Curieux film. Produit par le groupe St Etienne (qui fait partie de mes 3 groupes préférés), qui sert également de marchepied pour leur dernier album de 2021, on se trouve à mi-chemin entre le documentaire et la rêverie filmée. Le réalisateur est un créateur au service visuel de la mode et de clips videos, ça reprend quelques codes (et les acteurs sont tous les modèles, ajoutant au côté surréaliste et fantasme de l'exercice).
Cela donne une prolongation à leur Trilogie Londonienne, évocation d'un passé en voie de disparition au niveau architectural et naturel. Mon préféré étant What Have You Done Today Mervyn Day? (2005) avec la banlieue est de Londres en train de disparaitre à travers les yeux d'un livreur de journaux.
Entièrement tourné au ralenti, on plonge dans la nostalgie des années 90 partant de Londres pour un voyage à travers l'Angleterre, et le film suit une trajectoire de routes et directions de lieux évocateurs de l'adolescence du réalisateur (qui a grandit en écoutant St Etienne, justement), avec une série de vignettes connectées par quelques lignes de dialogue. Très au diapason de certains clips de St Etienne, pensés parfois comme des courts-métrages (voir celui de How we used to live ou l'hommage à Jules et Jim pour Dive). Pour une fin brutale qui ramène à la réalité anglaise, indiquant que nos souvenirs trahissent vraiment de l'état du monde tel qu'on se croit se souvenir.
Le film est baigné de vibrations d'été, nonchalance et beauté fantasmée, avec des plans bizarres (les maisons sont toutes filmées en contre plongée, ne révélant que les toits?), focalisant sur les adulescents qui parsèment les plans. Si vous espérez un film narratif, passez votre chemin - la narration vient des images, pas d'une histoire à proprement parler.
La musique (on ne sait pas vraiment qui inspire qui ici) est un parfait compagnie à cet état de rêverie éveillée. Produit durant le premier confinement de la Covid 19, le groupe s'est concentré sur des samples de leur production 90's, tout comme d'autres artistes (Natalie Imbruglia, par exemple). La voix de Sarah Cracknell, assez éthérée et discrète, renforce ce sentiment de nostalgie immersive.
La film s'achève et j'étais dans un état où je ne savais pas vraiment si j'avais aimé ou pas l'exercice. Deux jours après, je pense que oui, car il reste des images et un rythme obsédant. C'est clairement différent, pas pour tous les gouts. beaucoup ont trouvé cela très agaçant, en lisant quelques commentaire. Mais bon comme je pense que je serai le seul à l'avoir vu, spagrave
film annonce:
Vu sur le Blu ray de chez BFI, de qualité médiane. Comme le film a été tourné sur plusieurs supports (video, HD, super8, etc.), c'est parfois déstabilisant.
Interview du real et d'un des membres du goure qui a produit directement
plusieurs clips inédits du groupe, qui se trouvent uniquement sur cette galette.