Piège Pour Cendrillon - André Cayatte (1965)

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Superwonderscope
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Piège Pour Cendrillon - André Cayatte (1965)

Message par Superwonderscope »

Do (Dany Carrel) se réveille amnésique et brulée suite à l'incendie d'une maison. Elle remonte à la trace son passé et comprend que sa cousine Mi (Dany carrel) est morte dans l'incendie et qu'elle est en passe d'hériter d'une gigantesque fortune de sa tante. Sa nourrice (Madeleine Robinson) ne croit qu'à moitié son apparente amnésie, bien qu'elle ait accepté de donner de sa peau pour la greffe du visage.

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Cayatte et jean Anouilh adaptent un roman de Sébastien Japrisot sur la base de la bonne vieille amnésie. Un noir et blanc élégant, parfois austère et qui joue énormément sur les jeux d'ombres et de lumière. De beaux effets de caméra (la plan du début, positionné à la place de la tete de Do, qui bouge face au médecin afin de nouer un dialogue, entre autres). et une splendide photographie. Connaissant le travail de Cayatte, c'en est surprenant.

Hormis l'intrigue qui se noue (et se dénoue) autour de l'apparente gémellité des deux cousines, Cayatte semble port" sur les rapports de classe. Do est très fortunée, Mi travaille dans un garage. et la fascination du monde bourgeois, de la richesse se solde par des violences verbales et physiques entre chacun. Tout pour pointer des injustices de classe sociale.

Cayatte reste sur la notion de quête d'identité, un peu comme Oedipe. Ca part comme un thriller, pour dévier quelque peu sur un regard de la nature humaine. les deux cousines, véritables stéréotypes (et miroir inversé) d'une seule et même femme. Inattendu pour cet homme mis au pilori par la Nouvelle vague de le voir se diriger vers une voie aussi casse-gueule

je suis assez étonné de la prestation de Dany Carrel dans son triple role. Elle y est franchement émouvante, fragile dans la victime émergeant (ou pas) de son amnésie et se rendant compte d'où elle vient véritablement. Tout autant avec les deux personnages de Do et Mi (qui rappellent par ailleurs étrangement la dynamique de Juillet en Septembre, par ailleurs), diamétralement opposés. Socialement, physiquement, mentalement. Mais aussi manipulatrices l'une que l'autre. En fait, un thèmerécurrent chez Japrisot : la femme à la fois victime et bourreau (l'Ete Meurtier ou même Un Long Dimanche de fiançailles) - il est de ce fait intéressant de constater que Cayatte s'est rapproché de Jean Anouilh, l'auteur d'Antigone - une pièce de théâtre reflétant les notions de révolte et de pouvoir.

Egalement étonnant, un érotisme estival généreux de la part sa part, elle y est fréquemment exposée seins nus, alanguie, vouant créer excitation et troubles chez l'autre. Très provocateur mais, bizarrement peu gratuit car très en phase avec la psychologie du personnage.

Très en phase avec le milieu des années 60, le noeud de l'intrigue est à la base d'une bonne vieille lesbienne prédatrice quarantenaire (Madeleine Robinson, à qui Capucine dans Delirum ressemble énormément!) qui elle aussi a sa dose de manipulation sous l'escarpin.

On est dans du post-Diaboliques qui est formellement autre. Plus basé sur le suspense propre (ici, il existe mais ce n'est pas le sujet central), et qui fonctionne peut être mieux sur ce plan. Cayatte s'inspire aussi de la modernité hitchcockienne. Un film imparfait, certes, mais singulier et hors normes pour Cayatte, voire même pour cette décade.

Vu sur la chaine Gaumont dans une copie assez agréable, mais avec des défauts sonores parfois gênants.

737 289 entrées en France.

film annonce pour la ressortie:

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