second tour maintenant… eh bien ça y est, on tient malheureusement le film raté de Dupontel. Sur la forme, rien à dire, on est en terrain connu. Travellings improbables, contre-plongées et gros plans habituels, lumières excessives et effets visuels gratuits parce que le cinéma c’est ça et puis c’est tout ! Mais sur le fond, on est étonnamment sur un film tiède, presque timide dans ce qu’il veut dénoncer. Mais quoi donc d’ailleurs ? Eh bien difficile de le dire. Dupontel lui-même dit qu’il ne veut rien dénoncer, que l’indignation est déjà là, partout, et que son travail c’est juste de faire le pitre en navigant dans cet univers qui est notre quotidien. Ok, même si on peut en douter un peu. Le problème majeur du film, c’est qu’il part sur une multitude de pistes, d’intrigues et sous intrigues sur un rythme soutenu, mais on ne perçoit jamais la finalité de l’ensemble. Les sujets restent confus, ou résumés à un archétype. Ça manque de profondeur. Et encore une fois la charge est très diluée, le naïf confine parfois au niais. On ne dépasse que rarement la philosophie de comptoir.

Reste une volonté d’enrober à nouveau le tout d’une forme de poésie, d’ode à l’amour et à la fratrie, oui mais là où ça fonctionnait dans Adieu les cons, avec de l’émotion, tout foire ici. Les relations entre Dupontel, Cécile de France etc (je ne veux rien spoiler) sont trop survolées pour qu’on y croit, et donc pour que l’émotion nous fasse avaler la pilule des revendications molles, pour ne pas dire convenues.

Le film se regarde sans déplaisir, dense sur 1h34, mais il reste fade, limite gentillet, et assez peu drôle malgré la bonne perf de l’inévitable Nicolas Marié, en tout cas jamais assez mordant pour un Dupontel.

Dommage que Pasteur ait existé, Albert aurait bien besoin de rechopper le virus de la rage !

[Machet]

Oui… un petit Dupontel. La promesse de scénario s’effondre assez rapidement, et ce qu’on pensait être un film « poil à gratter » politique se retrouve être totalement inoffensif. Albert Dupontel, qui dit n’avoir jamais voté, avait certainement une idée poétique derrière tout ça, mais la magie n’opère pas, même si on la sent poindre de temps en temps.

Esthétiquement on navigue des studios aux Cévennes… avec toujours cette mise en scène cartoon qui a fait son succès. Les comédiens sont plutôt bien, Nicolas Marié vole la vedette à tout le monde en cabotinant comme il se doit (ce qui peut aussi s’avérer être une limite au film). Il y a tout un délire autour du foot qui m’a semblé clairement la meilleure trouvaille comique du scénario.

Coloré et mis en musique avec l’envie d’offrir une jolie fable, on se retrouve finalement avec un film un peu vain, qui abandonne très vite son énorme potentiel de départ pour se réfugier derrière son petit doigt… pour ne pas dire grand chose.

Le film sort le 25 octobre, Dupontel parcourt en ce moment la France pour présenter son film en avant première. La salle était pleine. Tant mieux. Car on l’aime bien notre Dupontel… malgré tout.