Dunki (2023) Rajkumar Hirani

[arioch]

Passé récemment dans les Pathé, DUNKI est... un très mauvais film !

Je viens de lire le résumé sur Allociné... Clairement, la personne qui l'a écrit a du dormir pendant 2h sur les 2h38 du film !

Pour changer leur vie, trois amis décident de quitter l'Inde pour se rendre à Londres où tout à l'air bien plus radieux ! Néanmoins, l'obtention d'un visa est déjà toute une aventure. Ils font la rencontre d'un ancien soldat qui va leur donner un coup de main.

Le film traite donc de l'immigration clandestine et, ironie du sort, on "passe" par DubaÏ en avion ce qui fait un peu écho à un fait d'actualité récent. Un écho vague, ça ne se passe pas du tout comme dans la réalité.

Pourquoi est-ce un mauvais film ? On oscille entre un humour digne des Charlots et des situations atroces. Pourquoi pas. Mais les ruptures sont telles qu'on a du mal à comprendre la cohérence de tout ça. Mêmes les rares passages musicaux sont assez moyens. J'imagine qu'il faut être un sacré fan de Shah Rukh Khan pour apprécier le bidule.
Ca fait un peu mal au coeur parce qu'en réalité, l'idée est excellente et aurait pu être traitée correctement pour donner une comédie dramatique réussie. A la place, on a un naufrage qui contient quand même des passages amusants et quelques belles images.

[savoy1]

Passé récemment dans les Pathé, DUNKI [...]

Le film est encore diffusé dans quelques salles, cette semaine du 27 décembre.

Je viens ici apporter quelques contrepoints à l'avis de l'ami arioch, car j'ai bien aimé ce film. Et, je le précise tout de suite, je ne l'ai pas apprécié d'office parce que c'est un film indien. D'autant plus que je ne goûte guère la tournure que prend actuellement une certaine partie du cinéma hindi. Mais ceci est une autre histoire ...

Je viens de lire le résumé sur Allociné... Clairement, la personne qui l'a écrit a du dormir pendant 2h sur les 2h38 du film !

C'est malheureusement le lot d'une grosse partie des films du sous-continent. D'autant plus que nombre de productions cachent leur véritable contenu jusqu'au dernier moment. Cela occasionne parfois de sacrés surprises. Et bon courage dans ces cas-là pour faire accepter des modifications de sujet par Imdb.

[...] on "passe" par DubaÏ en avion [...]

Je vais passer rapidement sur cet aspect qui fâche. C'est la malédiction inhérente à tout apport financier de gens plus ou moins extérieurs au monde du cinéma, qui nous impose la présence de ces scènes de sponsoring. Et là, on sait bien que le cinoche de blockbusters américain n'en est pas exempt.

[...] un humour digne des Charlots [...]

La première partie de Dunki est une comédie typique hindi, avec l'humour et les gags très représentatifs du genre. Au même titre que la comédie tamoule, ou plus lointain en Asie, la comédie cantonaise, on apprécie ou pas, selon sa sensibilité, qui peut n'être parfois que du moment.

Ce qui nous amène à la remarque complète d'arioch :

On oscille entre un humour digne des Charlots et des situations atroces. Pourquoi pas. Mais les ruptures sont telles qu'on a du mal à comprendre la cohérence de tout ça.

C'est ici pour le coup la situation précise du cinéma masala. Ce terme qui décrit entre autres le mélange d'épices en cuisine est utilisé à juste titre pour englober tout un pan des cinémas indiens, qui amalgament et hybrident les genres. Quitte à choquer via des ruptures de ton, qui pourraient sembler inadéquates ou artificielles. Au bout du compte, il est un fait que la seconde partie d'un film peut être radicalement différente de la première. D'où la justification a posteriori de l'entracte en milieu de projection.

Pour illustrer cela, une anecdote (qui nous ramène aux Charlots ??). En 1975, dans l'incontournable classique western Sholay de R. Sippy, on assiste en début de métrage à d'hallucinantes scènes de comique troupier. Le directeur du bagne dans lequel se retrouvent nos deux héros arbore le faciès d'Adolf Hitler. Mais particulièrement maladroit, il ne fait que chuter et se heurter à l'environnement. Pour finir par rejouer certains plans du Dictateur, initiés par ... oui, oui, Charlie "Charlot" Chaplin. Ce qui n'empêche pas l'action, par la suite, de virer à la tragédie...

Mêmes les rares passages musicaux sont assez moyens.

Y'en a-t-il même plusieurs, dans ce Dunki ?? On va peut-être enfin faire tomber les clichés éculés qui ne concernent plus le cinéma issu du bollywood contemporain. On n'y trouve quasiment plus de scènes musicales. En tout cas, plus de longues plages chantées et dansées, parfois insérées au forceps dans le déroulement de l'histoire. Tout au plus, quelques pas de danses intégrés au montage parmi d'autres images, illustrées par une chanson en voix off. Ce, au grand regret de l'amateur de musicals.

Et pour finir :

J'imagine qu'il faut être un sacré fan de Shah Rukh Khan pour apprécier le bidule.

Ou bien apprécier le réalisateur Rajkumar Hirani. Il est l'auteur de "3 idiots", qui suit la vie d'étudiants issus d'origines et de milieux différents. De "PK", qui nous invite au parcours d'un Candide extra-terrestre aux prises avec les dogmes religieux et leurs préceptes parfois intolérants. Il est enfin celui qui a mis en scène "Sanju", la biographie romancée de l'acteur controversé Sanjay Dutt.

Voilà. Désolé (ou pas) pour tout ça. Mais une belle occasion offerte par arioch pour échanger une fois de plus sur l'une de mes passions de cinéphage.

[arioch]

J'ai déjà vu des films indiens sans aucun numéros musicaux. Là, y'en a, j'y peux rien. Je ne vais pas passer sous silence le fait qu'ils n'ont rien de réussi juste pour éviter à des gens de penser qu'il s'agit d'un cliché du cinéma indien.

L'histoire de Dubaï, j'y fait référence en raison de l'actualité récente, rien à voir avec du sponsoring. Dans le film, on passe par Dubaï pour de l'immigration illégale. Et récemment, un avion venant de Dubaï rempli de 300 Indiens est intercepté en France puis re-routé vers l'Inde (parce que les Emirats d'où l'avion est venu, ne veut pas récupérer les Indiens).

Pour le reste, tu me fais (en réalité pour tout), une sorte de procès du genre "C'est normal que ce soit comme ça". La réalité, c'est que j'ai déjà vu pleins de films indiens, des tas de comédies de Hong Kong, etc... Mais ce n'est pas parce que c'est la recette que ça fonctionne. Parce que là, non, ça ne fonctionne pas dans ce film. En tout cas, pas pour moi.

[savoy1]

C'est peu dire que, dès la lecture de votre première phrase, monsieur arioch, je suis resté figé. Comment pouvez-vous penser que je vous reprochais d'évoquer la présence de moments musicaux dans Dunki ? Au contraire, je profitais de cette remarque, venant d'un spectateur habitué au genre (et il n'y en pas beaucoup ici), pour abonder dans le même sens. Du moins, il me semble (et je relis ma phrase encore et encore...). Et vous jugiez ces quelques instants sur leur qualité intrinsèque, et non pas sur le simple fait qu'ils étaient chantés et faisaient sortir du film.
Pour le reste, oui, j'ai voulu présenter mon avis et mes précisions sous la forme d'une conversation "pour / contre". Tout en dressant un état des lieux du genre comédie-mélo-dramatique inlassablement illustré par les grosses productions bollywood, notamment celles des studios Yash Raj. Oui, peut-être en affirmant que "C'est normal que ce soit comme ça", mais certainement pas pour faire un procès envers celui qui n'apprécierait pas, et certainement pas pour dire qu'on devait s'agenouiller devant. Et c'était peut-être aussi l'occasion de remettre tout cela sous le feu de quelques projecteurs, à l'intention de quelques autres lecteurs passant par là. Car, avec qui d'autre que vous, aurais-je pu avoir cet échange, en pleine semaine d'exclusivité ?

Pour finir, Yash Raj tente actuellement de sortir de ces recettes avec son YRF Spy Universe et ses actionners "tomcruisiens" bouffés aux hormones synthétiques. Si l'on est honnête avec soi-même, ce n'est pas parce que c'est indien, hindi en l’occurrence, que ça vaut mieux que ses homologues fast and furious.
C'est là que Rajkumar Hirani intervient avec son Dunki, en proposant une alternative, que ce soit par des personnages issus de conditions sociales variés, ou, et c'est super important, en cassant l'image d'une émigration réussie et d'une diaspora aisée bien installée en Occident. Imagerie de conte de fée qui aura gangrené le genre bollywood au tournant des années 1990-2000. Il faudra bien sûr veiller, en contrepartie, à ne pas se replier sur soi-même.