[Poliziesco] La Mala Ordina / Passeport pour deux tueurs - Fernando di Leo (1972)

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Teurk le Sicaire
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Re: [Poliziesco] La Mala Ordina / Passeport pour deux tueurs - Fernando di Leo (1972)

Message par Teurk le Sicaire » jeu. mai 13, 2021 11:29 am

Suite de la Trilogie du Milieu avec La Mala Ordina/Passeport pour 2 tueurs/Italian Connection. Fernando Di Léo y met en scène à la trajectoire d'un maquereau milanais qui devient soudainement la proie des mafieux locaux et de deux tueurs envoyés par New-York. Tentant de comprendre les raisons d'une telle persécution internationale dont il ne sait rien et qui le pousse à survivre, ce voyou à la petite semaine est contraint d'effectuer sa mue de dur à cuire imprévisible.

C'est avec plaisir que l'on retrouve Mario Adorf dans le rôle principal, au jeu moins histrion que dans Milan Calibre 9 alors qu'il incarne ici un truand plus discret voire quasi-anonyme à la marge des gros poissons qui l'entrainent dans leur jeu de dupes. Pour autant, l'homme sait lâcher les chiens quand la rage le submerge, lui rendant son regard enfiévré avec une note de désespoir. En face, 2 poids lourds de la série B et pures gueules de cinéma : Henry Silva et Woody Strode en tueurs impassibles, chargés de faire le ménage dans les petits arrangements milanais. Ils nous trimballent dans les bas-fonds interlopes de la ville avec une sacrée ligne de basse en accompagnement musical, entre tapineuses italiennes vindicatives et hippies urbains défoncés vivant en communauté. L'arrière-cour des mafieux du coin est également gratinée en trognes marquées et à l'exotisme plaisant eu regard aux standards uniformisés actuels.

Passeport pour 2 tueurs est plutôt lent au démarrage et chiche en action, d'autant que l'on peut initialement se sentir un peu perdu dans ses enjeux scénaristiques volontairement confus. Mais il se rattrape par sa montée progressive en puissance, jusqu'au point d'orgue de cette course-poursuite délirante et étonnamment longue qui n'est pas sans évoquer Belmondo (Remi Julienne oblige) voire préfigurer les actioners HK. Le petit maquereau est alors inexorablement projeté dans sa fuite en avant et c'est dans une grande décharge automobile que les comptes seront définitivement soldés.

Ce second opus n'atteint certes pas la flamboyance de Milan Calibre 9 mais il demeure une série B tout-à-fait recommandable de par son ambiance, ses acteurs et ses envolées délectables. En bonus BR, l'interview de René Marx est très pertinente et fait entre autres le lien entre le duo Strode/Fonda du film et Jackson/Travolta de Pulp Fiction ; Laurent Aknin revient quant à lui sur l'évolution du cinéma bis italien au fil des âges et la place qu'y occupe le polar urbain, un genre qui parvient à dépasser la simple imitation américaine pour mieux s'en réapproprier une dimension sociale locale.

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