Biographie de Howard Robard Hughes (1905 - 1976)
Le destin de Howard Hugues échappe à toute crédibilité. Commencé la veille de Noël un 24 décembre 1905 - il s’achève le 2 avril 1976 au lendemain d’un poisson d’avril. Howard Hugues a dix-huit ans lorsqu’il hérite de la fortune de son père. Il est grand, beau, intelligent et… très timide. Mais lorsque sa mère adorée, et ultra-possessive disparaîtra en 1921, H.H. possède la panoplie de toutes les maladies psychosomatiques. Il est aussi atteint d’une forme de surdité inconnue, qui renforce son sentiment de solitude, déjà lourde. Son goût du bricolage s’est déjà affirmé. A onze ans, il invente une bicyclette à moteur, un système d’interphone et un appareil de radio sans fil à la faveur duquel il communique avec les navires de passage. Ce n’est que plus tard qu’il découvrit les avions et les hydravions et, avec son oncle Rupert, scénariste à Hollywood, le monde enchanteur du cinéma et celui de ses starlettes. Il ne le savait peut-être pas, mais il venait de trouver les deux grandes passions de sa vie. Il n’a pas vingt-cinq ans et déclare à qui veut l’entendre: “Je veux être le plus grand aviateur du monde, le plus grand producteur de cinéma du monde, l’homme le plus riche du monde…" Et cela il oubliait de le dire, séduire les plus belles femmes de la planète. Tous ces objectifs il va les atteindre grâce à une énergie prodigieuse, à son immense fortune et… en utilisant des méthodes peu orthodoxes, tantôt extravagantes, tantôt déplaisantes. Les femmes par exemple, il lui faut les conquérir toutes: Cyd Charisse, Joan Crawford, Bette Davies, Olivia de Havilland, Joan Fontaine, Ava Gardner, Rita Hayworth, Katharine Hepburn, Janet Leigh, Jane Russel, Elizabeth Taylor, Gene Tierney, Lana Turner pour ne citer que les plus connues.
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Les séduire par tous les moyens, les plus romantiques comme les plus choquants. A aucun moment, il ne fait de différence entre une femme, un avion ou un film. Une chose seule compte: réaliser ses fantasmes. Hugues veut mettre en scène le plus grand film sur les pilotes de la Grande Guerre? Il dépense des millions de dollars et embauche une inconnue nommée Jean Harlow. Il lui faut trois ans pour réaliser “Les Anges de l’Enfer” et utiliser 40 kms de pellicule. Le 30 juin 1930, son film fait un triomphe. Jean Harlow devient une star et Hollywood lui ouvre les bras alors que Howard les lui avait déjà ouverts! Hugues veut prouver qu’il est le meilleur pilote du monde depuis Lindbergh et il essaie lui-même les prototypes de la Hugues Aircraft. Pour un tour du monde à bord de son Lockhed Lodestar, il veut à tout prix traverser l’Allemagne nazie. Hitler refuse et Hugues passe quand même et New-York l'accueille en héros. Il veut devenir le nouveau nabab de Hollywood: vingt ans après le succès de “Scarface” avec Paul Muni, il s’offre la RKO! Veut-il être le pilote du siècle? Il fait main basse sur la TWA. Bon patriote, il se lance dans l’espionnage et signe avec la CIA un contrat de sept milliards de dollars en échange de ses missiles et de ses gadgets électroniques sophistiqués. C’est alors que Truman dira: “Howard est la cheville ouvrière humaine de la défense aérienne de l’Amérique”. Cette volonté de fer, cette puissance de travail lors du commun qui lui permettent de vaincre et de s’imposer sur tous les fronts… vont pourtant le lâcher le jour où mental et physique commenceront à s’effondrer. De 1929 à sa mort, il ne totalise pas moins de quatorze blessures graves à la tête. Son squelette et son système nerveux sont traumatisés. La folie s’approche à petits pas. Un jour, la maladie le pousse à brûler tous ses vêtements. Le Pentagone, qui le fait surveiller, reçoit des rapports accablants. “Mr Hugues est devenu un individu paranoïaque, vindicatif, perturbé…" Lorsque Hugues découvre ces rapports par ses propres services d'espionnage, il devient fou de rage. Il voit des espions et des traîtres partout. Ses entreprises périclitent… Hugues disparaît. Il se cloître dans son bunker de Beverly Hills où il passe le temps à regarder des films. Au bout de plusieurs mois de prostration; il sort de sa tannière et se tourne vers Las Vegas. Il lui reste dix ans à vivre! Ce sera largement suffisant pour bâtir un fabuleux empire immobilier - qu’il dirige à distance. Il ose tout. Il écrit à Lindon Johnson de déplacer les essais nucléaires de "son Névada”. Son pouvoir est tel que Richard Nixon, que Hugues appelle “mon homme”, dira “c'est l’homme le plus puissant du monde”. Mais on ne pactise pas impunément avec le démon. Des rapports Hugues / clan Kennedy, Hugues / Mafia et Hugues / Pègre on ne sait trop rien. En revanche on connaît par le menu l'invraisemblable réseau de nids d’amour installés dans toute la Californie par un Hugues vieillissant obsédé par “la chasse aux filles”. Des bataillons d’anonymes, prêtes à tout pour signer un contrat sont blanchies, logées, nourries et surveillées par les nervis du milliardaire. En bon Pygmalion, il édicte à leur intention toutes sortes de règles délirantes… Mais Hugues déjà souffre physiquement et mentalement. Un médecin incompétent ou malintentionné a remplacé la morphine par la codéine! Car, Hugues s’étant toqué de la secte des Mormons est désormais à la merci, de sa nouvelle garde prétorienne exclusivement composée de Mormons. Salaires faramineux, récupérations de villas en Floride, dons princiers en espèces et sous toute autre forme… les Mormons raflent tout ce qu’ils peuvent. Et, un jour, lassés de côtoyer ce vieillard qui ne sort plus et vit nu, sale, les ongles démésurément longs, qui souffre d’insuffisance rénale, de malnutrition, d’une syphilis tertiaire ayant endommagé le cerveau - ce vieillard précoce, qui a perdu dix centimètres et ne pèse plus que quarante kilos - ce jour-là que leur reste-t-il à faire, sinon à mettre fin à ce calvaire par une injection massive de codéine? Brown et Broeske, les biographes de ce funambulesque personnage ont eu le mérite de retracer minutieusement son incroyable destin, unique de l’histoire américaine, ange et démon, précurseur génial de l'aviation moderne, nabab de Hollywood, séducteur impénitent et toujours abandonné, prestidigitateur paranoïaque des âmes et des corps, et dont la fin a pris une éclatante revanche sur sa vie en réduisant ses derniers jours à un esclavage sénile, assujetti à toutes les phobies de son enfance; un homme héroïque et naufragé à la fois et qui n’a plus eu à la fin comme refuge que ce corps torturé et douloureux qui a fini à son tour par l'abandonner!
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