Au cinéma, cette semaine du 10 avril 2024 ? On penchera plutôt pour celle du 22 mai CQFDdario carpenter a écrit : ↑mer. avr. 10, 2024 12:55 pmNouvelle adaptation du livre de Romain Gary qui a inspiré le film tétanisant de Fuller...CHIEN BLANC au cinéma cette semaine:
https://www.allocine.fr/film/fichefilm_ ... 88970.html
Chien blanc - Anaïs Barbeau-Lavalette (2022)
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Chien blanc - Anaïs Barbeau-Lavalette (2022)
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Re: Chien blanc - Anaïs Barbeau-Lavalette (2022)
Curieux de voir ce film débouler en France avec tant de retard.
Il s'agit d'un film de 2022, sorti au Canada cette année-là et depuis disponible sur Prime Vidéo USA.
Le film n'a bien évidemment pas grand chose à voir avec le WHITE DOG de Fuller, puisqu'il fait le choix d'adapter "fidèlement" le roman de Romain Gary.
Pour rappel, le Fuller ne gardait finalement pas grand chose du roman. Seulement le concept (réel et historique) d'un chien dressé pour tuer des noirs. Ca faisait un excellent métrage de fiction, puissant et poignant, mais ça passait totalement à côté du roman.
Le Roman, lui, était en grande partie auto-biographique et se consacrait à 90% à un pan de l'histoire des Etats-Unis. Plus particulièrement la tranche d'histoire se situant juste après l'assassinat de Martin Luther King. Le "chien blanc" n'y apparaissait que comme un fil rouge, un symbole ou une métaphore de ce que vivaient les hommes aux Etats-Unis durant cette période trouble. Le roman était dense, complexe, et nécessitait une bonne connaissance du contexte et des faits pour être apprécié à sa juste valeur.
CHIEN BLANC par Anaïs Barbeau-Lavalette est donc bien une adaptation du roman. Ce qui veut dire que malgré le titre, le chien n'est pas du tout le sujet. Il apparait de manière récurrente, mais le film suit essentiellement Romain Gary, incarné par Denis Ménochet. Un homme blanc très impliqué auprès de la communauté africaine-américaine, marié à une actrice hollywoodienne encore plus impliquée. Entre drames, émeutes, horreurs, et racisme, le couple est consumé par deux visions différentes, parfois opposées. Gary porte en lui la longue expérience d'une vie faite de guerre, de drames, de morts, de choix politiques et de médiations douloureuses. C'est un homme blasé, déçu, désabusé. Son épouse garde en elle une vision très hollywoodienne, très américaine, à la fois noble et naïvement idéaliste / combative.
Outre le déchirement du couple, on suit les errements de Gary, sa "fuite" à Paris, en mai 68. Une manière pour lui de prendre du recul sur la violence du conflit américain, mais aussi de son foyer.
Le final est sublime, terrible, là encore fidèle à celui du roman. Ce qui, on ne va pas se mentir, est particulièrement couillu et porte parfaitement le regard de Gary sur l'Amérique en particulier, et l'être humain plus globalement.
Au final, nous avons là un film assez complexe, qui reprend les qualités du roman mais aussi ses défauts, ses errances, son caractère auto-biographique qui l'ancre dans la réalité mais le rend aussi brouillon dans ses ambitions. Ceux qui veulent voir une nouvelle version du Fuller peuvent passer leur chemin, ça n'a strictement rien à voir. Ceux qui veulent une adaptation simplifiée, mais forte, du roman peuvent foncer. Malgré quelques errances et quelques raccourcis, ce CHIEN BLANC est un beau film.
Il s'agit d'un film de 2022, sorti au Canada cette année-là et depuis disponible sur Prime Vidéo USA.
Le film n'a bien évidemment pas grand chose à voir avec le WHITE DOG de Fuller, puisqu'il fait le choix d'adapter "fidèlement" le roman de Romain Gary.
Pour rappel, le Fuller ne gardait finalement pas grand chose du roman. Seulement le concept (réel et historique) d'un chien dressé pour tuer des noirs. Ca faisait un excellent métrage de fiction, puissant et poignant, mais ça passait totalement à côté du roman.
Le Roman, lui, était en grande partie auto-biographique et se consacrait à 90% à un pan de l'histoire des Etats-Unis. Plus particulièrement la tranche d'histoire se situant juste après l'assassinat de Martin Luther King. Le "chien blanc" n'y apparaissait que comme un fil rouge, un symbole ou une métaphore de ce que vivaient les hommes aux Etats-Unis durant cette période trouble. Le roman était dense, complexe, et nécessitait une bonne connaissance du contexte et des faits pour être apprécié à sa juste valeur.
CHIEN BLANC par Anaïs Barbeau-Lavalette est donc bien une adaptation du roman. Ce qui veut dire que malgré le titre, le chien n'est pas du tout le sujet. Il apparait de manière récurrente, mais le film suit essentiellement Romain Gary, incarné par Denis Ménochet. Un homme blanc très impliqué auprès de la communauté africaine-américaine, marié à une actrice hollywoodienne encore plus impliquée. Entre drames, émeutes, horreurs, et racisme, le couple est consumé par deux visions différentes, parfois opposées. Gary porte en lui la longue expérience d'une vie faite de guerre, de drames, de morts, de choix politiques et de médiations douloureuses. C'est un homme blasé, déçu, désabusé. Son épouse garde en elle une vision très hollywoodienne, très américaine, à la fois noble et naïvement idéaliste / combative.
Outre le déchirement du couple, on suit les errements de Gary, sa "fuite" à Paris, en mai 68. Une manière pour lui de prendre du recul sur la violence du conflit américain, mais aussi de son foyer.
Le final est sublime, terrible, là encore fidèle à celui du roman. Ce qui, on ne va pas se mentir, est particulièrement couillu et porte parfaitement le regard de Gary sur l'Amérique en particulier, et l'être humain plus globalement.
Au final, nous avons là un film assez complexe, qui reprend les qualités du roman mais aussi ses défauts, ses errances, son caractère auto-biographique qui l'ancre dans la réalité mais le rend aussi brouillon dans ses ambitions. Ceux qui veulent voir une nouvelle version du Fuller peuvent passer leur chemin, ça n'a strictement rien à voir. Ceux qui veulent une adaptation simplifiée, mais forte, du roman peuvent foncer. Malgré quelques errances et quelques raccourcis, ce CHIEN BLANC est un beau film.