Graham Masterton

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picknick2000
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Graham Masterton

Message par picknick2000 » dim. févr. 19, 2006 11:26 pm

roman de 1998, "genie malefique" vient de sortir chez nous. thriller de 500 pages, les cents dernieres st bien nerveuses...comme souvent chez masterton les personnages st tres attachants...beaucoup moins violent que ces livres d'horreurs j'au qd mem bien apprecie celui la.....voila..et vous.. :wink:
chez corpses, apres l'avoir supprimer !

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Stilleben
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Message par Stilleben » jeu. févr. 23, 2006 11:46 pm

Pris mais pas encore lu ; second ouvrage de Masterton publié au Cherche Midi dans la collection d'Hélène Oswald qui, après les publications Neo, renouvelle la carte abonnement découverte Masterton, avec un pan de sa littérature peu connue dans l'hexagone, le thriller - en attendant peut-être la découverte de ces nombreux romans historiques ?
Perso, particulièrement convaincu par Condor - à quand la traduction d'Ikon et de Sacrifice ?!? - je l'ai moins été par Le Complot Sweetman et par Le Glaive de Dieu, malgré de bons passages.
Là, je suis en plein dans La Fiancée du Démon de Seabury Quinn - ah ! Jules de Grandin ! - mais sitôt fini j'embraye sur ce nouveau Masterton, avant de passer, fin mars, à Magie des flammes, 6ème volume de la série Rook originellement intitulé Darkroom, puis au troisième tome - enfin !!! - du Nécroscope de Lumley : La Source, tout ça chez Fleuve Noir. :wink:

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Message par ZeitGeist » mar. nov. 13, 2007 12:47 pm

Hello,

Je remonte ce thread. J'ai récemment lu "katie mc guire" et là je suis sur "les papillons du mal" de Masterton, dont je connais les bouquins depuis 20 ans maintenant. Pour moi ces deux sont très mauvais voire exécrables, l'histoire ne prend pas du tout, versant dans des éléments horrifiques trop voyants pour être convainquants, ou dans de l'érotisme aguicheur de bas étage pour aguicher le lecteur. Ca fait longtemps que je n'ai lu un Masterton niveau du portrait du mal, ou d'Apparition ou autre ... Qu'en pensez vous ?

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Re: genie malefique-masterton-neo

Message par ZeitGeist » jeu. avr. 17, 2008 11:05 am

Yop, j'ai lu "corbeau" que je vous déconseille fortement. L'Irlande n'a pas réussi à Graham, qui était présent au salon du livre 2008. Par contre, "Du sang pour Manitou" est carrément bon, beaucoup mieux que les médiocres "rook". Un premier bon retour ! A voir pour la suite, notamment Descendance que je lirai après "le complot sweetman".

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Re: Graham Masterton

Message par ZombiGirl » jeu. avr. 17, 2008 2:35 pm

Je change le titre du thread, c'est plus simple ;)

J'aime bien Masterton - le seul reproche que je lui ferais, c'est de persister à cultiver son tic Lovecraftien :? Ca tombe souvent dans le ridicule car trop copié-collé pour être personnel et du coup, ça n'a aucun intérêt. Et c'est dommage parce que c'est un excellent écrivain (Manitou, Le Miroir de Satan, Démences, etc.).

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Re: Graham Masterton

Message par ZeitGeist » jeu. avr. 17, 2008 3:28 pm

En fait je n'ai jamais vraiment trop compris pourquoi on le colle à Lovecraft. Masterton est beaucoup plus visuel que HPL, et les styles sont très différents. Peut-être est ce du aux différentes époques. Mais, les allusions explicites à Lovecraft ne se trouvent que dans peu de romans (Apparition, La saga des Manitou) ...

Je le lisais énormément il y a 15-20 ans, mais j'ai décroché. J'ai envie de me remettre à le lire, ayant beaucoup d'affection pour lui. Mais ses romans écrits en Irlande sont très médiocres... Il mériterait d'être beaucoup plus connu (et traduit) en France.

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Re: Graham Masterton

Message par ZombiGirl » jeu. avr. 17, 2008 5:20 pm

C'était surtout évident dans ses premières oeuvres. J'ai lu un ou deux romans et plusieurs nouvelles (désolée, je ne me souviens pas des titres :oops: et c'était en anglais) où c'était trop inspiré pour être honnête. Par contre, comme tu dis, l'Irlande ne lui a fait que du bien :shock: Ses récents bouquins sont vraiment médiocres. Je préfère James Herbert, en fait. Sans parler de Ramsey Campbell 8))

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Re: Graham Masterton

Message par vicknick2000 » jeu. avr. 17, 2008 10:09 pm

un nouveau masterton est sortis chez nous "descendance" qui date de 2006....a voir...pas encore achete pour ma part...

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Re: Graham Masterton

Message par ZeitGeist » ven. avr. 18, 2008 10:35 am

vicknick2000 a écrit :un nouveau masterton est sortis chez nous "descendance" qui date de 2006....a voir...pas encore achete pour ma part...
Yep, il est sorti il y a 1 mois ou 2. Acheté mais pas encore lu. Je termine le complot sweetman qui est plutôt médiocre...

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Re: Graham Masterton

Message par mercredi » dim. avr. 20, 2008 11:18 am

Un auteur trop inégal à mon goût. Certaines oeuvres se détachent cependant du lot comme "Démence", la trilogie du Manitou voir surtout les "portrait du mal" et "Miroir de Satan". Quant aux éventuelles influences lovecraftiennes; je les trouve plutôt bien digérées. En revanche, l'auteur s'attarde souvent inutilement sur la psychologie des personnages (monologues intérieurs souvent caricaturaux) et n'exploite pas à bon escient le pouvoir hautement suggestif de l'ellipse ou de l'acte même. Certains silences valent "davantage" qu'un flot de paroles qui, légitimes dans quelques cas (tout dépend du héros), atténuent paradoxalement ici, la vraisemblance de l'ensemble.

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Re: Graham Masterton

Message par Dagon » dim. avr. 20, 2008 12:05 pm

Moi j'avoue avoir une petite faiblesse pour Masterton, je trouve très bons Le Demon Des Morts et la série du Manitou.


ps: Il y a quelques années j'avais lu quelquepart que Masterton et Koontz étaient la même personne , un peu comme King et Bachman.J'ai donc pendant un moment cru à cette histoire...

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Re: Graham Masterton

Message par ZeitGeist » mar. avr. 22, 2008 11:21 am

Dagon a écrit :ps: Il y a quelques années j'avais lu quelquepart que Masterton et Koontz étaient la même personne , un peu comme King et Bachman.J'ai donc pendant un moment cru à cette histoire...
Tu as confondu. En fait Masterton écrivait bien des bouquins sous un autre nom : Alain Blackwood. Mais il a avoué que c'était lui.

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Re: Graham Masterton

Message par ZeitGeist » mar. avr. 22, 2008 11:23 am

Comme j'en ai lu pas mal je me permets de poster ici une bibliographie de ce qui existe en français, mon commentaire pour chaque. Si vous le voulez je peux en détailler plus :-D

Première époque : les balbutiements.

Manitou / AKA Le faiseur d'épouvantes (1975) : La réincarnation d'un sorcier indien. Un bon premier roman. Idéal pour commencer à s'initier à Masterton, on trouve déjà pas mal de sujets qui ornent le style Masterton : humour, description, ambiance pesante mixée horreur/sexe 7/10.

Version film : Assez sympa, mais on voit déjà que le style visuel/ambiance de Masterton est difficile à adapter. 6/10

Le djinn (1977) : Une potiche hantée. J'aime bien celui-ci mais globalement l'ambiance est moins réussie que le premier. 6/10

Le sphinx (1978) : Un homme tombe amoureux d'une femme mystérieuse. Lu une fois. De mauvais souvenirs. Des personnages qui ne prennent pas. Plutôt médiocre. 3/10

La maison de chair (1978) : Une maison cache un démon. Un premier bouquin qui commence doucement à aller dans le délire. 6/10.

Le jour J du jugement (1978) : Un démon cherche à regrouper ses potes. J'ai beaucoup d'affection pour celui-ci. La première partie se passe en France. 7/10

Le complot Sweetman (1979) : Des gens apparemment sans liens sont assassinés. Un thriller qui ne prend pas du tout. Des personnages inattachants. Il ne se passe pas grand chose. 2/10

La vengeance du Manitou (1979) : Le retour de Manitou. Dit en dessous du premier, je trouve que celui-ci va plus loin. L'ambiance est très travaillée. Masterton commence à trouver un style très graphique en plus de son ambiance habituelle. 7/10.

Le trône de Satan (1981) : Le titre parle tout seul. Moyen mais assez sympathique. 5/10.

Les puits de l'enfer (1981) : Cthulhu revient. Lu une fois, j'en garde un bon souvenir. 5/10.

Fin de la première époque, on passe dans ce qu'il fait de mieux maintenant : utilisation d'idées (mythologies, etc) revisitées à sa sauce, avec un délire absolument total, une très grande imagination à chaque fois.

Tengu (1983) : Une société secrète japonaise invoque des démons. On continue plus loin dans le délire. Certains passages sont haletants, beaucoup d'action, de mystère et aussi d'horreur. 8/10.

Le démon des morts (1983) : Les morts reviennent. Masterton commence vraiment à trouver son style. 8/10.

Le portrait du mal (1985) : Un portrait rend immortel, mais il y a un prix à payer. Un grand roman choc. 8/10.

Transe de mort (1986) : A Bali on peut se projeter dans l'univers des morts. Une première scène incroyablement violente et malsaine, parmi ce qu'il a écrit de plus dur. Le reste du bouquin est absolument délirant. 8/10

Les guerriers de la nuit (1986) : Des guerriers combattent des démons dans les rêves. Très délirant. 8/10.

Les rivages de la nuit (1988) : Des guerriers combattent des démons dans les rêves 2. La suite également très bonne. 8/10

Le miroir de Satan (1988) : De l'autre coté du miroir. Si vous n'en lisez qu'un, lisez celui-ci. Celà parle de l'univers du cinéma, du pouvoir des images. La fin est un peu trop cliché (Limite si Satan ne se fait pas tirer dessus au fusil à pompe). 9/10.

Rituel de chair (1988) : Secte d'antropophages. Ce qu'il a écrit de plus dur. La scène finale est absolument ragoutante, celà vous donnera de hauts le coeurs. Je vous déconseille de commencer par celui-ci. 8/10.

Démences (1989) : Entrez dans les murs. Un roman très fort et très ésotérique. Plein d'imagination. 9/10.

Le maître des mensonges (1991) : Lu une fois je ne m'en souviens pas des masses ... 7/10.

La nuit des salamandres (1991) : L'immortalité grâce au feu. Un de mes préférés. 8/10

Le fléau de la nuit (1991) : Des guerriers combattent des démons dans les rêves 3. Le moins bon de la série. 7/10

L'ombre du Manitou (1991) : Manitou revient. Très bon, bonne ambiance. 8/10.

Apparition (1992) : La maison de la sorcière façon Masterton. J'ai commencé par celui-là et il m'a donné le gout de lire tous les autres donc mon avis n'est pas objectif. 10/10.

The sleepless (1993) : Une société secrète de gens qui ne dorment pas. Sympa et mystérieux. 7/10

Sang impur (1994) : Le début de la fin pour moi. Trop de mélanges d'histoires sans réel but. 6/10.

Hel (1995) : Revenir grâce aux personnages des livres. Bons souvenirs 7/10.

Valhalla (1995) : Maison hantée. Très bonne ambiance mais l'histoire a du mal à démarrer. 6/10.

Les escales du cauchemar (1995) : Receuil de nouvelles. Décevant. 5/10.

Les visages du cauchemar (1996) : Receuil de nouvelles. Nettement mieux que le précédent. 7/10.

Fin de la seconde époque, début de la troisième. On rentre dans des bouquins médiocres à mon avis, écrits sans passion.

Rook 1-2-3-4-5-6 (Sortis en France sous le titre 'magie de ...') : Un professeur médium. Bof. Moins délire que ses autres bouquins. Plus orienté teenagers. 5/10.

L'enfant de la nuit (1996) : Lu une fois je ne m'en souviens plus du tout. 6/10.

Les papillons du mal (2001) : Incroyable de médiocrité. Des personnages vides. Répétitions de scènes sans aucune passion. Pas le pire Masterton, mais pas loin. A éviter. 2/10.

Katie Maguire (2002) : Enquête en Irlande. On relève légèrement le niveau. Mais ça ne prend pas, la fin est nulle et peu crédible. 4/10.

Corbeau (2004) : Une sourde. Nul. Le pire Masterton, à éviter. Mal écrit, et rempli de scène où la sourde écoute de la musique, répond au téléphone, entend des cris dehors. Comme si il avait tout ré-écrit en essayant de trouver quelque chose à dire. 0.5/10

Le sang du Manitou (2005) : Un bon retour du Manitou ! Mais il n'apparait que vers les 3/4 du livre pour se faire later rapidement. A voir si Masterton revient à son style de prédilection, mais ce bouquin est le meilleur de sa troisième période. 6/10

En France sont parus aussi (que j'ai, mais pas encore lu) :

La mort noire (1977) : Assez bon ?
Famine (1981) : Idem ?
Le diamant de Kimberley (1982) : Le seul Masterton français qui ne soit ni un thriller, ni fantastique.
Condor (1984) : Assez bon ?
Génie maléfique (1998) : Assez bon ?
Les gardiens de la porte (2001) : Assez bon ?
Le diable en gris (2004) : Assez bon ?
Le glaive de dieu (2005) : Médiocre ?
Descendance (2006) : Aucune info.

----

Quelques couvertures anglophones qui rappeleront des souvenirs à ceux qui ont lu ces livres...

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Re: Graham Masterton

Message par niko13 » mar. avr. 22, 2008 11:39 am

Wow ! Merci pour les conseils de lecture !! :wink:
What the fuck did I do ?

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Re: Graham Masterton

Message par Stilleben » mar. avr. 22, 2008 11:16 pm

Petite critique des Gardiens de la porte :


Après s’être longuement attardé dans ses récits sur le territoire américain, Masterton nous revient avec un roman hommage à sa terre patrie, l’Angleterre, nous entraînant à sa suite dans les rues ténébreuses d’un Londres où, semble-t-il, sévit un tueur en série mutilant ses victimes à la façon d’un Jack l’Eventreur.
Josh Winward, vétérinaire américain capable d’empathie avec les animaux, reçoit un jour un appel de la police londonienne : le cadavre de sa sœur Julia vient d’être retrouvé flottant sur la Tamise. Le jeune homme et sa compagne Nancy se rendent sur place pour identifier le corps et apprennent que d’autres jeunes femmes ont subi le même sort. Tandis que la police piétine, Josh est amené par le hasard de rencontres étranges à accumuler de nouveaux indices qui le mettent bientôt sur la piste de mondes parallèles…

« Il y a six portes dans la ville de Londres.
Il y a également six portes à Londres.
Mais qui sait à quel côté elles font face ?
Et qui sait quelle est la vraie face ? »

C’est sur cette comptine traditionnelle anglaise devenue véritable invocation que s’échafaude le roman de Masterton qui retrouve ici un de ses thèmes de prédilection (il s’agit là de son « exploration incessante du concept selon lequel il existerait des mondes à l’intérieur d’autres mondes », Phénix 50, p.74.), à savoir les voyages interdimensionnels déjà ébauché dans le final très pictural du Portrait du mal, puis dans des romans comme Transe de mort, Apparition, Walhalla, dans la nouvelle « Le Pays au fond du lit » et plus récemment dans « Voisins d’enfer » .
Le personnage de Josh Winward, bien construit, n’aura de cesse d’étonner le lecteur par ses dons d’empathie avec les animaux, ce qui le place, avec Jim Rook, parmi les personnages d’exception créés par l’auteur.
Comme à l’accoutumée, Masterton, pour consolider son ouvrage, a recours à la mythologie (ici, l’apparition matérielle d’ectoplasme succédant à une séance de spiritisme (chap. 9) rapprochée des tulpa tibétains, p.379), aux références aux livres, notamment à Goosey Goosey Gander & autres comptines (p.97), et à l’Histoire (l’épisode celte présentant la reine Boudicca/Boadicée, pp.380-381), avec une mention spéciale pour cette dernière puisqu’il nous offre autant de versions parallèles de l’histoire de Londres et du Royaume-Uni que de dimensions traversées par le personnage principal de l’histoire : trois Londres alternatifs nous sont ainsi décrits : l’un pollué, dirigé par le Commonwealth, traversé de zeppelins et qui semble figé dans les années 30 ; un autre vivant sous les bombardements de 39-45, à cette différence près que les Alliés ne sont pas ceux qu’on croit ; enfin un troisième, beaucoup plus serein, où flotte l’arôme des épices, où l’Inde a conquis la Grande-Bretagne… On apprend également à la lecture des Gardiens de la porte que les Cagoulés, sortes d’Inquisiteurs, qui font régner la terreur dans les différentes dimensions de Londres, sont à l’origine du jeu de colin-maillard (p.263).
Les Cagoulés, justement, nous offrent une autre thématique du roman, celle de l’extrémisme du pouvoir religieux. Le lecteur ne pourra que frémir lors de l’apparition tonitruante de ces sombres personnages : « Tous portaient de grands chapeaux noirs et des pèlerines noires qui traînaient sur le trottoirs. Ils tenaient des épées tirées, que Josh voyait étinceler dans la lumière du jour grisâtre. Leurs visages semblaient gris, également, puis Josh se rendit compte qu’ils portaient des cagoules… des cagoules où étaient peints d’énormes yeux noirs. » (p.167) Ils font régner l’ordre par la terreur religieuse et font croire à la population que les portes qui mènent aux Londres parallèles donnent sur le Purgatoire, enseignement délivré aux enfants dès l’école, par la lecture du Livre de la Vérité racontée aux enfants. Point besoin d’en dire plus.
Les lecteurs qui connaissent bien Masterton auront la surprise d’un clin d’œil de l’auteur, une private joke : « La pluie torrentielle avait obligé un marchand de tourtes, « Eric la Tourte », à mettre une bâche mouillée sur sa voiture à bras […]. » (p.240) Le lecteur ne voyage donc pas uniquement à travers les dimensions parallèles du Londres mastertonien, mais également à travers les fictions de l’auteur : « Eric the Pie » (1991), « Eric la Tourte » traduit par Grégoire Dannereau et publié en encart dans Science-Fiction Magazine n°6 (novembre 1999).
Si le roman s’ouvre sur un chapitre choc tel que dans Tengu ou Transe de mort – une marque de fabrique de l’auteur –, on notera tout de même des changements significatifs dans l’écriture mastertonienne, changements qui seront encore plus radicaux avec Les Papillons du mal (2001) : les chapitres se raccourcissent et le texte à l’intérieur même du chapitre se voit fragmenté, l’auteur créant un effet de suspens qui va croissant jusqu’au climax, à la fin de certains des chapitres. Peut-être influencé par le cycle Rook adressé aux adolescents et entamé avec Magie vaudou, le roman délaisse l’érotisme et la débauche graphique de l’horreur (même si vous vous souviendrez longtemps du supplice de la Harpe sacrée, chap.19) qui teintent habituellement la production de l’auteur visant le public adulte (Le Portrait du mal, Sang impur).
Comme on aura pu le constater, sont donc réunis ici tous les ingrédients qui font les meilleurs textes de notre auteur.

Graham Masterton : Les Gardiens de la porte, traduit par François Truchaud, Pocket Terreur n°9283, 448 pages (édition de référence de l'article).

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