lectures devildeadiennes
Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team
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Le soleil réapparaît enfin pour drainer dans sa course maintes vacanciers désireux de parfaire bronzage, décoloration capillaire et autres photosynthèses au bord de la mer, à la campagne, dans les jardins publics ou terrasses parisiennes. D’une main indolente, nous nous emparons de ce qui demeure l’élément incontournable des dits lieux: un bon bouquin.
Ce dernier fait ici l’objet d’un petit poste qui, au regard de la densité du sujet, se contente d’évoquer le genre “fantastique” en soumettant la taxinomie à quelques personnalités représentatives du forum.
La misanthropie de Mr Arioch devrait justifier l’acquisition du très beau “Sortilèges” de Michel de Ghelderode. Les diverses nouvelles composant le recueil illustrent la richesse d’un fantastique belge malheureusement méconnu ici (d’autant plus depuis que la coll. “Épouvante” de Marabout s’est éteinte). Statue animée, rencontre avec le Diable, métempsycose et jardins maléfiques; des thèmes a priori classiques, réévalués par la plume fiévreuse d’un auteur dont le pessimisme légendaire explique la noirceur d’images malsaines, angoissantes et parfois extrêmement gores. Le baroque outrancier de ces tableaux “grotesques” parvient à intégrer l’atmosphère délétère de mondes “post décadents” dont l’érotisme vénéneux et la mélancolie rappellent ceux des “Nouvelles Histoires extraordinaires”, voire “A Rebours”. On pense à Bosch, Bruegel, Ensor, aux écrits de Lautréamont et souvent (rétrospectivement) à Jean Ray. La nouvelle intitulée “Sortilèges” devrait faire croasser d’enthousiasme Mr Draven lequel fera suivre cette sulfureuse histoire d’orgie urbaine, de celles, non moins perverses, écrites par Catulle Mendès, Camille Mauclair et surtout Rachilde (“Les Hors Nature”). Plonger au sein des “paradis artificiels” dépeints par la littérature fin-de-siècle française revient à revenir aux sources du Mal originel, celui qui, de travestissements en mascarades, consacre l’inéluctable masochisme d’une société (civilisation diront certains) à l’agonie. L’égocentrisme prégnant de ces ouvrages fera peut-être sourire DPG dont le cynisme trouvera chez l’américain Bret Easton Ellis une expression littéraire plus adéquate. Dissection (réelle et symbolique) de l’âme humaine dans ce qu’elle possède de plus sombre et plus absurde, voilà l’objectif (atteint) d’”American Psycho”, “Zombies” ou “Lunar Park”. Lorsque l’introspection révèle les vices (plus ou moins) cachés du monde contemporain, on rit... jaune. La virulence du propos plaira de même à Superfly que j’imagine se délecter de “L’Herbe rouge” ou “L’arrache-coeur”. Pour Boris Vian, la transgression s’affirme au sein d’une apparente légèreté de ton pour mieux confondre certaines de nos valeurs fondamentales. Une foire aux vieux, des enfants-oiseaux enfermés, une mère castratrice: extrêmement drôle et angoissant, à lire absolument. Tout comme les “Livres de sang” de Clive Barker qui raviront Defest en proposant une “cruauté” plus ostensible et réaliste. Tandis qu’Allan Theo compulsera “Les Figures de style” par Catherine Fromilhague, ZombiGirl, Infernalia et Riton arpenteront les librairies en quête de nouveautés: quelques titres des excellentes éditions de L’Oxymore (dont “Dérobade” de Jess Kaan) ou Nuit d’Avril (ceux de Sire Cédric restent mes préférés), la réédition des “Manitou(s)” de Masterton ou le superbe “Un choeur d’enfants maudits” de Tom Piccirilli (mon gros coup de coeur de l’année)... maigre butin, heureusement compensé par la mise sur les rayons d’occasions bien alléchantes. La collection Néo procurera ainsi de délicieuses nuits blanches avec “Le Tambour d’angoisse” (B. R. Bruss), “l’Oeil et le doigt” (Donald Wandrei), “Les Proies de l’ombre” (Charles L. Grant) et les célèbres “Vierges de satan” (Dennis Wheatley), titres, à ce jour, jamais réédités! Pas besoin de livre, en revanche, pour maintenir éveillé Madxav dont la naissance d’un deuxième bambin illustre un optimisme fort salutaire en l’avenir. Mélancolie, humour et humanisme, tels sont les thèmes majeurs des nouvelles de Matheson, Robert Silverberg et Walter Tevis. Muni de trois ou quatre paquets de cigarettes, Dragonball accompagnera Alice “De l’autre côté du miroir” (Lewis Carroll), expérience qui fut traumatisante pour moi. À cela s’ajoutent “Les contes des mille et une nuits” qui ponctueront les films visionnés lors des fameuses soirées du lundi.
Ce dernier fait ici l’objet d’un petit poste qui, au regard de la densité du sujet, se contente d’évoquer le genre “fantastique” en soumettant la taxinomie à quelques personnalités représentatives du forum.
La misanthropie de Mr Arioch devrait justifier l’acquisition du très beau “Sortilèges” de Michel de Ghelderode. Les diverses nouvelles composant le recueil illustrent la richesse d’un fantastique belge malheureusement méconnu ici (d’autant plus depuis que la coll. “Épouvante” de Marabout s’est éteinte). Statue animée, rencontre avec le Diable, métempsycose et jardins maléfiques; des thèmes a priori classiques, réévalués par la plume fiévreuse d’un auteur dont le pessimisme légendaire explique la noirceur d’images malsaines, angoissantes et parfois extrêmement gores. Le baroque outrancier de ces tableaux “grotesques” parvient à intégrer l’atmosphère délétère de mondes “post décadents” dont l’érotisme vénéneux et la mélancolie rappellent ceux des “Nouvelles Histoires extraordinaires”, voire “A Rebours”. On pense à Bosch, Bruegel, Ensor, aux écrits de Lautréamont et souvent (rétrospectivement) à Jean Ray. La nouvelle intitulée “Sortilèges” devrait faire croasser d’enthousiasme Mr Draven lequel fera suivre cette sulfureuse histoire d’orgie urbaine, de celles, non moins perverses, écrites par Catulle Mendès, Camille Mauclair et surtout Rachilde (“Les Hors Nature”). Plonger au sein des “paradis artificiels” dépeints par la littérature fin-de-siècle française revient à revenir aux sources du Mal originel, celui qui, de travestissements en mascarades, consacre l’inéluctable masochisme d’une société (civilisation diront certains) à l’agonie. L’égocentrisme prégnant de ces ouvrages fera peut-être sourire DPG dont le cynisme trouvera chez l’américain Bret Easton Ellis une expression littéraire plus adéquate. Dissection (réelle et symbolique) de l’âme humaine dans ce qu’elle possède de plus sombre et plus absurde, voilà l’objectif (atteint) d’”American Psycho”, “Zombies” ou “Lunar Park”. Lorsque l’introspection révèle les vices (plus ou moins) cachés du monde contemporain, on rit... jaune. La virulence du propos plaira de même à Superfly que j’imagine se délecter de “L’Herbe rouge” ou “L’arrache-coeur”. Pour Boris Vian, la transgression s’affirme au sein d’une apparente légèreté de ton pour mieux confondre certaines de nos valeurs fondamentales. Une foire aux vieux, des enfants-oiseaux enfermés, une mère castratrice: extrêmement drôle et angoissant, à lire absolument. Tout comme les “Livres de sang” de Clive Barker qui raviront Defest en proposant une “cruauté” plus ostensible et réaliste. Tandis qu’Allan Theo compulsera “Les Figures de style” par Catherine Fromilhague, ZombiGirl, Infernalia et Riton arpenteront les librairies en quête de nouveautés: quelques titres des excellentes éditions de L’Oxymore (dont “Dérobade” de Jess Kaan) ou Nuit d’Avril (ceux de Sire Cédric restent mes préférés), la réédition des “Manitou(s)” de Masterton ou le superbe “Un choeur d’enfants maudits” de Tom Piccirilli (mon gros coup de coeur de l’année)... maigre butin, heureusement compensé par la mise sur les rayons d’occasions bien alléchantes. La collection Néo procurera ainsi de délicieuses nuits blanches avec “Le Tambour d’angoisse” (B. R. Bruss), “l’Oeil et le doigt” (Donald Wandrei), “Les Proies de l’ombre” (Charles L. Grant) et les célèbres “Vierges de satan” (Dennis Wheatley), titres, à ce jour, jamais réédités! Pas besoin de livre, en revanche, pour maintenir éveillé Madxav dont la naissance d’un deuxième bambin illustre un optimisme fort salutaire en l’avenir. Mélancolie, humour et humanisme, tels sont les thèmes majeurs des nouvelles de Matheson, Robert Silverberg et Walter Tevis. Muni de trois ou quatre paquets de cigarettes, Dragonball accompagnera Alice “De l’autre côté du miroir” (Lewis Carroll), expérience qui fut traumatisante pour moi. À cela s’ajoutent “Les contes des mille et une nuits” qui ponctueront les films visionnés lors des fameuses soirées du lundi.
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Pas besoin de livre, en revanche, pour maintenir éveillé Madxav dont la naissance d’un deuxième bambin illustre un optimisme fort salutaire en l’avenir
Je te crois plus optimiste que moi encore !
Mais sur ce coup, tu te trompes. Loupiot n°2 n'empiète en vérité pas sur mes heures de sommeil puisqu'elles sont assez peu nombreuses. Elles sont justes "ré-agencées" sous la forme "1 heure par-ci et une par-là". Un sommeil façon puzzle en somme, auquel loupiot n°1 m'avait déjà habitué...
Ce qui me laisse donc beaucoup de temps pour voir des films et dévorer le monstrueux bouquin qu voilà :
- Dragonball
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J'ai relu une nouvelle d'Arthur Schnitzler, écrivain viennois, "Traumnovelle".... qui a en fait servi de base au film Eyes wide shut de Kubrick, ... j'ai pas vu le film mais la nouvelle est tout bonnement géniale...
Les recueils de nouvelles de Schnitzler sont facilement trouvables en bibliothèques.... je vous conseille au moins de lire celle-là....
Les recueils de nouvelles de Schnitzler sont facilement trouvables en bibliothèques.... je vous conseille au moins de lire celle-là....
J'ai lu le bouquin. Fort intéressant mais j'avoue avoir eu quelques difficultés à départager le vrai du faux. Et puis, il y a un aspect "Voici" auquel je n'adhère pas toujours. De manière générale, l'ouvrage m'a tout de même ouvert les yeux sur le rôle primordial du producteur au sein de l'industrie du cinéma et notamment l'impact de ses choix (donc de sa sensibilité, de sa culture...) sur l'épanouissement (artistique) du Septième Art. À conseiller, donc.Fatalis rex a écrit :Moi je lis ça. C'est sorti en poche, et les frères Wenstein en prennent pour leur grade.
Je trouve l'oeuvre de Koontz assez inégale. L'intrigue part souvent dans tous les sens au détriment d'enjeux psychologiques réduits à leur plus simple expression. (ce n'est pas le cas dans tous les livres, évidemment) En revanche, j'adore Brussolo. Intrigues simples mais "prenantes", style lumineux et grande richesse thématique. Je suis particulièrement sensible aux personnages d'enfant (nombreux) lesquels restent aussi émouvants que ceux imaginés pas Bradbury, King ou McCammon. "Ma vie chez les morts" (remarquable histoire de zombies), "Le Château d'encre" et "Le Clan du grand crâne" m'ont (entre autres) fortement marquée.picknick2000 a écrit :pour ma part le dernier koontz"odd thomas", le dernier masterton"du dans pour manitou" le dernier brussolo etc....
Donc certaines personnes LISENT des encyclopédies. Je préfère les feuilleter. Néanmoins, tout dépend de l'agencement. Est-ce chronologique? thématique? Et puis, n'est-ce pas un peu frustrant de mesurer ses lacunes, lacunes en partie inhérentes au porte-monnaie? (les encyclopédies me donnent envie de voir trop de films).MadXav a écrit : Ce qui me laisse donc beaucoup de temps pour voir des films et dévorer le monstrueux bouquin qu voilà :
De qui parle-t-il? Un pamphlet; pourquoi pas... Pourtant, j'aurais tendance à me méfier de ce type d'ouvrage. Les auteurs veulent nous convaincre de quelque chose, quitte à jouer de "sophismes". Aussi doit-on être d'emblée muni de connaissances pour posséder le recul nécessaire.Dragonball a écrit :Pas de Lewis Carroll pour l'instant ne ce qui me concerne, mais un pamphlet de Philippe Val intitulé "Les traitres et les crétins" (
J'adore la coll. "Bouquins" (très bons choix éditoriaux)igorfx a écrit :J'ai relu une nouvelle d'Arthur Schnitzler, écrivain viennois, "Traumnovelle".... qui a en fait servi de base au film Eyes wide shut de Kubrick, ... j'ai pas vu le film mais la nouvelle est tout bonnement géniale...
Dans quel sens "géniale"? (au niveau de l'intrigue, du style, de la traduction???)
- MadXav
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Il ne s'agit pas d'une encyclopédie comme on imagine l'encyclopédie universalis ou autre (quoique). En fait, le pavé propose tout d'abord un historique très complet du cinéma de Hong Kong par genre. Kung Fu mais aussi comédie, romance et autres sont donc abordés avec quelques éléments clef, notament litteraires. L'auteur fait par ailleurs de petits encarts pertinents (ou moins) sur les cascadeurs (ou leur absence) à hong kong, l'homosexualité dans le cinéma chinois, les différentes écoles de Kung Fu etc. Ce n'est qu'après cette historique détaillé (la moitié du bouquin) que l'on aborde effectivement une partie plus encyclopédique pure avec différentes infos et filmographies. Les bios des réalisateurs suivent donc celles des grands acteurs, le box-office annuel cède la place à de nombreuses affiches en couleur etc... Bref, ce bouquin c'est une bible. Il est cependant très cher et j'ai dû attendre que ma douce me l'offre à mon anniv pour pouvoir entâmer le décorticage.Donc certaines personnes LISENT des encyclopédies. Je préfère les feuilleter. Néanmoins, tout dépend de l'agencement. Est-ce chronologique? thématique? Et puis, n'est-ce pas un peu frustrant de mesurer ses lacunes, lacunes en partie inhérentes au porte-monnaie? (les encyclopédies me donnent envie de voir trop de films).MadXav a écrit :Ce qui me laisse donc beaucoup de temps pour voir des films et dévorer le monstrueux bouquin qu voilà :
Alors effectivement, on tourne les pages et on a envie de lire différents bouquins et voir différents films pour lesquels nous n'aurons jamais le temps ni l'argent. Tant pis, je me fais du mal !